Dans l’atelier d’un livre, épisode 6 : lecture et dystopie

Publié le 22 décembre 2024 par Sheumas

Nous avons évoqué la semaine dernière le vent de liberté que peut donner la lecture à partir du moment où le choix nous en est laissé. C'est une question essentielle que j'ai mise au centre de mon roman et que j'ai dramatisée dans le contexte particulier d'une " dystopie " : ce genre particulier qu'on présente comme l'inverse de l'utopie permet d'interroger quelques-unes de nos valeurs fondamentales souvent à travers le prisme d'un futur angoissant.
À ce sujet, je vous recommande, si vous ne le connaissez pas, un livre fondateur : " Fahrenheit 451 " de Ray Bradbury. L'auteur des excellentes " Chroniques martiennes " imagine un monde où les livres sont présentés comme dangereux pour l'autorité de l'État et, de fait, ils deviennent l'ennemi multiple qu'il faut détruire par le feu.
Bradbury n'est pas le premier auteur à avoir relevé " le danger " que contiennent tous ces livres qui posent un regard intelligent et lucide sur le monde et qui invitent ainsi le lecteur à une réflexion souvent décalée par rapport à la norme ou au discours ambiant. De fait, certains dirigeants ne se gênent pas pour monter sur leurs ergots et montrer du doigt " L'horrible danger de la lecture " (titre d'un conte de Voltaire). En effet, lorsque nous ouvrons un livre, lorsque nous nous enfermons avec lui, nous laissons monter en nous un ferment nouveau et sentons germer et se développer une sorte de poil à gratter qui nous incite à sortir de nous-mêmes et du mauvais rail.
C'est donc l'une des raisons pour lesquelles j'ai souhaité situer mon histoire en 2050. Mes héroïnes étant trois lycéennes, (Chloé, Manon et Yasmine), ma réflexion passe notamment par le microcosme des collèges et des lycées. L'ancien prof que je suis revisite ce qu'il connaît et ne peut s'empêcher de poser un regard critique sur le monde de l'éducation ! Dans deux ou trois décennies, qu'adviendra-t-il de la lecture dans les établissements scolaires ? Aujourd'hui, les parents d'élèves déplorent que leurs enfants (qui, selon la plupart d'entre eux, lisaient beaucoup plus quand ils étaient petits) aient perdu le goût de la lecture, et ils reprochent son impuissance à l'institution, incapable, selon eux, de remettre de l'ordre dans la pagaille qu'ont introduite les réseaux sociaux et les smartphones.
La technologie progresse toujours plus, le numérique envahit l'espace et l'intelligence artificielle s'infiltre à tous les niveaux. Où en serons-nous en 2050 ? Et quelle place vont avoir les enseignants déjà si malmenés aujourd'hui ? Si j'ai réduit considérablement la part de la dystopie à l'intérieur de l'établissement (les fameuses 80 pages que j'évoquais dans un épisode précédent) j'ai gardé la perspective futuriste et j'examine plus largement cette société dans laquelle vivent Chloé, Manon et Yasmine et la place qu'elle accorde à la lecture après les nombreux bouleversements d'ordre moral et politique qui ont eu lieu. L'intelligence artificielle y joue un rôle non négligeable et ce sera le sujet de l'épisode 7 !
PS : des nouvelles de l'approche de mon livre ? Je commence à vous en dévoiler le contenu. Vous connaissez désormais les noms des personnages périphériques à l'histoire, vous savez aussi que le héros est un livre (j'aime bien, depuis " Dévalisée ", donner la vie aux " objets inanimés ") ; voici maintenant le titre annoncé : " Lire ou pâlir à sa vue. " Je n'en dirai pas davantage sur le sens de ce titre, car une partie du contenu s'y dévoile. La semaine prochaine, je vous en dévoile la couverture qu'avec Antoine, le graphiste des éditions Hello, nous avons créée.

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