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La gauche n'a pas tout faux

Publié le 02 septembre 2008 par Bernard Girard
En cette saison de curée sur le PS, j'ai envie de défendre, sinon ce parti qui étale ses divisions et ambitions avec tant de bonheur, du moins la gauche, qui a sans doute plus d'atouts que ne veulent bien le dire les commentateurs.
Elle dispose, d'abord, d'un vivier de dirigeants de qualité comme on en a rarement vu. Je ne suis pas sûr qu'il y ait souvent eu dans l'histoire autant de gens qui ont fait leurs preuves, qui ont montré leur capacité à gouverner qu'aujourd'hui à gauche. Cela ne durera d'ailleurs sans doute pas très longtemps : Fabius, Straus-Khan, Lang, Aubry approchent ou dépassé la soixantaine. Ils seront dans dix ans trop âgés pour prétendre aux plus hautes fonctions. Cette richesse est une raison des difficultés actuelles. Si aucun dirigeant ne se dégage, c'est qu'ils sont trop nombreux à pouvoir prétendre à la direction du parti.
Elle dispose, par ailleurs, d'un vivier d'intellectuels, économistes, sociologues qui réécrivent, brique après brique, non pas le programme du PS mais celui d'une gauche adaptée à son temps, quand la droite moderne ne fait que reprendre inlassablement les mêmes recettes (la réduction des cotisations sociales dernièrement). Les travaux de Piketty sur la fiscalité, ses analyses impeccables du RSA, sont une illustration de ce renouveau que Ségolène Royal a su, la première, exploiter.
Le décalage entre son idéologie et ce que serait sa pratique au gouvernement s'est considérablement réduit. Michel Rocard l'a dit à La Rochelle. Revoir à la télévision Mitterrand prêcher la révolution rappelle ce qu'a pu être ce décalage source de toutes les déceptions des années 80.
Elle est, enfin, en phase avec l'opinion, avec ceux qui travaillent sur l'un des sujets qui comptent : la vie au travail. Les socialistes ont compris ce que la droite persiste à ne pas voir : la vie dans les entreprises est dure, difficile et les Français, bien loin de vouloir travailler plus pour gagner plus sont attachés aux 35 heures et à la retraite à 60 ans, les deux dernières grandes conquêtes sociales, avancées obtenues toutes deux sous des gouvernements socialistes.
Le PS a donné de lui-même à La Rochelle une image attristante, mais derrière, il y a des bases solides. Il suffirait de peu de choses, qu'un dirigeant s'impose pour que ce parti que l'on présente si souvent comme malade se réveille.

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