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Dans le rétro

Publié le 20 décembre 2024 par Alexcessif
Dans rétro

— « Tout souvenir est une fiction, gardez bien cela à l’esprit. » Robert Goolrick

Bien sûr, certains évènements dont on peut situer la position dans le temps, ont eu lieu.

Pourtant, à bien y réfléchir cela concerne un autre "nous" et rien ne sera plus comme avant.

Je revenais du sud de l’Espagne où des chantiers harassants m’empêchaient de faire le touriste. J’avais bien chaussé mes rollers au bord du Guadalquivir mais trop furtivement et à Bilbao il me restait un solde d’envie avant de quitter ce pays. Je sortais de la autovia qui dominait la ville et comme souvent, l’élément liquide m’attirait. Bref, sans carte et encore moins de GPS en allant vers le port je suis tombé sur la plazza del corrazon del Jésus. Une réplique du Corcovado de Rio ou de celui que l’on aperçoit à l’embouchure du Tage en sortant de Lisbonne. Pas de GPS et pas de smartphone non plus — je vous parle d’un temps… — je n’ai pu immortaliser cette apparition surgie au sommet d’une colonne au centre d’un rond-point en cœur de ville. Bernadette Soubirou dans sa grotte non plus n’avait pas de smartphone mais s’il suffit d’aller à Bilbao pour retrouver mon apparition, pour la vierge c’est un autre challenge. A Mérignac, banlieue socialiste de Bordeaux, « on » m’attendait et je reprenais ma route promettant au mec qui change l’eau en vain* de revenir

(* laisse, c’est pour moi!)

Des années plus tard dans une autre vie et une autre « on » je revenais à Bilbao tenir ma promesse à l’acrobate. 

Juste avant il y avait le semi Irun/San Sé — un 21 Km depuis la frontière sur les rives de la Bidasoa jusqu’à San Sébastian dans l’ambiance magique du pays basque — que j’avais bouclé en 1 h 34‘ et je voulais partager avec K. la vision de ce souvenir que j’avais écourté pour rejoindre M. à Bordeaux.

Une dizaine d’années s’étaient écoulées depuis et chaque fois que j’évoquais ce Corcovado il était plus immense de qq mètres. Je l’imaginais dominant la ville visible comme la cathédrale de Chartres quand on arrive en Beauce. Pourtant, nous avons fait plusieurs fois le tour de la ville sans l’apercevoir et il fallut me résoudre à de multiples « — Hola, disculpa-me, adonde esta la plazza del corrazon del Jésus, por favor?» pour enfin déboucher sur cette place et apercevoir cette statue minuscule à peine visible depuis le pied de sa colonne. Je suis passé pour une bille avec mon « Tu vas voir ce que tu vas voir, je t’amène à Rio! » Bon! A Bilbao, il y a, aussi, le Guggelheim qui m’a permis de sauver la face

— Conclusion? A trop évoquer les souvenirs, on les exalte! Parfois ce sont des cadavres bien moisis que l’on exhume. Je crois qu’il faut laisser le passé reposer en paix. 

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