Je laisse parfois certains livres venir à moi sous forme de prêts. J’entendais en effet parler de Rebecca Lighieri depuis quelques temps sans sauter le pas pour autant. Et on m’a proposé de lire celui-ci, alors j’ai forcément dit oui, sautant sur l’occasion qui se présentait. Je ne me doutais pas de la force que j’allais y trouver… Karel vit dans les quartiers Nord de Marseille, avec sa jeune sœur et son petit frère infirme, dans une cité prénommée Antonin Artaud. Non loin de là, vivent des gitans sédentarisés avec lesquels le jeune homme va tisser des liens forts. Il essaie de survivre à la violence de son père, maltraitant et drogué. Sa mère sera la seule source de bonheur potentielle, imparfaite, de cette fratrie qui va se démener pour se forger un avenir. C’est le Marseille entre les années 80 et 2000 que nous raconte Rebecca Lighieri, qui parle aussi ici de transmission. Car autant Hendricka et Mohand semblent être attirés par la lumière, Karel, malgré son métier d’aide-soignant, lutte contre l’attrait de la noirceur et l’hérédité, jusqu’à s’inventer une nouvelle identité et une fausse filiation avec la propriétaire de l’appartement qu’il occupe… Je lis rarement de romans d’une telle force. J’ai été impressionnée par cette lecture, par l’atmosphère assez oppressante qui y règne, par la qualité d’écriture de Rebecca Lighieri, par les personnages qu’elle a su créer, d’une beauté époustouflante. C’est un roman dont on ne ressort pas indemne.
Editions Folio – août 2021
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
éé