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Boudicca, la victorieuse

Par Amaury Piedfer


La Grande-Bretagne actuelle, que les Romains appelaient Bretagne (Britannia), devint au moins à partir du IIIème siècle ap. J.-C. une terre celtique, à la suite d’importantes migrations qui affectèrent les régions rhénanes et le nord de la Gaule et amenèrent plusieurs peuples de la Gaule belgique à s’installer outre-Manche [1]. C’est ainsi que dans le bassin de Londres comme dans le bassin parisien se trouve une branche des Parisii.
En 55-54 av. J.-C., César, en pleine guerre des Gaules, tente une expédition en Bretagne, dans l’optique de priver les Celtes continentaux d’une base arrière qui fournissait troupes, vivres et servait de refuge à l’aristocratie druidique. L’échec du proconsul ne découragea pas l’empereur Claude (41-54 ap. J.-C.), qui lança en 43 ap. J.-C. une vaste offensive contre les Bretons, cette fois victorieuse. Les peuples bretons des actuelles Angleterre et Pays de Galles sont soumis, une colonie romaine fondée à Camulodunum (Colchester) et rien moins que quatre légions sont implantées sur le territoire. Une grande partie de ce dernier est directement sous administration romaine, mais l’empereur accorde une forme d’autonomie aux royaumes de Icéniens et des Regni, qui deviennent alors royaumes clients : un traité définit leur relations avec Rome, fixe le montant du tribut annuel et les effectifs des troupes auxiliaires qu’ils doivent fournir au nouveau maître. La rapacité de l’occupant provoqua, dès 51, la révolte de Caracatos contre l’occupant.
En 60 ap J.-C., soit une quinzaine d’années après la conquête, le roi des Icéniens Prasutagus rejoint ses ancêtres dans la mort et lègue ses biens patrimoniaux en partie à l’empereur régnant, Néron (54-68 ap. J.-C.), en partie à ses deux filles. Rome confie alors au procurateur Catus Decianus [2], normalement en charge de l’administration financière de la province de Bretagne, la tâche de saisir l’héritage pour le compte de l’empereur ; mais sa brutalité et son avidité provoquent l’indignation des Icéniens, qui décident alors de relever la tête, sous la conduite de la veuve de Prasutagus, la reine Boudicca. Le nom de cette dernière est peut-être un nom d’emprunt, pris pour la circonstance : il est formé sur la racine celtique boud-, la victoire. Si sa mort signe l'échec de l'insurrection bretonne, son tempérament comme le choix d'une mort digne attachent à jamais la victoire à son nom, la victoire sur la peur, la victoire sur la soumission et l'humiliation.
Menant une lutte acharnée contre les troupes d’occupation, Boudicca devint une figure emblématique de la femme exemplaire, une presque divinité guerrière à la valeur symbolique qui a traversé les âges. Si sa mort a signé l'échec de l'insurrection bretonne, son tempérament, son courage comme le choix d'une mort digne attachent à jamais l'étendard de la victoire à son nom : victoire sur la peur et la résignation, victoire sur la soumission et l'humiliation.
Plongeons dans la légende, en suivant les récits de Tacite (mort vers 121 ap. J.-C.) et de Dion Cassius (mort après 235 ap. J.-C.).

La Bretagne romaine au moment de la révolte de Boudicca, 61 ap. J.-C. (Histoire Antique, n° 26, juillet-aoput 2006, p. 21).
TACITE...
XV. 1. En effet, une fois absent, le légat ne fait plus peur. Laissés à eux-mêmes, les Bretons s'en prennent aux malheurs de l'asservissement. Ils étalent les injustices subies par les uns et les autres. Ils disent tout le mal qu'ils en pensent et s'excitent : "A quoi nous sert d'accepter notre sort ? Est-ce pour subir des charges encore plus lourdes en donnant à croire que ce pouvoir est supportable ? 2. Autrefois nous avions chacun nos rois. Aujourd'hui on nous en impose deux : le légat pour intenter à nos vies, le procurateur à nos biens. Que ceux-ci s'entendent bien ou mal, c'est tout aussi dangereux pour ceux qu'ils écrasent. Les sbires de l'un et de l'autre, centurions et esclaves, conjuguent violence et outrages. Plus rien n'échappe à leur convoitise ni à leurs caprices. 3. Au combat, c'est la bravoure qui donne droit au butin. Maintenant ce sont le plus souvent des pleutres incapables de se battre qui réquisitionnent nos maisons, nous arrachent nos enfants, enrôlent de force nos hommes. Croient-ils que nous avons d'autres raisons de mourir que pour notre patrie ? 4. Mais nous, Bretons, combien sommes-nous ? Car eux, ils n'ont fait débarquer que bien peu de soldats ! C'est pour cela que les peuples de Germanie se sont débarrassées de leur joug. Or ce qui les protège, ce n'est qu'un fleuve, ce n'est pas l'Océan. 5. Nous, pourquoi faisons-nous la guerre ? C'est pour défendre notre patrie, nos épouses, nos familles ! Et les Romains ? Eux, c'est par cupidité, pour s'offrir du luxe ! Ils déguerpiront, comme a déguerpi le divin Jules. Montrons-nous aussi braves que nos aïeux ! Ne nous laissons pas impressionner, si nous perdons l'une ou l'autre bataille ! Ceux qui ont de la chance se montrent plus téméraires, mais plus grande est la détermination des opprimés. 6. Maintenant même les dieux ont pitié des Bretons : le général romain n'est plus là et ils le bloquent avec son armée dans une autre île. Maintenant nous nous concertons, ce qui nous était bien difficile. 7. Sachons que dans ce genre de décisions, il est plus dangereux de se laisser surprendre que d'oser."


XVI.1. C'est par des propos de ce genre que les Bretons s'excitaient mutuellement. Une femme de sang royal, Boudicca, prit la tête du mouvement - chez eux le sexe ne fait pas question quand il s'agit de commander ! - et , tous ensemble, ils partirent en guerre. Ils traquèrent nos soldats éparpillés dans les fortins, défirent nos garnisons, envahirent la colonie, symbole pour eux de l'asservissement. La colère des vainqueurs ne renonça à aucune forme de la cruauté propre aux âmes barbares.
Tacite, Agricola, XV-XVI.
XXIX. Sous le consulat de Césonius Pétus et de Pétronius Turpilianus, l’empire essuya en Bretagne un sanglant désastre. J'ai déjà dit que le lieutenant Aulus Didius s'était contenté d'y maintenir nos conquêtes. Véranius, son successeur, fit quelques incursions chez les Silures, et, surpris par la mort, il ne put porter la guerre plus loin. Cet homme, à qui la renommée attribua toute sa vie une austère indépendance, laissa voir, dans les derniers mots de son testament, l'esprit d'un courtisan : il y prodiguait mille flatteries à Néron, ajoutant que, s'il eût vécu encore deux années, il lui aurait soumis la province tout entière. Après lui, les Bretons eurent pour gouverneur Suétonius Paullinus, que ses talents militaires et la voix publique, qui ne laisse jamais le mérite sans rival, donnaient pour émule à Corbulon. Lui-même songeait à l'Arménie reconquise, et brûlait d'égaler un exploit si glorieux en domptant les rebelles. L'île de Mona [Anglesey], déjà forte par sa population, était encore le repaire des transfuges : il se dispose à l’attaquer, et construit des navires dont la carène fût assez plate pour aborder sur une plage basse et sans rives certaines. Ils servirent à passer les fantassins ; la cavalerie suivit à gué ou à la nage, selon la profondeur des eaux.
XXX. L'ennemi bordait le rivage : à travers ses bataillons épais et hérissés de fer, couraient, semblables aux Furies, des femmes échevelées, en vêtements lugubres, agitant des torches ardentes ; et des druides, rangés à l'entour, levaient les mains vers le ciel avec d'horribles prières. Une vue si nouvelle étonna les courages, au point que les soldats, comme si leurs membres eussent été glacés, s'offraient immobiles aux coups de l'ennemi. Rassurés enfin par les exhortations du général, et s'excitant eux-mêmes à ne pas trembler devant un troupeau fanatique de femmes et d'insensés, ils marchent en avant, terrassent ce qu'ils rencontrent, et enveloppent les barbares de leurs propres flammes. On laissa garnison chez les vaincus, et l'on coupa les bois consacrés à leurs atroces superstitions ; car ils prenaient pour un culte pieux d'arroser les autels du sang des prisonniers, et de consulter les dieux dans des entrailles humaines. Au milieu de ces travaux, Suétonius apprit que la province venait tout à coup de se révolter.
XXXI. Le roi des Icéniens, Prasutagus, célèbre par de longues années d'opulence, avait nommé l’empereur son héritier, conjointement avec ses deux filles. Il croyait que cette déférence mettrait à l'abri de l’injure son royaume et sa maison. Elle eut un effet tout contraire : son royaume, en proie à des centurions, sa maison, livrée à des esclaves, furent ravagés comme une conquête. Pour premier outrage, sa femme Boadicée est battue de verges, ses filles déshonorées : bientôt, comme si tout le pays eût été donné en présent aux ravisseurs, les principaux de la nation sont dépouillés des biens de leurs aïeux, et jusqu'aux parents du roi sont mis en esclavage. Soulevés par ces affronts et par la crainte de maux plus terribles (car ils venaient d'être réduits à l'état de province), les Icéniens courent aux armes et entraînent dans leur révolte les Trinobantes [voisins méridionaux des Icéniens] et d'autres peuples, qui, n'étant pas encore brisés à la servitude, avaient secrètement conjuré de s'en affranchir. L'objet de leur haine la plus violente étaient les vétérans, dont une colonie, récemment conduite à Camulodunum, chassait les habitants de leurs maisons, les dépossédait de leurs terres, en les traitant de captifs et d'esclaves, tandis que les gens de guerre, par une sympathie d'état et l'espoir de la même licence, protégeaient cet abus de la force. Le temple élevé à Claude offensait aussi les regards, comme le siège et la forteresse d'une éternelle domination ; et ce culte nouveau engloutissait la fortune de ceux qu'on choisissait pour en être les ministres. Enfin il ne paraissait pas difficile de détruire une colonie qui n'avait point de remparts, objet auquel nos généraux avaient négligé de pourvoir, occupés qu'ils étaient de l'agréable avant de songer à l'utile.
XXXII. Dans ces conjonctures, une statue de la Victoire, érigée à Camulodunum, tomba sans cause apparente et se trouva tournée en arrière, comme si elle fuyait devant l'ennemi. Des femmes agitées d'une fureur prophétique annonçaient une ruine prochaine. Le bruit de voix étrangères entendu dans la salle du conseil, le théâtre retentissant de hurlements plaintifs, l'image d'une ville renversée vue dans les flots de la Tamise, l'Océan couleur de bang, et des simulacres de cadavres humains abandonnés par le reflux, tous ces prodiges que l'on racontait remplissaient les vétérans de terreur et les Bretons d'espérance. Comme Suétonius était trop éloigné, on demanda du secours au procurateur Catus Décianus. Il n'envoya pas plus de deux cents hommes mal armés, et la colonie n'avait qu'un faible détachement de soldats. On comptait sur les fortifications du temple, et d'ailleurs de secrets complices de la rébellion jetaient le désordre dans les conseils ; aussi on ne s'entoura ni de fossés ni de palissades, on n'éloigna point les vieillards et les femmes pour n'opposer à l'ennemi que des guerriers. La ville, aussi mal gardée qu'en pleine paix, est envahie subitement par une nuée de barbares. Tout fut en un instant pillé ou mis en cendres ; le temple seul, où s'étaient ralliés les soldats, soutint un siège et fut emporté le second jour. Pétilius Cérialis, lieutenant de la neuvième légion, arrivait au secours ; les Bretons victorieux vont au-devant de lui et battent cette légion. Ce qu'il y avait d'infanterie fut massacré ; Cérialis, avec la cavalerie, se sauva dans son camp et fut protégé par ses retranchements. Alarmé de cette défaite et haï de la province, que son avarice avait poussée à la guerre, le procurateur Catus se retira précipitamment dans la Gaule.
XXXIII. Mais Suétonius, avec un courage admirable, perce au travers des ennemis, et va droit à Londinium, ville qui, sans être décorée du nom de colonie, était l'abord et le centre d'un commerce immense. Il délibéra s'il choisirait ce lieu pour théâtre de la guerre. Mais, voyant le peu de soldats qui était aux environs et la terrible leçon qu'avait reçue la témérité de Cérialis, il résolut de sacrifier une ville pour sauver la province. En vain les habitants en larmes imploraient sa protection ; inflexible à leurs gémissements, il donne le signal du départ, et emmène avec l’armée ceux qui veulent la suivre. Tout ce que retint la faiblesse du sexe, ou la caducité de l'âge, ou l'attrait du séjour, tout fut massacré par l'ennemi. Le municipe de Vérulam [Saint-Alban, comté d'Hertford] éprouva le même sort ; car les Bretons laissaient de côté les forts et les postes militaires, courant, dans la joie du pillage et l'oubli de tout le reste, aux lieux qui promettaient les plus riches dépouilles et le moins de résistance. On calcula que soixante-dix mille citoyens ou alliés avaient péri dans les endroits que j'ai nommés. Faire des prisonniers, les vendre, enfin tout trafic de guerre, eût été long pour ces barbares : les gibets, les croix, le fer, le feu, servaient mieux leur fureur ; on eût dit qu'ils s'attendaient à l'expier un jour, et qu'ils vengeaient par avance leurs propres supplices.
XXXIV. Suétonius réunit à la quatorzième légion les vexillaires de la vingtième et ce qu'il y avait d'auxiliaires dans le voisinage. Il avait environ dix mille hommes armés, lorsque, sans temporiser davantage, il se dispose au combat. Il choisit une gorge étroite et fermée par un bois, bien sûr auparavant qu'il n'avait d'ennemis qu'en face, et que la plaine, unie et découverte, ne cachait point d'embûches. C'est là qu'il s'établit, la légion au centre et les rangs serrés, les troupes légères rangées à l'entour, la cavalerie ramassée sur les ailes. Quant aux Bretons, leurs bandes à pied et à cheval se croisaient et voltigeaient tumultueusement, plus nombreuses qu'en aucune autre bataille, et animées d'une audace si présomptueuse, que, afin d'avoir jusqu'aux femmes pour témoins de la victoire, elles les avaient traînées à leur suite, et placées sur des chariots qui bordaient l'extrémité de la plaine.
Boadicée
XXXV. Boadicée, montée sur un char, ayant devant elle ses deux filles, parcourait l'une après l'autre ces nations rassemblées, en protestant "que, tout accoutumés qu'étaient les Bretons à marcher à l'ennemi conduits par leurs reines, elle ne venait pas, fière de ses nobles aïeux, réclamer son royaume et ses richesses ; elle venait, comme une simple femme, venger sa liberté ravie, son corps déchiré de verges, l'honneur de ses filles indignement flétri. La convoitise romaine, des biens, était passée aux corps, et ni la vieillesse ni l'enfance n'échappaient à ses souillures. Mais les dieux secondaient enfin une juste vengeance : une légion, qui avait osé combattre, était tombée tout entière ; le reste des ennemis se tenait caché dans son camp, ou ne songeait qu'à la fuite. Ils ne soutiendraient pas le bruit même et le cri de guerre, encore moins le choc et les coups d'une si grande armée. Qu'on réfléchît avec elle au nombre des combattants et aux causes de la guerre, on verrait qu'il fallait vaincre en ce lieu ou bien y périr. Femme, c'était là sa résolution : les hommes pouvaient choisir la vie et l'esclavage."
XXXVI. Suétonius ne se taisait pas non plus en ce moment décisif. Plein de confiance dans la valeur de ses troupes, il les exhortait cependant, il les conjurait "de mépriser ce vain fracas et ces menaces impuissantes de l'armée barbare : on y voyait plus de femmes que de soldats ; cette multitude sans courage et sans armes lâcherait pied sitôt qu'elle reconnaîtrait, tant de fois vaincue, le fer et l'intrépidité de ses vainqueurs. Beaucoup de légions fussent-elles réunies, c'était encore un petit nombre de guerriers qui gagnait les batailles ; et ce serait pour eux un surcroît d'honneur d'avoir prouvé qu'une poignée de braves valait une grande armée. Ils devaient seulement se tenir serrés, lancer leurs javelines, puis, frappant de l'épée et du bouclier, massacrer sans trêve ni relâche, et ne pas s'occuper du butin : la victoire livrerait tout en leurs mains." Telle fut l'ardeur qui éclatait à chacune de ces paroles, et l'air dont balançaient déjà leurs redoutables javelines ces vieux soldats éprouvés dans cent batailles, que Suétonius, assuré du succès, donna aussitôt le signal du combat.
XXXVII. Immobile d'abord, et se faisant un rempart de la gorge étroite où elle était postée, la légion attendit que l'ennemi s'approchât, pour lui envoyer des coups plus sûrs. Quand elle eut épuisé ses traits, elle s'avança rapidement en forme de coin. Les auxiliaires chargent en même temps, et les cavaliers, leurs lances en avant, rompent et abattent ce qui résiste encore. Le reste fuyait ou plutôt essayait de fuir à travers la haie de chariots qui fermait les passages. Le soldat n'épargna pas môme les femmes ; et jusqu'aux bêtes de somme tombèrent sous les traits et grossirent les monceaux de cadavres. Cette journée fut glorieuse et comparable à nos anciennes victoires : quelques-uns rapportent qu'il n'y périt guère moins de quatre-vingt mille Bretons. Quatre cents soldats environ furent tués de notre côté ; il n'y eut pas beaucoup de blessés. Boadicée finit sa vie par le poison. Quand Pénius Postumus, préfet de camp de la deuxième légion, apprit le succès de la quatorzième et de la vingtième, désespéré d'avoir privé la sienne d'une gloire pareille en se refusant, contre les lois de la discipline, aux ordres du général, il se perça de son épée.

Tacite, Annales, XIV, 29-37

..

DION CASSIUS

[En l'an 60] un terrible désastre survint en Bretagne. Deux cités furent mises à sac, 80 000 des Romains et de leurs alliés périrent, et l'île fut perdue pour Rome. Plus encore, toute cette ruine fut apportée aux Romains par une femme, un fait qui par lui-même leur causa la plus grande honte (…).
La personne qui fut l'instrument principal pour soulever les indigènes et les persuader de combattre les Romains, la personne qui fut jugée digne d'être leur chef et qui dirigea la conduite de toute la guerre, était Boadicea, une femme britannique de famille royale et possédant une intelligence plus grande que celle qui appartient souvent aux femmes. Cette femme convoqua son armée, qui comptait plus de 120 000 hommes, et monta un tribunal qui fut bâti de terre, à la mode romaine.
En stature elle était très grande, dans son apparence terrifiante, dans la lueur de ses yeux la plus grande férocité, et sa voix était rauque ; une grande masse de chevelure rousse tombait jusqu'à ses hanches ; autour de son cou il y avait un grand collier en or ; et elle portait une tunique avec plusieurs couleurs, sur laquelle un épais manteau était attaché avec une broche. C'étaient ses vêtements habituels.

Dion Cassius, Histoire Romaine, LXII, 1-2.

Torque celtique découvert en Angleterre, Ier siècle av. J.-C. C'est ce type de "collier" que portait la reine Boudicca, comme tous les aristocrates du monde celte.

[1] Sur la question complexe de la celtisation des îles Britanniques, voir B. Raftery, « Les Celtes pré-chrétiens des îles », dans Les Celtes, [Exposition du Palazzo Grassi de Venise de 1991], Paris, 1997, p. 557-577.
[2] Les données concernant ce personnage sont rares ; elles sont rassemblées par S. Demougin, Prosopographie des chevaliers romains julio-claudiens, Rome, 1992, p. 452, n° 542.

Bibliographie :


- D. R. Dudley et G. Wabster, The Rebellion of Boudicca, Londres, 1963.

- I. Andrews, Boudicca's revolt, Calmbridge, 1972.

- D. Watts, Boudicca's heirs : Women in early Britain, New York, 2005.

- Chl. Chamouton, "Boudicca, la reine celte", Histoire Antique, n° 26, juillet-août 2006, p. 16-37.

Amaury Piedfer.


La Grande-Bretagne contemporaine a voulu célébrer la mémoire de la première grande reine britannique, en lui érigeant à Londres (Westminster Bridge) une statue, conçue par Thomas Thorncroft (1850).


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