Crédit photo: Parti socialiste/Flickr
Il en fallait une, ils avaient l'embarras du choix et semble finalement avoir opté pour Martine Aubry. L'Université d'été du PS est désormais close et fut loin d'être aussi plate que celle de l'an passé qui ressemblait davantage à une garderie dépourvue de nounou qu'à un rendez vous politique notoire.
Plusieurs leçons à tirer de ce rassemblement. La première, anecdotique quoique révélatrice, marque l'écart grandissant entre les membres du PS d'en bas (oui j'ose...) et le PS d'en haut. En bas, les fourmis s'évertuent à bosser textes et propositions pour les convertir en programme comme cela semble être confirmé par les différents blogs de militants présents à La Rochelle, tandis qu'en haut on persiste encore à se chiffoner la direction du parti en coulisse tout en affichant un large sourire devant les caméras comme des gamins pris les doigts dans le pot de confiture. Les médias, toujours largement superficiels, se sont débord émus de l'absence de concret durant ces universités d'été avant de plonger dans la blogosphère pour y découvrir l'écart décrit ci dessus.
Au niveau des personnes, Martine Aubry semble rassembler largement au sein du parti, même si ce rassemblement semble parfois idéologiquement incompatible comme l'observe dernièrement mon confrère Kiwisien Pierre Catalan. Ségolène Royal, armée de toute sa suffisance et de sa fierté, n'a fait qu'une brève apparition au milieux des siens, juste le temps de lancer d'un air suffisant une phrase phylosophique ridicule qui marque bien le niveau de cette femme politique. Navrante. Delanoë, fort de sa très récente déclaration de candidature compte les troupes qui ne se bousculent pas au portillon, bien contrée par "les barons" provinciaux. Vous le voyez bien, le PS c'est bien mieux que Dallas.
Le fond du problème n'est pourtant pas résolu. Idéologiquement d'abord, force est de constater que les militants (et les idées) convergent désormais vers un socialisme plus moderne et plus rosé que rouge vif même si l'orientation politique navigue encore à vue entre le centrisme et la gauche pur jus. Tant que cette question ne sera pas élucidée, il sera à mon sens difficile au PS de fixer une ligne claire et précise, permettant de rassembler même en tant de "crise", sans voir des pans entiers du parti converger vers les extrêmes ou le centre. Cependant il se trouve que cette idée ne peut être tranchée que par un leader marqué et porté par le parti unifié capable de gommer par son discours et son empreinte les divergences réelles et profondes qui règnent au sein de ce parti politique. Mais je peux me tromper. Il y a quelques temps, nous disions ici même:
... Le Parti Socialiste français semble également vaciller sur ses propres fondations: son électorat. Au fond, et en acceptant de se rendre coupable de généralités, les électeurs du parti socialiste sont ou ? Fonctionnaires, Enseignants, classes moyennes ou classes ouvrières, salaries moyens (cadres), personnes exclues du système... Avec les modifications du marche du travail et notamment celles imputables au progrès technique, il devient quasi-impossible de gérer cette atomisation de la population et donc par voie de conséquence de l'électorat socialiste qui ne parle plus d'une seule et même voix mais qui semble désormais compose par des courants assez divers. Dans une société ou l'individualisme règne en maître, il est difficile, pour le parti de gauche de préserver ses bases denses et fidèles, soudées entre elles par ce que Marx eut appelé "conscience de classe". Cette mutation pourrait bien être d'ailleurs la racine du mal ...
Je persiste dans cette analyse même si l'évolution du paysage français compacte désormais la gauche dans son ensemble dans une adversité à la politique menée par Nicolas Sarkozy et son gouvernement. Il n'empêche que lorsque les rendez vous électoraux poindront, il n'est pas dit que cette problématique se soit effacée.
La gestion de l'appareil PS enfin me semble totalement débridée. Cette "analyse" est à prendre évidemment avec des pincettes tant mon intéressement pour le PS ne dépasse pas celui d'un opposant qui s'attache à comprendre les évolutions du paysage politiques français. Il me paraît évident que cette élection du premier secrétaire ne tombe pas au meilleur des moments. Car avouons le sans gène, c'est assez objectivement que la majorité du PS se cherche une potiche capable de faire vivoter le parti jusqu'à l'émergence d'une bataille (qui s'annonce sanglante) pour l'investiture à la présidentielle de 2012. Cette potiche doit être célèbre mais pas trop, elle doit tenir un parti politique à la dérive dans les sondages d'opinions alors même qu'il n'est pas au pouvoir et elle devra surtout s'effacer au moment venu devant le nouveau (ou la nouvelle) candidate socialiste sans trop d'éclaboussures ni remous. Martine Aubry est la candidate parfaite pour ce rôle. Car personne n'ose imaginer un instant Martine Aubry candidate puis présidente de la république française en 2012. La mère des 35h à l'Elysée. Côté Delanoë ou même Royal, la stratégie me semble bien plus censée et réfléchie. Tous deux se voient bien comme candidats opposants à Sarkozy (ou à un autre UMP) et souhaitent mettre la main dès aujourd'hui sur le parti de sorte à le façonner à leurs mains en vue de cette échéance électorale. Voilà un cheminement de pensée qui me semble bien plus structuré et détenant le plus de probabilité de fonctionner.
La tendance de fond ne semble pourtant pas offrir les clés du partis aux présidentiables, Sarkozy et surtout Bayrou peuvent se frotter les mains. Le retour du PS ce n'est pas pour tout de suite.