Au lendemain de l’université socialiste de La Rochelle, la question du journaliste était d’une facture des plus classiques et anodines : « le PS peut-il se réconcilier et l’emporter à la prochaine Présidentielle ? ». La longue réponse l’aura été nettement moins.
« Je pense qu’on y arrivera, si on fait attention à sortir une dizaine d’individus qui sont éternellement malfaisants, qu’on connaît, qui ont été de toutes les combines, et qui sont d’ailleurs assis au secrétariat national depuis 25 ans. Je pense que ces quelques malfaisants doivent maintenant gentiment prendre leur retraite. Ça fait 25 ans qu’ils pourrissent la situation, ça fait 25 ans qu’ils font des combinaisons, 25 ans qu’ils trahissent leurs propres amis. Et je pense que l’on peut faire sans eux.
Après, il y a dans ce parti beaucoup de gens respectables ; donc on peut respecter une minorité : il y a une façon de vivre ensemble, même quand on ne pense pas la même chose sur tout. Mais il y a des gens qui pourrissent cette situation, qui ne respectent pas les règles collectives, qui font toujours des combines.
J’ai quitté François Hollande en 2002, parce qu’il n’a pas voulu, après pourtant ce choc du 21 avril, faire la refondation nécessaire. Il a refait des vieilles alliances - Fabius, Strauss-Kahn, etc. Ils l’ont tué, comme ils tuent tout le monde, comme ils se tuent eux-mêmes d’ailleurs. Mais ils s’obstinent. Et ils peuvent nous tuer collectivement. Donc je dis basta ! Que tous ceux qui veulent vraiment du neuf, que l’espoir trouve son chemin, s’associent dans ce Congrès et qu’on ouvre un nouveau cycle politique. »
Reste a coller les photos sous de si aimables descriptions. Vincent Peillon n’a pas souhaiter entrer dans le détail et citer quelques noms répondant simplement par un «Ils se reconnaîtront». La devinette n’est pourtant pas difficile à résoudre. Les manœuvres florentines dont a été victime Pierre Moscovici constituent une partie de la réponse.
Titillé sur le sujet Vincent Peillon ne s’est pas trop fait prié pour lâcher quelques flèches supplémentaires. Cibles des attaques, les fabiusiens. Du fidèle lieutenant Claude Bartolone : «Sans doute un mécanicien qui devrait prendre un peu de repos» au chef lui-même Laurent Fabius : il devrait «arrêter maintenant de changer d’avis tous les deux ans» et de «fomenter des combinaisons invraisemblables».
Après les vilains petits canards, les gentils. Ceux qui ont évidemment pris leurs distances avec les coulisses de l’université d’été. Vincent Peillon n’en voit que deux. Bertrand Delanoë et Ségolène Royal bien sûr dont on retiendra l’interpellation employée dans son discours d’ouverture de l’université de La Rochelle : « aimez-vous les uns les autres ou disparaissez». Une formule certes empruntée à Juliette Greco mais aux indéniables accents bibliques. Clin d’œil de l’histoire le premier sacre qui eut lieu à Reims fut en 816 celui de Louis Ier, dit le Pieux, natif de Chasseneuil-du-Poitou.
Crédit photo: Romain Clercq-Roques