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Critique Ciné : Blitz (2024)

Publié le 13 décembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Blitz (2024)

Blitz // De Steve McQueen. Avec Saoirse Ronan, Harris Dickinson et Benjamin Clementine.

Le nouveau film de Steve McQueen, Blitz, était attendu comme une œuvre majeure, notamment après les réussites passées du réalisateur. Pourtant, cette fresque historique sur les bombardements allemands de Londres pendant la Seconde Guerre mondiale peine à atteindre les sommets espérés. Malgré des qualités visuelles indéniables, le scénario linéaire et les choix narratifs manquent de profondeur, laissant une impression mitigée. L'histoire de Blitz se concentre sur deux personnages principaux : Rita, une jeune mère jouée par Saoirse Ronan, et son fils George, un garçon de neuf ans incarné par Elliott Heffernan. Alors que les bombes pleuvent sur Londres, George est envoyé à la campagne pour sa sécurité.

L'épopée de George, un garçon de 9 ans vivant à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale et que sa mère Rita envoie se réfugier dans la campagne anglaise. Mais George, déterminé à retourner chez sa mère et son grand-père Gerald dans l'est de Londres, se lance dans une aventure extrêmement dangereuse, tandis que Rita, folle d'inquiétude, se lance à sa recherche.

Cependant, son aventure prend un détour inattendu lorsqu'il décide de quitter le train et de retourner dans la capitale. Rita, de son côté, continue de travailler dans une usine d'armement tout en affrontant les dangers quotidiens du Blitz. Le film, qui aurait pu être une fresque captivante sur la résilience humaine face aux horreurs de la guerre, se contente de survoler les grands enjeux historiques. McQueen choisit de privilégier le récit personnel, mettant en lumière les défis d'une famille fragmentée, mais au détriment d'une exploration plus large du contexte social et politique de l'époque. Cette focalisation donne une impression de récit étriqué, où la petite histoire masque presque la grande Histoire.

L'un des problèmes majeurs du film réside dans la caractérisation des personnages. George, bien que central à l'intrigue, est souvent réduit à une suite d'épreuves et de péripéties qui peinent à toucher profondément. Sa relation complexe avec sa mère et son identité de métisse-sujet pourtant riche en potentialités dramatiques-est à peine effleurée. Le traitement de Marcus, le père absent de George, ajoute un mystère sans véritable payoff, le laissant comme une simple ombre dans l'intrigue. Quant à Rita, Saoirse Ronan livre une performance solide, mais son personnage manque de nuances. Les moments où elle brille-comme lorsqu'elle chante pour ses collègues dans une scène chargée d'émotion-sont trop rares pour compenser le manque d'épaisseur de son rôle.

Ces lacunes dans l'écriture des personnages nuisent à l'impact émotionnel global, laissant une distance entre le spectateur et les protagonistes.Malgré ses faiblesses narratives, Blitz bénéficie de la maîtrise visuelle de McQueen. Certaines scènes, comme celle de l'incendie qui ouvre le film, sont d'une intensité remarquable. La caméra de McQueen capte la terreur et le chaos avec une sensibilité qui place le spectateur au cœur de l'action. Les plans au ras du sol, suivant des pieds qui courent dans les rues bombardées, ou les images de bombes tombant du ciel sans montrer leur impact direct, ajoutent une dimension presque sensorielle à l'expérience. Cependant, cette esthétique ne suffit pas à sauver le film. Si certains moments marquent les esprits, ils s'intègrent mal dans l'ensemble, donnant une impression de déséquilibre.

Les transitions entre les flashbacks et le récit principal, bien que visuellement élégantes, perturbent parfois la fluidité de la narration, rendant le film confus par moments. Le principal défaut de Blitz réside dans son scénario, qui suit une structure simpliste et prévisible. La progression de George, perdu puis retrouvant son chemin, manque de surprises ou de moments véritablement mémorables. Les péripéties qu'il traverse, bien que parfois captivantes sur le plan visuel, restent anecdotiques et manquent de lien émotionnel fort. De plus, le message du film-condamnant le racisme et célébrant la solidarité face à l'adversité-est certes louable, mais traité de manière trop appuyée. Les symboles et les situations manquent de subtilité, rendant le propos presque didactique.

Au lieu d'inviter à une réflexion profonde, le film se contente d'une morale convenue, risquant de perdre l'attention du spectateur.Malgré une durée raisonnable, Blitz souffre de longueurs qui nuisent à son rythme. Certaines scènes, bien que techniquement impressionnantes, semblent inutiles ou répétitives, ralentissant la progression de l'intrigue. Cette lenteur finit par atténuer l'émotion que le film cherche à susciter, créant une expérience parfois frustrante. Steve McQueen est un réalisateur talentueux, capable de repousser les limites du cinéma avec des œuvres comme 12 Years A Slave ou la série Small Axe. Avec Blitz, il semble toutefois s'être enfermé dans une formule plus conventionnelle, laissant de côté l'audace et la profondeur qui caractérisent ses meilleurs travaux.

Les thèmes abordés-la guerre, le racisme, la résilience-sont universels, mais leur traitement manque de la complexité qui aurait pu transformer ce film en une véritable œuvre majeure. En définitive, Blitz est un film qui divise. Si certains apprécieront sa beauté visuelle et ses moments poignants, d'autres resteront frustrés par son manque d'originalité et sa narration trop convenue. Pour ma part, la déception domine. Le potentiel du sujet, combiné au talent de McQueen, laissait espérer une œuvre marquante et ambitieuse. Au lieu de cela, Blitz s'apparente davantage à une production de prestige, bien réalisée mais superficielle, qui ne parvient pas à captiver pleinement ni à émouvoir durablement.

Blitz est une œuvre qui échoue à atteindre ses ambitions. Malgré des scènes visuellement impressionnantes et quelques moments forts, le film souffre d'un scénario trop linéaire, de personnages peu développés et d'une morale appuyée au détriment de la subtilité. Si Steve McQueen voulait capturer le chaos et l'humanité de Londres sous les bombes, il semble être resté coincé entre une fresque spectaculaire et une aventure simpliste, sans parvenir à exploiter pleinement la richesse de son sujet.

Note : 5/10. En bref, une oeuvre qui a du mal à atteindre ses ambitions.

Sorti le 9 novembre 2024 au cinéma pour une exploitation de deux jours - Disponible sur Apple TV+


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