Jamais sans mon Psy // De Arnaud Lemort. Avec Christian Clavier, Baptiste Lecaplain et Claire Chust.
Le film Jamais sans mon Psy semblait pourtant partir sur de bonnes bases. Avec Christian Clavier en tête d'affiche et un pitch centré sur les relations complexes entre un psy charismatique et son entourage, on pouvait espérer une comédie pétillante. Cependant, il est difficile de ne pas ressentir une profonde déception face à ce qui aurait pu être une belle réussite. L'histoire repose sur un canevas classique, celui des conflits familiaux amplifiés par l'arrivée d'un " étranger " dans la cellule familiale. Malheureusement, ce schéma narratif déjà usé manque ici cruellement de renouveau, laissant une impression de déjà-vu peu engageante. Si Christian Clavier fait ce qu'il sait faire - jouer avec son registre habituel de manière efficace - il ne peut pas, à lui seul, sauver un film qui s'appuie sur un casting mal équilibré et des personnages à la profondeur limitée.
Le Dr Béranger est un célèbre psychanalyste à qui tout réussit. Sa vie serait parfaite s'il n'y avait pas ce patient très angoissé et extrêmement collant : Damien Leroy. Pour enfin s'en débarrasser, il lui fait croire que le seul moyen de guérir est de trouver le grand amour. Mais alors qu'il s'apprête à fêter ses 30 ans de mariage, sa fille lui annonce qu'elle a enfin trouvé l'homme de sa vie qui n'est autre que... Damien. La fête va virer au cauchemar.
Claire Chust, lumineuse dans son rôle, parvient à tirer son épingle du jeu malgré un environnement qui ne la sert pas toujours. Baptiste Lecaplain forme avec Clavier un duo qui fonctionne par moments, mais cela ne suffit pas à masquer les lacunes globales du casting. D'autres, comme Christina Reali, semblent déconnectés de l'énergie du film, donnant l'impression d'un jeu forcé ou maladroit. Le problème majeur réside dans la surabondance de personnages secondaires inutiles. Les amis des parents ou encore les gardiens de la maison alourdissent inutilement l'intrigue. Ces figures anecdotiques, peu travaillées et mal intégrées, ne suscitent ni attachement ni intérêt. À vouloir inclure trop de figures " comiques ", le film se disperse et oublie de donner de la substance à ses protagonistes principaux. Le cœur de toute comédie réside dans son humour. Ici, c'est précisément là que le bât blesse.
Si certaines répliques arrachent un sourire, beaucoup tombent à plat. Les gags, souvent prévisibles, peinent à surprendre. Le spectateur devine bien trop rapidement où chaque situation va le mener, réduisant l'effet comique à peau de chagrin. Le comble est atteint lorsque le personnage du Dr Béranger lui-même lâche : " Les blagues, c'est censé faire rire ". Une réplique qui, ironiquement, reflète parfaitement le ressenti face à cette avalanche de vannes manquées. Certains moments d'humour fonctionnent, notamment grâce au talent comique de Clavier et à quelques scènes bien senties avec Thomas VDB, surprenant dans son rôle de gourou excentrique. Toutefois, ces instants restent rares et ne suffisent pas à relever l'ensemble. La plupart des tentatives humoristiques s'enlisent dans des clichés ou suscitent un sentiment de gêne plutôt que de joie.
Visuellement, le film ne brille pas non plus. La mise en scène rappelle davantage celle d'un téléfilm qu'une œuvre cinématographique. La photographie fade, les plans peu inspirés et l'usage répétitif de musiques d'ambiance dignes des comédies de prime time ne font qu'accentuer l'impression d'un produit vite emballé, sans véritable recherche artistique. Cette absence d'audace visuelle contribue à rendre l'ensemble encore plus oubliable. S'il y a bien un élément qui se démarque dans
Jamais sans mon Psy, c'est son générique. Créatif et dynamique, il donne un aperçu de ce que le film aurait pu être avec une direction plus ambitieuse. Il est regrettable que cette originalité ne se retrouve pas dans le reste de l'œuvre. Le générique agit presque comme une promesse non tenue, laissant un goût amer après le visionnage.
L'échec de
Jamais sans mon Psy repose en grande partie sur son scénario et son traitement des personnages. Alors que le film aurait pu s'appuyer sur une exploration comique des relations humaines et des dynamiques familiales, il se contente d'effleurer ces thèmes avec des gags souvent maladroits et des dialogues qui manquent de piquant. À cela s'ajoute le choix d'un trop grand nombre de personnages secondaires qui diluent l'intrigue principale. Réduire ce casting pléthorique aurait permis de se concentrer sur les protagonistes et de leur offrir une véritable évolution, tant sur le plan comique qu'émotionnel. Le manque d'alchimie entre certains acteurs, particulièrement le couple formé par Clavier et Reali, nuit également à l'immersion. Les liens d'amitié supposés entre certains personnages sonnent faux, renforçant l'impression d'un film peu crédible.
Tout n'est pas à jeter pour autant. Les prestations de Christian Clavier, bien qu'en sous-régime et Claire Chust apportent un peu de lumière à une comédie autrement morne. Leur énergie parvient parfois à redynamiser des scènes en manque de souffle. De même, le personnage interprété par Thomas VDB, bien que stéréotypé, offre quelques moments de répit grâce à un jeu décalé. Ces éléments, bien que rares, rappellent qu'avec un meilleur travail d'écriture et une réalisation plus soignée, le film aurait pu atteindre une qualité bien supérieure.
Jamais sans mon Psy est une comédie qui, malgré son potentiel et un casting de premier ordre, s'effondre sous le poids d'un scénario convenu et d'une réalisation sans âme. Il est dommage qu'un film qui promettait tant sur le papier se révèle si décevant dans les faits.
Si vous êtes un inconditionnel de Christian Clavier, il est possible que vous y trouviez quelques instants à apprécier. Pour les autres, mieux vaut passer votre chemin. Cette expérience cinématographique ressemble davantage à une séance de thérapie ratée qu'à une véritable comédie thérapeutique. Un film à éviter, sauf pour ceux qui souhaitent voir comment même les meilleures intentions peuvent se heurter à une exécution bancale.
Note : 3/10. En bref, une comédie qui rate sa thérapie.
Sorti le 11 décembre 2024 au cinéma