Si le projet Love Gourou a de quoi affoler les zygomatiques via une affiche et une bande-annonce survoltées, son résultat sur grand écran est à la fois hilarant comme rageant puisque le film possède autant d'atouts que d'handicaps. Tout d'abord, le ton et les jokes du film. Baignant dans un univers où la vanne graveleuse règne en maître, où les jeux de mots hallucinants se bousculent au portillon, où les références à l'American Way of Life pullulent, Love Gourou carbure au super mais se retrouve vite confronté à la barrière culturelle pour bon nombre de spectateurs. Les fans accrocheront dès le début mais les autres risquent de rester perplexes. Ensuite, la réalisation qui alterne trop souvent le chaud et le froid laissant de nombreux passages en flottement dans l'attente d'une vanne plus efficace qu'une autre. Alors bien entendu, on n'est pas là pour se prendre la tête mais plutôt pour la perdre... quoiqu'il en soit, la comédie de Marco Schnabel surfe sur des vagues inégales et le rythme s'en retrouve un soupçon touché. Heureusement, le réalisateur tient en ses mains un sujet tellement loufoque et absurde agrémenté d'acteurs venus se tailler une récréation de feu, que l'ensemble passe agréablement. Baignant dans un univers hystérique où les gourous indiens deviennent une parabole ironique sur les sectes d'acteurs (notre gourou Pitka pense plus aux dollars qu'à l'élévation de la spiritualité), Love Gourou joue la carte de la grosse parodie en premier lieu et ouvre les portes au grand n'importe quoi. A ce petit jeu là, Mike Myers règne en maître tout puissant. En roue libre, ne reculant devant aucun excès, Myers fait du Myers avec un lot de références à la Austin Powers plus que jouissives. On appréciera donc les "TM" ajoutés à chaque présentation power point face à ses clients (euhhh disciples) mais aussi la majorité de ses délires orthophoniques comme gestuels. Graveleux, surpuissant dans la démence tutoyant la connerie sans parler de trouvailles ingénieuses, Myers est un tueur à gages aidé par une pléaide de comédiens : ainsi Jessica Alba qui semble embellir de film en film est juste magnifique et très propice aux délires de Myers. Verne Troyer, le Mini Me du Dr Evil provoque assez de crises de rires pour prétendre au rôle de petite victime généreuse, Ben Kingsley fait n'importe quoi et réussit son tour d'illusions tandis que Justin Timberlake en canadien surmembré et tendance pornostar à moustache n'a peur de rien et nous offre un numéro désopilant, égratignant son image de séducteur pour une énorme composition beauf à outrance. Tabernacle !
Ajoutons à cela des guests à n'en plus finir, venus s'éclater (gardons le suspense pour les moments les plus désopilants du film), une bande originale savoureuse, des numéros musicaux sortis de nulle part et une succession de gags assumants à 200% leurs côtés immondes , lourds et sans gênes et vous obtiendrez un résultat aussi malade qu'attachant et pété du ciboulot.
Comédie plaisante mais peu accessible, le génie comique pointe souvent le bout de son nez dans Love Gourou mais se retrouve quasi constament étouffé par une rythme boiteux et une surdose de gags. Dommage mais furieusement plaisant même si une fois les lumières rallumées, nous sommes en droit de nous demander "mais qu'est ce que c'était que ce truc ?". D'un autre côté telle est la force du film...
Pourquoi y aller ?
Pour le numéro sans borne en roue libre de Mike Myers. Pour la beauté de Jessica Alba. Pour Justin Timberlake dopé comme jamais. Pour les jeux de mots à pleurer de rires. Pour Mariska Hargitay.
Ce qui peut freiner ?
Les vannes complexe et poussives de jeux de mots. Le rythme un peu boiteux du film. L'ensemble des réfférence spurement américaines.