Critique Ciné : Hellboy: The Crooked Man (2024, direct to SVOD)

Publié le 12 décembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews

Hellboy: The Crooked Man // De Brian Taylor. Avec Jack Kesy, Jefferson White et Adeline Rudolph.

Hellboy: The Crooked Man marque une nouvelle tentative de redonner vie à l'univers captivant de l'iconique personnage. Cependant, malgré une volonté manifeste de respecter l'essence des comics, le film peine à atteindre les sommets des adaptations de Guillermo del Toro. Cette version, bien que sincère dans son effort, souffre de limitations flagrantes, notamment en raison de son budget restreint et de choix artistiques discutables. Dès les premières minutes, il est évident que le film manque de moyens pour déployer toute la richesse visuelle que requiert l'univers de Hellboy. Les décors et effets spéciaux, censés transporter le spectateur dans un monde sombre et mystérieux, trahissent une certaine austérité.

Hellboy et un agent débutant du BPRD s'échouent dans les Appalaches rurales des années 1950 et découvrent une petite communauté hantée par des sorcières, dirigées par l'Homme tortueux.

À plusieurs moments, l'impression d'assister à une production télévisée de qualité moyenne se fait sentir, un ressenti accentué par des maquillages rudimentaires et des costumes peu convaincants. La simplicité des effets visuels donne une impression de projet amateur, éloignant le spectateur de l'immersion attendue. Le choix des acteurs est également un point faible du film. Les performances, souvent peu convaincantes, manquent d'authenticité et de profondeur. Les interactions entre les personnages manquent de fluidité, laissant parfois une impression d'absence de chimie entre les acteurs. Jack Kesy, dans le rôle de Hellboy, parvient néanmoins à tirer son épingle du jeu. Son interprétation est solide et offre un semblant de consistance dans un film où les prestations sont autrement décevantes.

Il donne vie à un Hellboy convaincant, mais ses efforts sont souvent noyés dans des dialogues maladroits et une mise en scène qui peine à le mettre en valeur. Jefferson White, qui incarne un autre personnage clé, livre une prestation correcte mais tombe parfois dans l'excès. Son jeu oscille entre moments captivants et passages qui frôlent le surjeu, rendant son personnage difficile à apprécier pleinement. Malheureusement, ces faiblesses cumulées donnent parfois l'impression que Hellboy lui-même devient un personnage secondaire dans sa propre histoire.L'un des aspects les plus frustrants de Hellboy: The Crooked Man est son esthétique générale. La photographie est terne et manque d'inspiration, offrant des cadrages qui semblent souvent improvisés et des mouvements de caméra inutiles.

Cette faiblesse visuelle réduit considérablement l'impact des scènes clés et nuit à l'atmosphère sombre et surnaturelle que le film tente d'instaurer. La direction artistique, bien qu'elle s'efforce de rester fidèle à l'univers des comics, ne parvient pas à insuffler une identité visuelle marquante. Les costumes, quant à eux, sont particulièrement décevants. Le pantalon de Hellboy, par exemple, illustre bien cette faiblesse, semblant plus approprié à un cosplay amateur qu'à une production cinématographique. Ce manque de soin dans les détails visuels est un obstacle majeur à l'immersion.Malgré ces défauts, tout n'est pas à jeter dans ce film. L'ambiance générale, bien que bridée par les limites budgétaires, parvient parfois à capter une part de l'obscurité et du mysticisme propre à l'univers de Hellboy. La bande originale contribue à ce sentiment avec des mélodies inquiétantes et envoûtantes qui accompagnent les scènes clés.

Cependant, l'usage excessif de jump scares dilue l'efficacité de cette atmosphère, donnant un ton parfois forcé et prévisible. Le scénario, bien que fidèle dans son approche à certains éléments des comics, manque de substance et de profondeur. L'histoire ne parvient pas à captiver pleinement, avec un rythme inégal et des dialogues souvent maladroits. Hellboy, personnage central, est parfois relégué au second plan, ce qui nuit à l'impact émotionnel et narratif. Les scènes d'action, quant à elles, manquent d'intensité et de créativité. Une approche plus violente et viscérale aurait pu apporter l'énergie nécessaire à ces moments, mais le résultat final reste tiède et peu mémorable.

Hellboy: The Crooked Man est, en fin de compte, une production qui semble avoir été réalisée davantage pour conserver les droits sur la franchise que pour offrir une véritable relecture ambitieuse du personnage. Les intentions sont claires, et les efforts de l'équipe pour faire de leur mieux avec les ressources disponibles sont évidents, mais cela ne suffit pas à compenser les nombreuses failles. En dépit d'une atmosphère globalement correcte et de l'interprétation notable de Jack Kesy, le film laisse une impression générale de déception.En tant que fan des premières adaptations de Hellboy, je ne peux qu'exprimer ma frustration face à ce projet. Si l'idée d'une approche plus fidèle aux comics avait de quoi séduire, la réalisation manque cruellement de souffle et d'ampleur.

Le film ne parvient pas à exploiter le potentiel de son riche matériau de base, et l'impression qu'il aurait pu être bien plus avec un budget et une direction artistique solides est difficile à ignorer. Pour ceux qui espèrent retrouver l'éclat des adaptations de Guillermo del Toro, Hellboy: The Crooked Man risque de décevoir. Ce n'est pas un mauvais film en soi, mais il est loin d'être à la hauteur des attentes placées en lui. Le produit final ressemble davantage à un projet scolaire ambitieux qu'à une véritable renaissance cinématographique de l'un des personnages les plus emblématiques de l'univers des comics.

Note : 3/10. En bref, tentative prometteuse de rester fidèle au produit original mais qui échoue à réussir ses propres ambitions par manque cruel de budget et d'un casting à la hauteur.

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