Critiques Séries : Dune: Prophecy. Saison 1. Episode 4.

Publié le 11 décembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews

Dune: Prophecy // Saison 1. Episode 4. Twice Born.

Dune Prophecy poursuit son exploration des arcanes du pouvoir et des intrigues avec un quatrième épisode, "Twice Born", qui marque un tournant décisif pour Valya Harkonnen et la série. Si la promesse initiale de la série était d'offrir une vision sophistiquée des machinations politiques dans l'univers de Dune, cet épisode met en lumière les forces et les failles de la production. Entre scènes visuellement saisissantes et un récit parfois maladroit, cet épisode invite à une réflexion sur ce que la série ambitionne réellement. L'épisode s'ouvre sur une première manœuvre d'envergure de Valya Harkonnen. Par le biais des Truthsayers qu'elle contrôle, Valya orchestre une campagne de rumeurs visant à déstabiliser l'Empereur Javicco Corrino. L'accusation implicite du meurtre de Pruwet Richese devient le prétexte parfait pour pousser une maison mineure à investiguer, en l'occurrence... la maison Harkonnen elle-même.

Ce plan, bien que visuellement bien exécuté grâce à une mise en scène soignée et des costumes somptueux, pêche par sa simplicité. L'idée d'une stratégie subtile perd de sa force quand le spectateur peut en anticiper chaque étape. Ce problème de prévisibilité est récurrent dans Dune Prophecy. Alors que l'univers de Dune a toujours été synonyme de complexité et de profondeur, la série tend ici à simplifier ses intrigues. La tension politique, censée captiver, laisse plutôt l'impression d'un jeu d'échecs dont les coups sont annoncés à l'avance.En parallèle, "Twice Born" plonge dans les tourments de la Sisterhood sur Wallach IX. Une séquence onirique ouvre l'épisode, où les acolytes rêvent d'un rituel morbide près d'un puits.

Ce cauchemar collectif, superbement mis en scène, plante les graines d'une paranoïa grandissante au sein de la communauté. Olivia Williams, dans le rôle de Tula, incarne à merveille la pression de maintenir l'ordre au milieu du chaos. Cependant, cette intrigue ne parvient pas à atteindre son plein potentiel. Les scènes censées approfondir le mystère se réduisent souvent à des discussions explicatives, comme si les scénaristes craignaient de laisser le spectateur interpréter par lui-même. Un exemple marquant est la séance de dessin des acolytes, où les visions effrayantes cèdent la place à une interprétation presque didactique. L'idée de la peur comme catalyseur de transformation aurait mérité une exploration plus subtile.

Si certaines interprétations brillent, d'autres peinent à convaincre. Edward Davis, en jeune Harrow Harkonnen, est un exemple remarquable de réussite. Son jeu d'acteur capte parfaitement les nuances d'un personnage tiraillé entre ambition et insécurité. À l'inverse, Travis Fimmel, dans le rôle de Desmond Hart, polarise l'attention par un jeu volontairement extravagant. Sa prestation théâtrale peut être perçue comme un atout ou un défaut, selon les goûts, mais elle donne au personnage une énergie chaotique qui tranche avec l'atmosphère calculée du reste de la série. Malheureusement, les jeunes actrices incarnant les acolytes semblent souvent démunies face à des dialogues qui manquent de profondeur. Cela nuit à la crédibilité émotionnelle de leurs scènes, notamment dans les moments où la terreur collective devrait imprégner l'écran.

L'un des défis de Dune Prophecy réside dans son statut de prequel. L'épisode laisse entendre que la célèbre Litany Against Fear est sur le point de naître des événements vécus par Tula. Pourtant, cette intrigue risque de souffrir du piège classique des récits originels : enlever le mystère à ce qui aurait pu rester implicite. Si la série ne parvient pas à insuffler une résonance universelle à cette création, elle risque de réduire un moment emblématique de l'univers Dune à une simple anecdote. Malgré ses défauts narratifs, "Twice Born" bénéficie d'une réalisation visuelle impressionnante. La direction artistique excelle à retranscrire l'opulence et le mysticisme de l'univers de Dune. Les contrastes entre les noirs austères de la Sisterhood et les tenues flamboyantes des grandes Maisons captivent l'œil et renforcent le symbolisme des scènes.

Ces choix esthétiques rappellent que la richesse visuelle de Dune Prophecy reste l'un de ses points forts. En substance, "Twice Born" réaffirme l'idée centrale que le pouvoir corrompt et que les jeux de pouvoir sont souvent vains. Cependant, cette réflexion semble manquer de fraîcheur. Comparée à des œuvres comme Game of Thrones ou les romans originaux de Frank Herbert, la série peine à proposer une perspective originale. Les dialogues, souvent explicatifs, affaiblissent l'impact des scènes clés en diminuant la place laissée à l'interprétation."Twice Born" illustre à la fois les ambitions et les limites de Dune Prophecy. Si l'épisode avance les intrigues des Harkonnen et de la Sisterhood, il échoue à captiver par une narration trop prévisible et un développement parfois superficiel des thèmes.

La richesse visuelle et quelques performances mémorables sauvent l'ensemble, mais la série semble encore hésiter entre drame politique sophistiqué et spectacle grand public. Avec seulement deux épisodes restants, Dune Prophecy doit impérativement élever son jeu pour offrir une conclusion à la hauteur de ses promesses initiales.

Note : 4.5/10. En bref, gros coup de mou alors que la série hésite sur ce qu'elle veut être réellement.