Critique Ciné de Noël 🎅 : Noël à Miller's Point (2024)

Publié le 11 décembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews

Cette année, pour Noël, j'ai décidé de faire 28 critiques de films de Noël (nouveaux et anciens) pour les 28 jours qui arrivent avant le jour de Noël. Le film est le quatorzième film de Noël de ce petit rendez-vous de fin d'année. Si vous avez envie de suggérer un film, je vous laisse le faire en commentaire. Retrouvez les films précédents en Noël à Miller's Point cliquant ici.

🎅 Noël à Miller's Point 🎅 // De Tyler Taormina. Avec Matilda Fleming, Michael Cera et Francesca Scorsese.

Noël à Miller's Point, réalisé par Tyler Taormina, est une tentative de peindre une fresque intimiste et familiale autour de la période des fêtes. Malheureusement, cette œuvre peine à captiver par son manque de direction claire, ses choix narratifs brouillons et son incapacité à créer un lien émotionnel avec le spectateur. Si l'idée de plonger dans l'effervescence d'une réunion de famille italo-américaine pour le réveillon de Noël avait de quoi séduire, le résultat final s'apparente davantage à une compilation confuse de scènes sans âme, à la frontière entre la nostalgie et l'ennui. Le film adopte une structure chorale, multipliant les personnages et les points de vue sans pour autant offrir au spectateur un ancrage solide.

Une boule de Noël irisée, à la fois réconfortante et crépusculaire : Tyler Taormina filme un réveillon qui réunit les membres d'une famille italo-américaine de classe moyenne. Alors que la nuit avance et que des tensions éclatent, l'une des adolescentes s'éclipse avec son amie pour conquérir la banlieue hivernale.

Dès les premières minutes, une sensation d'éparpillement s'installe : qui sont ces personnages ? Quelle est leur relation entre eux ? Pourquoi devrions-nous nous soucier de ce qui leur arrive ? Ces questions restent sans réponse, créant un fossé émotionnel qui s'élargit au fil des scènes. Au lieu de tisser une toile relationnelle intrigante, le film se contente de juxtaposer des saynètes sans réel lien narratif. Les dialogues, souvent anodins ou lunaires, ajoutent à cette impression d'étrangeté. On a parfois le sentiment d'assister à une réunion familiale privée où l'on serait un simple spectateur passif, étranger aux enjeux et aux subtilités de ces interactions. Cette distanciation rend difficile, voire impossible, l'investissement émotionnel dans l'histoire ou les personnages.

Tyler Taormina semble avoir eu des ambitions de grande envergure avec Noël à Miller's Point, mais celles-ci se diluent dans un excès de prétention et un manque de cohérence. Ce qui aurait pu être une exploration fine et nuancée des dynamiques familiales se transforme en un patchwork désordonné de moments disparates. Le film suggère à plusieurs reprises des pistes intéressantes : des tentatives d'humour absurde, des élans de tendresse ou de cruauté, et même une certaine poésie visuelle. Pourtant, ces éléments restent à l'état embryonnaire, jamais pleinement développés ni exploités. Le gag de la pin-up en carton sur un robot aspirateur, par exemple, aurait pu apporter une légèreté bienvenue. Hélas, mal intégré au reste, il passe presque inaperçu.

Visuellement, Noël à Miller's Point n'est pas dénué de charme. Taormina joue avec des cadrages parfois originaux et des plans qui tentent de capturer l'intimité et le chaos d'une grande fête de famille. Mais cette mise en scène, aussi travaillée soit-elle, ne suffit pas à rattraper les lacunes narratives. Elle finit par ressembler à une façade, une coquille vide où la forme prime sur le fond. De même, la bande-son omniprésente, bien que techniquement maîtrisée, agace par son insistance. Les mélodies de Noël survolées par un style volontairement kitsch deviennent rapidement envahissantes, renforçant l'impression d'un trop-plein sonore qui étouffe le spectateur plutôt que de l'immerger. Le manque de profondeur des personnages est l'un des principaux écueils du film. Malgré la présence de visages reconnaissables comme Francesca Scorsese ou Sawyer Spielberg, ces caméos ne parviennent pas à donner du poids à l'ensemble.

Les personnages restent des silhouettes floues, des archétypes sans consistance. Qui est l'oncle bruyant dans le coin ? Pourquoi cette cousine semble si distante ? Le spectateur est laissé à lui-même pour deviner, ou pire, abandonner. Ce déficit d'identification pourrait être pardonnable si les interactions entre les personnages étaient captivantes. Or, elles se limitent à des bavardages souvent inconsistants ou à des scènes de chaos sans réelle intention dramatique. Ce manque de clarté rend le visionnage frustrant et alourdit encore davantage une structure déjà bancale. Le film ambitionne d'éveiller un sentiment de nostalgie et de mélancolie chez son public, en s'appuyant sur l'idée universelle des retrouvailles familiales pendant les fêtes. Malheureusement, cette tentative échoue.

Là où des œuvres comme Fête de famille parviennent à mêler émotion et humour, Noël à Miller's Point se perd dans une vision trop introspective et inaccessible. Au lieu de faire revivre des souvenirs chaleureux ou de susciter une réflexion sur les liens familiaux, le film laisse une impression de froideur. L'absence de moments forts ou mémorables contribue à ce sentiment de vacuité. Le dernier acte tente timidement de sortir du marasme avec une évolution légère du rythme et des tonalités. Toutefois, ces efforts arrivent trop tard pour sauver l'ensemble. Les quelques moments de grâce ou d'émotion restent anecdotiques face à la monotonie générale. L'apparition de Michael Cera, par exemple, aurait pu offrir un souffle d'originalité. Mais, comme beaucoup d'autres éléments du film, son rôle est sous-exploité et laisse un goût d'inachevé.

Noël à Miller's Point est une œuvre qui peut séduire certains par son approche contemplative et sa tentative de capturer l'essence des fêtes familiales. Mais pour d'autres, dont je fais partie, cette proposition manque cruellement de substance et d'authenticité. Ce qui aurait pu être une expérience immersive et riche en émotions devient un exercice vain, trop centré sur les caprices de son réalisateur et trop éloigné des attentes du spectateur. En somme, Noël à Miller's Point est une curiosité cinématographique qui, malgré quelques fulgurances visuelles, s'effondre sous le poids de ses ambitions mal maîtrisées. Un film à oublier, sauf si l'on est amateur de chaos familial sans but ni fil conducteur. Pour ma part, je ne retiendrai de cette expérience qu'un sentiment d'ennui persistant et une question lancinante : pourquoi ?

Note : 3/10. En bref, une fête de Noël qui manque de magie cinématographique.