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Ça, c’est Paris ! (Saison 1, 6 épisodes) : une série qui laisse la poussière s’accumuler sur le cabaret

Publié le 11 décembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
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Les cabarets parisiens, hauts lieux de flamboyance et de passion, auraient mérité une série capable d'en capturer l'essence. Pourtant, Ça, c'est Paris !, réalisée par Marc Fitoussi, s'égare dans des stéréotypes et des maladresses qui étouffent son potentiel. Malgré un casting prometteur et une intrigue séduisante sur le papier, cette première saison en six épisodes échoue à convaincre. Loin d'être un vibrant hommage aux nuits parisiennes, la série ressemble à une carte postale délavée, où chaque élément semble figé dans une époque révolue. L'histoire repose sur un fil conducteur intrigant : Gaspard Berthille, directeur du cabaret Tout-Paris, est confronté à une décision difficile.

Héritier d'un lieu mythique des nuits parisiennes, il envisage de vendre l'établissement à un groupe de supermarchés, sacrifiant ainsi l'âme du cabaret sur l'autel de la rentabilité. Mais le potentiel dramatique de cette trame est noyé dans un scénario qui ne décolle jamais. Plutôt que de plonger dans la richesse émotionnelle et artistique de cet univers, la série s'éparpille dans une série de scènes anecdotiques et de dialogues creux. Les premiers épisodes, censés poser les bases d'un récit captivant, s'égarent dans la présentation d'un trop grand nombre de personnages, souvent sans relief ni véritable développement. L'absence d'attachement aux protagonistes rend difficile toute immersion dans l'histoire. Même Gaspard, qui devrait incarner le cœur émotionnel du récit, peine à susciter de l'empathie.

L'une des plus grandes déceptions de la série réside dans son casting. Alex Lutz, choisi pour incarner Gaspard, semble étrangement hors de son élément. Connu pour sa finesse et son humour, l'acteur semble ici désincarné, incapable d'insuffler de la profondeur ou du charisme à son personnage. Ce manque de justesse n'est pas propre à Lutz : l'ensemble des acteurs, qu'ils soient confirmés ou débutants, souffre d'une direction qui les laisse naviguer à vue. Même Nicolas Maury, dont le talent n'est plus à prouver, semble prisonnier d'une mise en scène maladroite. Dans le rôle d'un metteur en scène excentrique, il oscille entre surjeu et moments creux, comme si la série elle-même ne savait pas quoi faire de lui. Quant aux personnages secondaires, leur présence est si peu exploitée qu'ils restent à l'état d'ébauches sans réelle personnalité.

Le cabaret, lieu par essence de passion et d'émotion, devient ici une scène dépeuplée, où personne ne semble trouver sa place. Le choix du décor du Paradis Latin aurait pu être un atout majeur pour la série, mais la réalisation en gomme l'éclat. Chaque scène semble emprisonnée dans une esthétique figée, rappelant les productions télévisées des décennies passées. Plutôt que de célébrer la modernité ou de rendre hommage à la vitalité du cabaret, la série s'enlise dans une nostalgie étouffante, où tout paraît artificiel. Certaines scènes semblent n'être là que pour remplir le temps d'écran, sans apporter de valeur ni à l'intrigue, ni à l'ambiance, ni aux personnages. Ces moments vides perturbent le rythme déjà lent de la série, laissant au spectateur une impression de vacuité.

Ce manque de cohérence visuelle et narrative nuit gravement à l'immersion. Une série de ce genre devrait être portée par une narration forte, capable d'entraîner le spectateur dans un tourbillon d'émotions et de rebondissements. Malheureusement, Ça, c'est Paris ! semble hésiter sur le ton à adopter. La dramaturgie promise - sauver un cabaret de la faillite face à la modernité - est trop souvent reléguée à l'arrière-plan, au profit de scènes superficielles qui n'ajoutent rien à l'histoire. Le scénario manque de suspense, d'objectifs clairs et de moments marquants. Même la mise en lumière de la troupe du cabaret, qui aurait pu apporter une dimension collective et humaine, reste superficielle. Les danseuses, par exemple, sont à peine esquissées, réduites à des archétypes sans profondeur.

L'idée d'explorer les coulisses d'un cabaret, un univers foisonnant et riche en histoires, est ainsi complètement sous-exploitée. Le cabaret, par nature, est un lieu d'audace, d'impertinence et de liberté artistique. Pourtant, la série semble avoir laissé cet esprit au vestiaire. Là où l'on aurait pu espérer des dialogues percutants, une mise en scène inventive et des personnages vibrants, Ça, c'est Paris ! offre un spectacle sage et convenu. Loin d'être une célébration de la créativité et de la vie de troupe, la série tombe dans une caricature poussiéreuse, dépourvue de la magie propre à cet univers. Même les rares tentatives d'humour ou d'irrévérence tombent à plat, empêtrées dans une réalisation trop académique. La série semble trop respectueuse de ses propres clichés pour oser s'en affranchir et proposer quelque chose de réellement nouveau ou audacieux.

Malgré ses nombreux défauts, la série n'est pas complètement dénuée de qualités. Certains moments parviennent à capter l'attention, notamment grâce à des choix musicaux réussis ou à des éclairs de sincérité dans les interactions entre personnages. De même, l'apparition de Nicolas Maury, bien que mal exploitée, offre un aperçu de ce que la série aurait pu être avec une direction plus audacieuse. Enfin, le thème central - la lutte pour préserver un lieu chargé de mémoire face aux pressions de la modernité - reste pertinent et aurait pu donner lieu à une œuvre marquante. Mais pour cela, il aurait fallu un traitement beaucoup plus subtil et inspiré. Présentée comme une œuvre dans la lignée de Dix pour cent, Ça, c'est Paris ! souffre de cette comparaison. Là où la première brillait par son écriture fine, ses personnages attachants et son équilibre entre humour et émotion, la seconde se perd dans une dramaturgie maladroite et des stéréotypes éculés.

La magie qui faisait de Dix pour cent un succès universel est totalement absente ici. En cherchant à surfer sur le même concept sans en maîtriser les codes, Ça, c'est Paris ! finit par ressembler à une version édulcorée et datée, incapable de capturer l'air du temps. Le spectateur, lui, reste frustré devant ce potentiel gâché. Avec Ça, c'est Paris !, le cabaret parisien aurait dû retrouver sa place sur le devant de la scène. Mais au lieu de cela, cette première saison laisse l'impression d'un spectacle raté, où l'absence de direction artistique claire et de profondeur narrative transforme ce qui aurait pu être un hommage vibrant en une œuvre désespérément fade. Alors que les cabarets sont par essence synonymes de passion, d'audace et de créativité, la série s'enlise dans des choix esthétiques et narratifs poussiéreux, comme ces vieux costumes abandonnés dans un grenier.

Le casting, pourtant prometteur sur le papier, est mal dirigé et n'arrive jamais à faire vivre ses personnages. Et si l'intrigue offre quelques éclairs d'intérêt, elle reste trop souvent noyée dans des longueurs inutiles et des clichés dépassés. Pour ceux qui espéraient une plongée lumineuse et captivante dans l'univers du cabaret, cette série s'apparente davantage à un rendez-vous manqué. Espérons que si une seconde saison voit le jour, elle saura dépoussiérer cet univers et lui rendre justice. En attendant, Ça, c'est Paris ! restera pour moi une série qui, malgré ses paillettes, manque cruellement d'éclat.

Note : 2/10. En bref, Ca c'est Paris ! c'est l'arrière grand mère de Dix Pour Cent laissée au grenier.

Disponible sur france.tv


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