Mes Petites FablesPour expliquer ce qu'est l'appel de Politis, permettez-moi de
rappeler des éléments du contexte politique dans lequel nous nous trouvions au
moment où l'hebdomadaire publiait cet appel.
Cet appel, donc, intervient
à une période qui pourrait se caractériser par trois données :
1- Une
accélération, sans précédent, des politiques capitaliste et productiviste à
l'échelle planétaire qui détruisent les conquêtes sociales, bouleversent et
recomposent les équilibres sociaux, pillent les ressources naturelles et mettent
en danger les équilibres écologiques.
Trois exemples pour illustrer les
conséquences de ces politiques :
- La destruction des services publics,
en France et en Europe, qui casse l'organisation solidaire de notre construction
sociale ;
- La flambée des prix des produits agricoles et les émeutes de
la faim, en Egypte, en Haïti, provoquées entre autres par les mouvements
financier spéculatifs ;
- La crise du pétrole qui, enrichissant le uns
et appauvissant les autres, est aussi une crise écologique et met en évidence
les dysfonctionnements de notre modèle de développement.
2- Les fortes
mobilisations sociales et populaires de ces dernières années. Des grèves et
manifestations contre le plan Juppé de 1995 jusqu'aux mobilisations de ce
printemps de 2008 pour un service public d'éducation de qualité, pour la défense
de l'emploi et de l'industrie à Grandange*, pour un système de retraite juste et
solidaire, toutes attestent des oppositions et des résistances à une politique
offensive de privatisation des biens communs, de mise en concurrence généralisée
des entreprises et des travailleurs comme l'institue, à l'échelle de l'Europe,
le dernier arrêt de la Cour de Justice Européenne, l'arrêt "Rüffert"** qui tire
vers le bas les droits sociaux des pays membres.
De fortes mobilisations
donc, mais sans perspectives de débouchés politiques persistants et crédibles.
3- Une gauche de transformation sociale et écologique qui ne prend pas
l'espace aujourd'hui en jachère de contestation des politiques libérales et
d'offre d'alternative et nouvelle. Cette gauche serait la traduction
politique des mobilisations populaires. Entre un appareil, une direction du
parti socialiste qui tait de moins en moins son ralliement à une variante du
libéralisme dominant, et une gauche de transformations affaiblie, émiettée,
éparpillée voire concurrente, la droite la plus vorace déploie, non sans
contradiction, ses contre-réformes anti-sociales.
Pour autant des
expériences de luttes et de constructions politiques montrent qu'il peut y avoir
des mobilisations victorieuses et des offres d'alternatives qui rencontrent un
fort écho parmi la population.
Encore faut-il pouvoir, comme le conclut
l'appel de Politis, construire un cadre permanent qui nous permette,
ensemble de réfléchir aux moyens d'une vraie réponse politique aux attaques de
la droite et du MEDEF.
* Acieries en partie fermées par Mittal au printemps
2008
** Entreprise allemande qui a employé des ouvriers polonais en
alignant leurs salaires sur la marché polonais.
Plusieurs milliers de citoyens d’horizons divers se mobilisent avec le magazine Politis pour la création d’un cadre permanent à l’intérieur duquel les forces de la gauche sociale et écologiste pourraient mener le débat.