Special Ops: Lioness // Saison 2. Episode 8. The Compass Points Home.
Le final de la saison 2 de Lioness frappe fort, comme une claque qui résonne longtemps après que le silence s'installe. Cette série, toujours aussi audacieuse et provocante, se termine sur une note aussi explosive que dérangeante, reflétant les fractures et les contradictions d'un monde en pleine dérive. Cet épisode, dense en action et en émotions, soulève une question essentielle : à quel prix la stabilité est-elle maintenue, et qui paie réellement ce prix ?Dès les premières scènes, Lioness rappelle son goût pour l'intensité dramatique. Joe et son équipe se préparent pour une ultime mission, cette fois à la frontière entre la Turquie, l'Irak et l'Iran. Le ton est donné : le moindre faux pas pourrait transformer cette opération en désastre.
Ce contexte tendu, où chaque mouvement compte, s'ajoute à une dynamique interne déjà fragile. L'équipe est épuisée, physiquement et émotionnellement, et les enjeux de cette mission semblent insurmontables. Joe, fidèle à son personnage, reste inflexible. Elle s'impose comme la figure dominante, n'hésitant pas à remettre à leur place des figures d'autorité locales. Cette attitude, à la fois fascinante et agaçante, est symptomatique de la manière dont Lioness aborde la guerre moderne : sans fard, mais avec une pointe d'excès qui flirte parfois avec la caricature. Pendant ce temps, à des milliers de kilomètres, Kaitlyn et Byron manœuvrent dans l'ombre. Leur interaction avec Pablo Carrillo, chef de cartel, est un moment clé de l'épisode. Cette scène, à la fois froide et calculée, illustre parfaitement le cynisme des relations internationales dans l'univers de Lioness.
Kaitlyn propose à Carrillo un pacte faustien : prendre le contrôle de son organisation en échange de la protection des États-Unis. Le meurtre de son propre frère par Carrillo, ordonné à peine l'accord scellé, souligne la brutalité de ce monde où la loyauté et la morale n'ont pas leur place. La réplique de Byron, observant cette violence avec un mélange de dégoût et de résignation, résonne particulièrement. Une phrase qui démontre parfaitement le sentiment d'impuissance face à la machine institutionnelle. Le cœur de l'épisode repose sur la mission principale : intercepter deux scientifiques chinois transportant des informations cruciales sur les capacités nucléaires iraniennes. Mais, comme dans toute bonne série d'action, rien ne se passe comme prévu. L'hélicoptère de Josie s'écrase, déclenchant une séquence de chaos où chaque membre de l'équipe lutte pour sa survie.
Cette descente en enfer est filmée avec une intensité remarquable. Les ennemis affluent de toutes parts, et même les meilleures stratégies tactiques semblent insuffisantes face à l'ampleur de la menace. Les moments de bravoure individuelle, bien que spectaculaires, ne masquent pas le désespoir collectif. La tension atteint son apogée lorsque des renforts aériens finissent par détruire l'opposition, sauvant in extremis l'équipe. Mais à quel prix ?De retour à la base, l'équipe est brisée, tant physiquement que mentalement. Joe, malgré ses blessures et son épuisement, reste prisonnière de sa propre loyauté envers ce mode de vie. Cette incapacité à abandonner le terrain, même lorsque tout semble perdu, reflète un thème récurrent dans Lioness : la dépendance à l'adrénaline et la difficulté de tourner la page.
La conversation finale entre Joe et son mari, Neal, ajoute une couche d'ambiguïté. Après l'intensité dramatique des épisodes précédents, cet échange semble presque superficiel, comme un apaisement artificiel destiné à préparer une éventuelle saison 3. Pourtant, il y a une vérité sous-jacente dans cette fausse accalmie : Joe est condamnée à ce cycle de violence, incapable de trouver une véritable rédemption ou un sens à ses sacrifices.Au-delà des scènes d'action et des intrigues personnelles, cet épisode sert également de réflexion sur les politiques internationales. Les justifications officielles - stopper les avancées nucléaires iraniennes ou garantir la sécurité nationale - semblent être des prétextes pour des démonstrations de force et des jeux de pouvoir. Mullins, dans son rôle de secrétaire aux ordres, incarne ce pragmatisme brutal où la domination devient l'unique moyen de stabiliser un monde chaotique.
Cependant, Lioness ne prétend pas offrir de réponses. Au contraire, la série se complaît dans cette zone grise où le bien et le mal se confondent. Les " victoires " obtenues, comme l'élimination d'un chef de cartel ou la neutralisation de menaces nucléaires, apparaissent futiles face aux dégâts collatéraux et à l'absence de changement durable. Lioness, malgré ses qualités indéniables, n'est pas sans défauts. Le traitement des personnages féminins, notamment, continue de diviser. Si Joe et Kaitlyn sont des figures fortes et complexes, leur écriture tombe parfois dans des excès qui nuisent à leur crédibilité. Certaines scènes semblent forcées, cherchant à surjouer la dureté plutôt qu'à explorer la profondeur. Malgré ces imperfections, la série reste un spectacle captivant. Son mélange de thriller politique et d'action militaire, ponctué de moments d'introspection, parvient à maintenir l'attention.
La tension palpable, les dilemmes moraux et les relations complexes entre les personnages en font une œuvre riche en émotions, même si elle manque parfois de finesse. Avec ce final, Lioness clôt sa deuxième saison sur une note sombre et ambiguë. L'équipe est en ruines, les succès apparents sont éclipsés par un sentiment de futilité, et Joe reste enfermée dans un cycle autodestructeur. Pourtant, cette noirceur fait la force de la série. Elle refuse les solutions faciles et les conclusions satisfaisantes, préférant refléter le chaos et les contradictions de notre époque. Si une troisième saison voit le jour, je m'attends à ce qu'elle continue d'explorer ces thèmes complexes, tout en affinant les faiblesses narratives qui ont parfois freiné son potentiel. Lioness n'est pas une série parfaite, mais elle a le mérite de bousculer, de faire réfléchir, et surtout, de captiver. Une qualité rare dans le paysage télévisuel actuel.
Note : 7/10. En bref, une conclusion explosive à la hauteur des enjeux de la saison 2.
Disponible sur Paramount+
Paramount+ n'a pas encore renouvelé Special Ops: Lioness pour une saison 3 à l'heure où j'écris ces lignes.