Réguler le nombre d'étrangers dans le championnat : une initiative Anglaise à suivre ?
Publié le 01 septembre 2008 par Ansolo
Dans
un interview donné il y a quelques jours, Rob Andrews,
ancien demi d'ouverture international et actuel Directeur du
rugby « élite » au sein de la
fédération anglaise de rugby (RFU), a
dévoilé un mécanisme incitatif pour
réguler le nombre d'étrangers évoluant
dans les clubs de la première division anglaise.
Rob Andrews part du constat que 65% des joueurs évoluant en
Premiership sont susceptibles d'être
sélectionnés en équipe d'Angleterre. Il
est utile de préciser que ce critère est un peu plus
large que celui de la nationalité, puisque des joueurs
dotés d'un passeport étranger peuvent, sous
certaines conditions, arborer le maillot à la Rose.
Le dispositif d'incitation repose évidemment sur le
nerf de la guerre : l'argent.
Tout club qui alignera sur sa feuille de match de championnat 14
joueurs sélectionnables en Equipe d'Angleterre
touchera une prime versée par la RFU. Et celle-ci pourra
augmenter sa contribution en cas d'effort
supplémentaire des clubs. On le voit, la
fédération a préféré la carotte
au bâton. Mais pour cela, il faut pouvoir disposer d'un
stock de carottes suffisamment important. Une telle mesure doit,
selon Rob Andrews avoir une double conséquence positive :
donner du temps de jeu aux internationaux anglais et à ceux
qui prétendent le devenir, tout en incitant les clubs
à n'embaucher que des « étrangers »
apportant une réelle plus-value à
l'équipe. De surcroît, elle permet de contourner
habilement la réglementation sur le droit du travail : il ne
s'agit pas d'interdire le recrutement de joueurs
étrangers mais simplement de donner un petit coup de pouce
financier aux clubs faisant le choix du marché
domestique...
On mesure bien la différence qu'il peut y avoir entre
la situation Anglaise et celle qu'on observe en France. Le
rugby Anglais tente, avec le pragmatisme qu'on lui
connaît, de concilier l'intérêt de
l'équipe nationale avec celui des clubs, en
s'appuyant sur ces derniers au lieu de les affronter. La RFU
a bien compris qu'elle ne pourrait pas lutter
indéfiniment contre les employeurs des joueurs
internationaux, mais qu'il fallait au contraire les associer,
en reconnaissant notamment que les sollicitations qu'elle
opère vis-à-vis des internationaux doivent
s'accompagner d'une contrepartie financière. On
est loin de l'attitude quelque peu orgueilleuse consistant
à considérer la sélection comme un
privilège inestimable, justifiant que les clubs se plient
gracieusement à ses exigences et qu'ils en assument
toutes les conséquences, y compris en cas de blessure des
joueurs.
A cet égard, la fédération anglaise peut
compter sur sa surface financière très large. Parmi
les instruments de la puissance économique de la RFU figure
le stade de Twinckenham, dont elle est la propriétaire. Cet
atout outre-manche fait vraiment la différence avec la
situation française. Les conditions de location du Stade de
France par la FFR sont, semble-t-il, particulièrement peu
favorables. Sans compter qu'une partie des places est
réservée au consortium.
L'idée de la Fédération anglaise
paraît très intéressante, mais on ne voit pas
bien comment les instances françaises pourraient lui
emboîter le pas. Question de moyens, comme
toujours...