Il y a dans une classe des silences très divers : le silence morne d’élèves qui s’ennuient, le silence menaçant et réprobateur, le silence passionné d’esprits en éveil, le silence indifférent ou complice. Aussi obtenir le silence est-il loin de faire une leçon réussie.
Il est certes la condition de l’attention autant qu’il en est la conséquence. Car le bruit disperse, et l’intérêt concentre. Mais ce silence n’est rien encore s’il ne se fait pas en soi, si l’on ne fait pas taire les images mal venues et les pensées de traverse : bruits intérieurs qui rendent sourds à la parole qui veut se faire entendre.
Cette paix et ce calme conquis sur soi, le silence est attention et ouverture au sens. Non le silence étonné et vide de l’incompréhension, mais cet autre, éveillé et curieux, qui traduit le désir de comprendre — silence du savoir naissant.
Tel est celui qu’inspire non la crainte, mais l’espoir d’apprendre quelque chose. C’est pourquoi la clarté et l’intelligibilité du propos sont essentielles. Peut naître alors le vrai silence, ou silence devant le vrai.