C’est un petit commerce alimentaire près de chez moi où je me sers de temps à autres. Au départ, la commerçante qui fait la remarque, à la cantonade que « Ah, ces jeunes, ils disent qu’ils veulent travailler et, quand on leur en propose,y’a plus personne ». Propos immédiatement relancé par quelqu’un dans la file d’attente : « Ils ont bien trop d’indemnités, les primes à Noël, … ». Une troisième, âgée, embraye : « Et on se lève à 11 heures, on traîne toute la journée et on se réveille juste pour toucher le RMI… ». Une quatrième « Pendant ce temps, nous on se lève, on travaille et on paye ces feignants ». Une cinquième « Ah, si ça tenait qu’à moi..! »…
Etonnamment, la conversation n’a pas dérivé sur les immigrés. Et on sentait dans leurs propos la haine de pauvres gens exploités, aux fins de mois difficiles, vraisemblablement maltraités dans leur vie professionnelle et qui faisaient corps avec leurs exploiteurs, syndrome de Stockholm avant la lettre à moins que ce ne soit le haro sur des boucs émissaires.
Incompréhensiblement serein ce matin là, je me suis borné à un « Ah, elle est belle notre République ! », que la plupart des présents, à ma grande honte, ont interprété comme un soutien à leurs propos.
J’en veux à la droite française de nourrir et se nourrir de tout ce que l’humain compte de pire, de mesquin, de méchant, d’obséquieux envers les « puissants », de ce qui inspirait les dénonciations à la Gestapo pendant la dernière guerre.
Et je m’en veux, par flemme ou lâcheté, de n’avoir pas rectifié mes propos en montrant à ces gens là que nous nos valeurs n’étaient pas les mêmes.
PS- Et toujours pas d’accès Internet. France Télécom dit maintenant qu’il n’est pour rien dans cette “désynchronisation”..!