Matlock // Saison 1. Episode 7. Belly of the Beast.
La série Matlock nous prouve encore une fois qu'elle est bien plus qu'un simple drame juridique avec son septième épisode de la saison 1, " Belly of the Beast ". Sous ses airs de conte de Noël, l'épisode se révèle être une exploration sombre et émotive des dilemmes moraux, des tensions personnelles, et des défis professionnels. Loin des clichés festifs, cet épisode, réalisé par Tessa Blake et écrit par Hennah Sekander, brise les attentes et laisse un goût amer, mais captivant. Voici pourquoi cet épisode mérite une attention particulière. Dès les premières minutes, l'épisode juxtapose des éléments légers - pulls moches, chants a cappella - à une intrigue tendue et éreintante. Le cadre festif de Noël offre un contraste cruel avec les enjeux moraux auxquels Matty et son équipe sont confrontés.
Ce choix intelligent accentue les dilemmes auxquels les personnages font face. Les festivités au sein du cabinet Jacobson-Moore, avec des employés interagissant de manière naturelle, établissent un environnement vivant et tangible. On sent que ce bureau a une histoire et une dynamique préexistante, ce qui enrichit l'univers de la série. Cependant, la légèreté est vite reléguée au second plan. Alors que certains personnages, comme Sarah et Kira, trouvent un moment de bonheur avec leur premier baiser, d'autres, comme Billy et Claudia, traversent des ruptures déchirantes. Ces deux récits parallèles illustrent subtilement l'idée que le temps passé ensemble ne garantit pas toujours une relation réussie. Au cœur de l'épisode se trouve Matty, plongée dans son premier dossier pharmaceutique pour le compte de Wellbrexa.
Dès le départ, il est évident qu'elle n'est pas à l'aise avec cette mission. Bien qu'elle espère exploiter cette opportunité pour exposer les pratiques douteuses de la société, elle doit d'abord jouer le rôle de leur défenseure. Ce compromis moral la ronge, et cela se voit dans ses moments de solitude, comme lorsqu'elle écoute un vieux message vocal de sa fille Ellie pour se recentrer sur ses motivations. L'affaire Wellbrexa oppose Jessie, une jeune violoncelliste dont la santé a été irrémédiablement endommagée par un essai clinique, à la puissante entreprise pharmaceutique. Représentée par sa colocataire Paige, Jessie met tout en œuvre pour obtenir justice, quitte à utiliser les réseaux sociaux pour mettre la pression sur Wellbrexa. Matty, quant à elle, est prise entre deux feux : satisfaire les attentes de ses supérieurs tout en essayant de négocier un compromis acceptable pour Jessie. Mais les négociations échouent, exacerbant la frustration de Matty.
L'épisode met également en lumière les tensions entre Julian, Olympia, et Senior, le père de Julian. Cette dynamique père-fils est particulièrement révélatrice, montrant comment l'ombre de Senior plane sur les choix de Julian. Lorsque Senior rabaisse son fils en plein milieu d'un dossier crucial, la douleur de Julian est palpable. Jason Ritter livre ici une performance nuancée, exprimant la lutte intérieure d'un homme qui réalise à quel point il ressemble à son père. Le conflit entre Julian et Olympia atteint son apogée lorsque Julian avoue avoir eu une liaison dans une période difficile de leur mariage. Cette révélation, qui survient après une tentative de réconciliation, est un coup de massue pour leur relation. Ce récit parallèle amplifie la complexité émotionnelle de l'épisode, tout en soulignant les sacrifices que chacun fait dans sa vie personnelle pour exceller professionnellement.
Le titre de l'épisode, " Belly of the Beast ", est particulièrement évocateur. Il illustre non seulement l'influence dévorante de l'industrie pharmaceutique, mais aussi la manière dont ses pratiques broient les individus. Les avocats de Wellbrexa, caricatures d'insensibilité, rient des souffrances humaines comme si elles n'étaient qu'un simple coût d'exploitation. Ces moments insupportables rappellent à Matty pourquoi elle a rejoint cette mission, mais aussi à quel point il est difficile de maintenir son humanité dans un environnement aussi impitoyable. Malgré les échecs initiaux, Matty trouve un moyen de retourner la situation en sa faveur. En exploitant une subtilité juridique sur les communications privées entre le médecin chargé des essais cliniques et son ancienne compagne, elle parvient à anéantir le dossier de Jessie. C'est une victoire pour Jacobson-Moore et Wellbrexa, mais une défaite pour Matty sur le plan moral.
En détruisant les chances de Jessie d'obtenir justice, Matty se retrouve face à ses propres contradictions. Son bracelet " MAMA ", un souvenir de sa fille Ellie, se brise symboliquement lors d'une scène clé, marquant la rupture de son ancrage moral. Cet objet, qui lui rappelait sa mission de justice pour Ellie, n'est plus suffisant pour justifier les compromis qu'elle doit faire. " Belly of the Beast " est un épisode qui ne laisse pas indifférent. En combinant des intrigues personnelles intenses et un cas juridique complexe, il offre une exploration riche et nuancée des dilemmes moraux. Les relations entre les personnages, qu'elles soient amicales, romantiques ou familiales, ajoutent des couches de profondeur à l'histoire. La série montre ici sa capacité à allier des arcs narratifs procéduraux avec un développement de personnage émotionnellement percutant.
Cependant, cet épisode n'offre pas de véritable catharsis. Même les rares moments de légèreté, comme les chants de Noël ou le baiser entre Sarah et Kira, sont éclipsés par l'intensité du récit principal. C'est un choix audacieux qui rappelle que Matlock n'est pas qu'un simple divertissement, mais une série qui pose des questions difficiles sur la justice, la moralité, et les sacrifices nécessaires pour survivre dans un monde imparfait. Si vous cherchiez un épisode de Noël réconfortant, vous ne le trouverez pas ici. Matlock nous offre plutôt un regard impitoyable sur les compromis et les conflits qui définissent ses personnages. Cet épisode est une leçon de storytelling maîtrisé, où chaque détail, chaque interaction, contribue à enrichir l'univers de la série. En bref, " Belly of the Beast " est une véritable réussite, un rappel poignant que même dans la lumière des fêtes, les ombres peuvent être plus sombres que jamais.
Note : 8/10. En bref, Matlock continue de prouver qu'elle est bien plus qu'un simple drame juridique.
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