Enfermée depuis cinq ans dans une cabane de jardin et régulièrement violentée par ce kidnappeur qui la rebaptisée Rachel, la jeune femme entrevoit tout de même une petite lueur d’espoir. Son bourreau vient en effet de lui annoncer qu’ils vont devoir déménager et qu’elle devra cette fois vivre dans la maison, dans une chambre au premier, proche de celle de sa fille de 13 ans. Elle a donc intérêt à devenir une locataire particulièrement discrète si elle ne veut pas qu’il la tue…
Pour son premier roman, initialement paru en anglais sous le titre « The Quiet Tenant » en juin 2023, l’autrice française de 28 ans qui vit aux Etats-Unis depuis 2014 livre un thriller psychologique très haletant et pour le moins oppressant.
Il faut tout d’abord saluer la construction de ce roman choral qui donne non seulement la parole aux victimes de ce monstre qui n’en est visiblement pas à sa première proie, mais également à des femmes tombées sous le charme de ce père aimant et ce voisin serviable au possible. Obligeant le lecteur à constamment faire le grand écart au fil des chapitres entre cet homme adulé par une communauté entière et ce prédateur méticuleux, Clémence Michallon invite à découvrir les deux facettes d’un meurtrier qui cache visiblement bien son jeu. Une construction originale qui alterne le côté pile et le côté face de cet individu aux deux visages.
Il faut ensuite applaudir la tension omniprésente insufflée à ce huis clos oppressant qui se dévore à toute allure. À l’instar de l’excellent « Room » d’Emma Donoghue ou de l’insoutenable « Les Monstres » de Maud Mayeras, l’autrice parvient à installer une atmosphère suffocante tout en entretenant un suspense insoutenable.
Un thriller psychologique à ne pas louper !
Une locataire si discrète, Clémence Michallon, Fayard, 450 p., 23€
Elles/ils en parlent également : Julie, Rose, Le temps de la lecture, Mes p’tits lus
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