Ah, les maths. Ce mélange étrange de chiffres, d'équations et de sueurs froides. Si pour beaucoup d'élèves, c'est un casse-tête universel, en France, c'est pire : c'est une question de genre. Les dernières évaluations nationales des élèves de sixième confirment une triste réalité : l'écart de niveau en mathématiques entre filles et garçons continue de se creuser. Et devinez quoi ? La France détient le record européen de ce décrochage. Cocorico ? Pas vraiment.
Un écart qui grandit dangereusement
Commençons par les chiffres. Selon les évaluations nationales 2024, les élèves français de sixième affichent des résultats inquiétants en maths, mais ce qui choque, c'est le fossé entre les sexes. Les garçons réussissent significativement mieux que les filles, notamment sur des compétences comme la résolution de problèmes. Et cet écart n'a fait que grandir depuis plusieurs années.
Alors qu'en primaire, les différences de niveau sont relativement faibles, c'est à l'entrée au collège que les choses se gâtent. Pourquoi ? Parce que la transition vers le collège amplifie un phénomène insidieux : la perte de confiance des filles en leurs capacités mathématiques. Et là, attention, on entre dans le cercle vicieux de la prophétie auto-réalisatrice.
Des stéréotypes qui plombent les filles
Creusons un peu. Pourquoi les filles décrochent-elles ? Spoiler : ce n'est pas une question de capacités intellectuelles. Les études montrent qu'il n'y a aucune différence biologique qui justifie un tel écart. Le problème vient d'ailleurs, dans ce poison subtil qu'on appelle les stéréotypes de genre.
- "Les maths, c'est pour les garçons" : Depuis leur plus jeune âge, les filles entendent, parfois implicitement, qu'elles ne sont pas faites pour les sciences. Résultat ? Elles internalisent ces idées fausses et perdent confiance en elles, même quand elles réussissent.
- L'effet pygmalion inversé : Les attentes des enseignants et des parents jouent un rôle crucial. Les garçons sont souvent encouragés à persévérer, à voir les échecs comme des défis, tandis que les filles, elles, entendent qu'elles sont "meilleures en français". Pratique, non ?
Ces messages, qu'ils soient explicites ou subliminaux, créent un découragement progressif. Et comme par magie, les filles finissent par se convaincre qu'elles sont "nules en maths".
Le poids du système éducatif
Ajoutez à cela un système scolaire français qui valorise l'excellence à tout prix et punit l'erreur de manière impitoyable. En maths, où l'apprentissage repose souvent sur la répétition et la prise de risques, cette approche décourage plus facilement les élèves qui doutent d'eux-mêmes. Et devinez qui doute le plus à cause des stéréotypes ? Les filles.
Pire encore, les supports pédagogiques et les exemples utilisés en classe reflètent rarement des modèles féminins dans les sciences. Où sont les figures inspirantes comme Emmy Noether ou Ada Lovelace dans les manuels scolaires ? Absentes, ou reléguées en bas de page.
Pourquoi ça doit nous inquiéter
On pourrait se dire : "Bon, c'est juste des maths". Mais l'impact va bien au-delà des salles de classe. Cet écart de niveau en maths joue un rôle déterminant dans l'orientation scolaire et professionnelle. Moins de filles dans les filières scientifiques, c'est moins de femmes ingénieures, informaticiennes ou chercheuses. Bref, une sous-représentation féminine dans des secteurs stratégiques où les inégalités de genre sont déjà criantes.
Et ce n'est pas qu'un problème d'égalité. C'est un problème de société. La France, championne des décrocheurs, se prive d'un vivier immense de talents féminins, simplement parce qu'elle continue à cultiver des idées dépassées sur ce que les filles "peuvent" ou "ne peuvent pas" faire.
Comment inverser la tendance ?
Alors, on fait quoi ? Parce que non, on ne va pas juste croiser les bras et attendre que ça passe. Quelques pistes pour enrayer la machine :
- Déconstruire les stéréotypes dès le plus jeune âge : Ça commence à la maison, à l'école, dans les jouets qu'on offre et les phrases qu'on prononce. Bannissez les "les filles sont fortes en lettres" et "les maths, c'est pour les garçons".
- Former les enseignants : Mieux sensibiliser le corps enseignant à ces biais pourrait limiter leur impact sur les élèves. Une fille qui doute, ça ne veut pas dire qu'elle est nulle.
- Valoriser des modèles féminins : Intégrer dans les cours et les manuels des figures inspirantes de femmes scientifiques. Les filles doivent voir qu'elles peuvent y arriver.
- Encourager la prise de risques : Repenser l'évaluation en maths pour valoriser le processus et non uniquement le résultat. Les erreurs doivent être vues comme des opportunités d'apprendre, pas des échecs.
Le mot d'Angry Mum
Les maths, c'est un champ de bataille. Et sur ce champ-là, les filles ne devraient pas être des victimes collatérales d'un système qui les tire vers le bas. Les mauvais résultats en maths ne sont pas une fatalité, mais le produit d'une société qui continue à enfermer les enfants dans des cases.
Alors, on bouge. Parce que chaque fille qui renonce aux maths, c'est une injustice qu'on laisse passer. Et Angry Mum, elle, n'aime pas les injustices. Allez, on relève les manches et on leur prouve qu'elles peuvent faire exploser les équations et les plafonds de verre. Après tout, qui a dit que les maths n'étaient pas un terrain de révolte ?
Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News