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Critique Ciné : Conclave (2024)

Publié le 05 décembre 2024 par Delromainzika @cabreakingnews
Critique Ciné Conclave (2024)

Conclave // De Edward Berger. Avec Ralph Fiennes, Stanley Tucci et Isabella Rossellini.

Le film Conclave, réalisé par Edward Berger, s'aventure au cœur du Vatican pour dévoiler les intrigues d'un événement rarement exploré au cinéma : l'élection du pape. Inspiré du roman éponyme de Robert Harris, le long-métrage mêle foi, politique et ambition dans un huis clos captivant, bien qu'imparfait. À travers des performances d'acteurs remarquables et une mise en scène méticuleuse, Berger dresse un tableau fascinant des luttes de pouvoir et des dilemmes moraux qui animent les hautes sphères de l'Église. Pourtant, si le film impressionne par sa réalisation soignée, il souffre de certains défauts scénaristiques qui limitent son impact.

Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d'organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.

Conclave s'ouvre sur une situation dramatique : la mort soudaine du pape. Dans l'urgence, les cardinaux du monde entier sont convoqués à Rome pour désigner son successeur. Le cardinal Lawrence, campé par un Ralph Fiennes impeccable, se retrouve au centre des opérations. Humaniste réfléchi, il doit naviguer dans un véritable nid de vipères, où chaque cardinal cache des ambitions personnelles et des secrets bien gardés. Le film excelle à immerger le spectateur dans cet univers austère et protocolaire. Les scènes montrant les cardinaux coupés du monde, enfermés dans la chapelle Sixtine sous une surveillance stricte, confèrent au récit une tension palpable. La précision avec laquelle le processus électoral est décrit - des multiples tours de vote aux règles strictes de l'isolement - donne une authenticité rare au film.

Ces détails, rarement abordés à l'écran, offrent une perspective unique sur un événement clé de l'histoire catholique. Cependant, derrière cette rigueur apparente, le scénario manque de mordant. Les intrigues politiques, pourtant riches en potentiel, sont traitées de manière trop convenue. Les affrontements entre progressistes et conservateurs, au cœur du film, manquent de profondeur. De même, les thématiques brûlantes comme le racisme, le sexisme ou la tolérance, bien que mentionnées, restent effleurées. Cette superficialité laisse une impression d'inachevé, comme si le film hésitait à creuser ces sujets de peur de trop s'éloigner de son cadre institutionnel.L'une des grandes forces de Conclave réside dans son casting. Ralph Fiennes livre une interprétation tout en nuance du cardinal Lawrence, un homme pris entre sa foi et les manigances politiques qui l'entourent.

Stanley Tucci, Sergio Castellitto et John Lithgow complètent cette distribution avec des performances solides, incarnant des figures complexes, oscillant entre humilité feinte et ambition dévorante. Le film repose sur la confrontation de ces personnalités opposées, dans un théâtre d'ambition où chacun cherche à tirer son épingle du jeu. Pourtant, malgré le talent des acteurs, certains personnages souffrent d'un traitement caricatural. Le cardinal humaniste, figure centrale du film, se heurte à des adversaires dont les traits sont parfois trop simplifiés, renforçant une opposition binaire entre le " bon " et les " mauvais ". Cette approche convenue empêche le film d'exploiter pleinement la richesse des relations humaines et des luttes idéologiques au sein de l'Église.

Edward Berger, après son succès avec À l'Ouest rien de nouveau, apporte à Conclave une réalisation élégante. Les décors austères du Vatican et les costumes sobres des cardinaux reflètent parfaitement l'atmosphère solennelle du conclave. Chaque plan est minutieusement travaillé, mettant en valeur la rigueur du protocole religieux et la majesté des lieux. Cependant, cette esthétique soignée ne suffit pas toujours à maintenir l'attention. Le rythme du film, parfois languissant, souffre d'un manque de tension dramatique. Alors que les intrigues politiques devraient être le moteur du récit, elles peinent à créer un véritable suspense. Même les révélations sur les secrets des cardinaux, qui auraient pu injecter de l'énergie au récit, semblent souvent prévisibles.

Le twist final, bien qu'audacieux, laisse un goût mitigé. Pour certains spectateurs, il rappelle des œuvres comme The Young Pope, où des manœuvres similaires avaient été mises en scène avec plus de subtilité et de surprise. Cette impression de déjà-vu affaiblit l'impact de la conclusion, qui aurait pu être plus marquante avec un traitement original.L'un des points forts de Conclave réside dans sa tentative d'explorer les dilemmes moraux des hommes de foi. Le cardinal Lawrence, en proie au doute, incarne cette quête de sens dans un monde marqué par la corruption et les ambitions personnelles. Cette dimension introspective, bien que prometteuse, reste néanmoins sous-développée. Le film aurait pu aller plus loin dans son exploration des conflits internes qui déchirent ces hommes d'Église. Leur quête de certitude, face à un monde en mutation rapide, est abordée de manière trop timide.

Au lieu de plonger profondément dans leurs luttes spirituelles, Conclave s'attarde davantage sur des intrigues politiques parfois convenues, manquant l'occasion de proposer une réflexion plus riche et nuancée.Au final, Conclave est un film ambitieux, qui tente de mêler thriller politique et drame spirituel. Si la réalisation élégante et le casting impressionnant en font une œuvre agréable à regarder, elle n'atteint pas le niveau d'intensité et de profondeur attendu. Le scénario, bien qu'inspiré d'un roman à succès, aurait gagné à être plus audacieux, notamment dans son traitement des thématiques contemporaines et des luttes de pouvoir. Pour ceux qui apprécient les récits en huis clos ou les explorations des coulisses du pouvoir, Conclave reste une expérience intéressante. Cependant, pour les spectateurs en quête de suspense haletant ou de réflexion approfondie, le film risque de paraître trop sage et prévisible.

Note : 6.5/10. En bref, un thriller ambitieux dans les coulisses du Vatican.

Sorti le 4 décembre 2024 au cinéma


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