A l'heure de la motion de censure, on pourrait prêter oreille aux cris d'orfraie de la victime, Michel Barnier, qui annonce une sorte de chaos, selon le terme repris par son ministre de l'intérieur Bruno Retaillau. Les principaux arguments du gouvernement qui vient d'être renversé tiennent à dénoncer l'incapacité du pays à gérer un budget. La presse européenne réagit elle aussi à cet évènement qualifié d'historique en mettant parfois l'accent sur le choix délibéré du gouvernement Barnier de témoigner publiquement de négociations avancées avec le parti d'extrême droite.
Pendant ce temps, de l'autre coté de l'échiquier politique, à gauche et à l'extrême gauche, on dénonce un déni de démocratie. LE groupe parlementaire Nouveau Front Populaire est en effet majoritaire , avec 193 députés élus. Techniquement, donc, on peut se rassurer : chaque vote compte, la preuve par l'exemple.
Pour qui s'intéresse à la politique, la situation est en effet moins grave qu'elle n'y paraît. Evidemment, la nomination d'un gouvernement de droite par le président pourrait laisser croire, à juste titre, qu'il ne tient pas compte des résultats du vote, et à tort, qu'il ne sert à rien d'aller voter. Mais la séparation des pouvoirs prévue par la constitution de la 5e république fait toujours son travail, il suffit de s'y intéresser pour s'en rendre compte. Eric Coquerel, député élu de la France Insoumise, parti que l'on peut qualifier de très à gauche, en est un parfait exemple. La nomination d'Eric Coquerel à la tête de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale donne à ses idées un moyen unique de s'exprimer sur le long terme.
La complexité du système des finances de l'état est telle qu'il faut y passer un peu de temps. Ca tombe bien, Eric Coquerel est désormais payé à plein temps pour ça , et le moins qu'on puisse dire est qu'il ne perd pas son temps. Ancien entrepreneur, il connait le sujet des petites entreprises. Le premier moyen qu'il a trouvé pour placer son grain de sel dans un contexte de soi disant difficultés financières, c'est la mise en place d'une commission d'enquête dédiée.
Deuxième levier d'action, proposer des alternatives. Comment combler un trou de 70 milliards sur le budget ? En s'intéressant aux grandes entreprises, spécialistes de l'optimisation fiscale. Le NFP a proposé des amendements au budget incluant la taxe Zuckmann qui permet de taxer les profits délocalisés des grandes entreprises comme TOTAL, dont 25% du chiffre d'affaires se réalise en France, tandis que 2% seulement de son impôt mondial est payé en France. Cette taxe rapporterait 26 milliards d'euros. + 15 milliards pour l'ISF plus la taxe sur les super dividendes, allez 10 milliards, on arrive donc, toujours selon Eric Coquerel, à un petit bonus de plus de 50 milliards, sans toucher aux petites entreprises ni aux classes moyennes. Qui dit Mieux ? Allez, tous aux urnes.
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