Caucase : L’assassinat d’un opposant ingouche ravive le séparatisme

Publié le 02 septembre 2008 par Theatrum Belli @TheatrumBelli

"Nous allons devoir demander à l’Europe ou l’Amérique qu’ils nous détachent de la Russie…" L’opposition ingouche a menacé d’ouvrir un nouveau front au Caucase, après la mort de son leader, Magomed Evloïev, tué dimanche dans une voiture de police, d’une balle dans la tête. "Si nous sommes indésirables pour ce pays, alors nous ne savons plus que faire", a menacé Magomed Khazbiev, compagnon de route du leader tué.

Dimanche, il était allé accueillir son ami à l’aéroport de la République autonome d’Ingouchie, située entre la Tchétchénie et l’Ossétie du Nord. Avec d’autres sympathisants, il a observé, impuissant, comment un cortège d’une demi-douzaine de voitures, remplies de policiers en armes, et dirigé par le ministre local de l’Intérieur, est venu arrêter l’opposant dès sa descente d’avion. Quelques kilomètres plus loin, la police a ensuite déposé le corps de Magomed Evloïev à l’hôpital de Nazran, la tête transpercée d’une balle. La police ingouche prétend que l’opposant aurait été tué par accident, après avoir tenté de s’emparer d’une arme dans la voiture. Ses amis dénoncent un "assassinat prémédité".

Ancien procureur, fondateur du site d’information Ingushetia.ru, Magomed Evloïev était un opposant radical au régime de terreur que fait régner le président, Mourat Ziazikov, ancien général des services secrets nommé en 2002 par Vladimir Poutine à la tête de cette république de la Fédération de Russie. Il réclamait la démission de Ziazikov, ce qui lui avait déjà valu menaces et procès pour tenter de fermer son site.

Ses compagnons menacent maintenant de demander la sécession de l’Ingouchie. Juste après que la Russie a reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud, l’appel est délibérément provocateur : les opposants ingouches pourraient espérer des soutiens géorgiens ou occidentaux, pour rappeler à Moscou combien sa politique caucasienne est dangereuse. Ingouches et Ossètes se haïssent au moins autant que ne le font Ossètes et Géorgiens. Lors des guerres de Tchétchénie, l’Ingouchie était restée assez sagement fidèle à Moscou, mais la situation ne cesse de s’y dégrader depuis ces dernières années avec assassinats des derniers Russes qui y vivent, exactions des forces de l’ordre, enlèvements et vengeances incessantes.

Source du texte : LIBÉRATION.FR