"Nous allons devoir demander à l’Europe ou l’Amérique qu’ils nous détachent de la Russie…" L’opposition ingouche a menacé d’ouvrir un nouveau front au Caucase, après la mort de son leader, Magomed Evloïev, tué dimanche dans une voiture de police, d’une balle dans la tête. "Si nous sommes indésirables pour ce pays, alors nous ne savons plus que faire", a menacé Magomed Khazbiev, compagnon de route du leader tué.
Ancien procureur, fondateur du site d’information Ingushetia.ru, Magomed Evloïev était un opposant radical au régime de terreur que fait régner le président, Mourat Ziazikov, ancien général des services secrets nommé en 2002 par Vladimir Poutine à la tête de cette république de la Fédération de Russie. Il réclamait la démission de Ziazikov, ce qui lui avait déjà valu menaces et procès pour tenter de fermer son site.
Ses compagnons menacent maintenant de demander la sécession de l’Ingouchie. Juste après que la Russie a reconnu l’indépendance de l’Ossétie du Sud, l’appel est délibérément provocateur : les opposants ingouches pourraient espérer des soutiens géorgiens ou occidentaux, pour rappeler à Moscou combien sa politique caucasienne est dangereuse. Ingouches et Ossètes se haïssent au moins autant que ne le font Ossètes et Géorgiens. Lors des guerres de Tchétchénie, l’Ingouchie était restée assez sagement fidèle à Moscou, mais la situation ne cesse de s’y dégrader depuis ces dernières années avec assassinats des derniers Russes qui y vivent, exactions des forces de l’ordre, enlèvements et vengeances incessantes.
Source du texte : LIBÉRATION.FR