L’Exposition Gustave Caillebotte au musée d’Orsay

Par Etcetera

L’exposition Gustave Caillebotte se tient actuellement au musée d’Orsay, depuis le 8 octobre 2024 jusqu’au 19 janvier 2025.
Gustave Caillebotte (1848-1894) était un peintre impressionniste. Plus fortuné que la plupart de ses amis artistes, car il était issu d’une famille riche, il a beaucoup collectionné leurs œuvres pour leur permettre de survivre.

Mon avis très bref

J’ai aimé ces tableaux qui témoignent de la modernité de l’époque : la ville de Paris transformée par Haussmann (grands boulevards, immeubles), les nouvelles architectures de fer (préfigurant la Tour Eiffel, avec quelques décennies d’avance), la mode récente des compétitions sportives et de l’exercice physique, l’intérêt porté aux différences sociales, avec souvent des tableaux qui rapprochent les bourgeois et les ouvriers. Du point de vue formel, l’influence de la photographie semble assez claire, de par les cadrages audacieux, les compositions inhabituelles, la netteté des figures. De même, les influences de certains autres peintres impressionnistes, surtout Degas, mais aussi Monet, voire Pissarro pour les paysages des années 1890, peuvent se remarquer.
La plupart des panneaux explicatifs tirent l’interprétation des œuvres dans le sens d’une remise en cause de la virilité, d’une interrogation sur le genre masculin, puisque Caillebotte a peint surtout des hommes. J’ignore si le peintre du 19e siècle avait vraiment ces préoccupations (qui paraissent très actuelles) mais, après tout, cette grille de lecture n’est pas sans intérêt.
Une superbe et mémorable expo !

*

Le Pont de l’Europe, 1877

Cartel de « Le Pont de l’Europe » ci-dessus :

Dans ce tableau énigmatique, le pont de l’Europe devient une sorte de balcon sur les voies ferrées de la gare Saint-Lazare. Contrairement à l’homme qui se dirige vers la gauche, d’un pas décidé, un bourgeois en haut de forme et un ouvrier en chapeau melon se sont arrêtés pour observer ce spectacle, comme l’artiste pour fixer cette image. Tout dans ce tableau contrevient aux conventions de la peinture de l’époque : le centre de la composition est bouché, les effets de perspective conventionnels sont remplacés par une juxtaposition brutale entre le proche et le lointain, les protagonistes sont des anonymes dont le visage n’est pas visible, et le tableau ne raconte rien. Pour Caillebotte, la peinture est un fragment d’une réalité qui se poursuit au-delà du cadre.
(Source : Musée d’Orsay)

Rue de Paris, temps de pluie – 1877 Jeune homme à sa fenêtre, 1876

Cartel du « Jeune homme à sa fenêtre »

Caillebotte représente, à la fenêtre de l’hôtel familial rue de Miromesnil, son frère René regardant vers le boulevard Malesherbes. Le jeune homme semble venir de se lever du fauteuil placé face à « sa » fenêtre, pour observer de plus près le spectacle de la rue, peut-être une passante. De sa silhouette émane le sentiment d’assurance d’un jeune et riche « rentier » – Caillebotte et ses frères ont hérité de plusieurs immeubles – mais teinté d’ennui et d’une énergie mal canalisée entre les murs de la demeure bourgeoise. De dos, la figure s’offre comme un alter ego du peintre et un sujet d’identification pour tous les regardeurs. René décède quelques mois après la réalisation de cette toile, à l’âge de vingt-cinq ans. Ses dettes de jeu, de tailleur, de fournisseurs et son implication dans un duel alimenteront les spéculations sur un suicide.
(Source : Musée)

Périssoires, 1877, Pastel

Cartel des « Périssoires » ci-dessus

Caillebotte préfère les embarcations individuelles (skiffs, périssoires) aux avirons à plusieurs places, un motif pourtant très populaire dans l’imagerie du sport à l’époque. L’artiste ne représente pas des rameurs en compétition sur la Seine ou la Marne mais sans doute des proches en promenade sur l’Yerres, rivière qui coule le long de la maison de campagne familiale. La végétation dense et enveloppante, la ligne d’horizon haute qui rejette le ciel hors du tableau et donne une très grande place à l’eau, renforcent ce sentiment d’intimité et d’immersion dans la nature.
(Source : Musée d’Orsay)

Chemin montant, 1881 Les Roses, jardin du petit Gennevilliers, vers 1886