Je me suis réveillé tôt cet après-midi là. Probablement dérangé par le vol d’une guêpe près de mon visage. J’avais bu un peu trop de ce vin chilien, cabernet-sauvignon, trop boisé. La guêpe avait peut-être été attirée par mon haleine sucrée de mammifère endormi. Une fois le danger écarté, j’ai tenté de retrouver le sommeil, en fermant les yeux. Peine perdue. Mon cerveau et mes pensées étaient bien éveillés, eux… Et si cette guêpe était entré dans ma bouche ? Et si elle m’avait piqué à la gorge ? Et si ? Peut-être serais-je mort étouffé.
Ma propre fin s’est invitée à la table de ma conscience. Il y avait bien longtemps. Tant mieux. On dit souvent que celui qui n’a pas conscience de sa propre mort est déjà en danger. Je crois que je l’ai entendu de la bouche d’un grand penseur africain. L’idée d’une mort sereine, volatile, sans alerte, dans mon sommeil, m’a taraudé. Et si je m’étais endormi pour la dernière fois ? Au bord d’un précipice sans fond et d’une chute indolore…
L’orage grondait déjà. La pluie tombait dans un rayon de soleil égaré. Je suis allé me servir un café.