S'il y a bien une question à se poser en démarrant la saison 2 de Based on a True Story, c'est celle-ci : était-elle nécessaire ? À première vue, pas vraiment. Mais en explorant cette suite, il devient évident que la série dépasse largement les attentes. La saison 2 s'affirme comme une œuvre plus audacieuse, mieux maîtrisée, et surtout bien plus déjantée que son prédécesseur. Malgré un final qui laisse volontairement des mystères en suspens, l'ensemble donne l'impression que cette nouvelle intrigue, aussi absurde soit-elle, trouve finalement sa légitimité.Le dernier épisode de la saison, intitulé "This Week's Guest", démarre sur les chapeaux de roues. Ava (Kaley Cuoco) et Nathan (Chris Messina) se retrouvent otages dans un studio de podcast, face à un tueur inspiré par le tristement célèbre "West Side Ripper".
Dès le départ, cette scène impose un suspense haletant, soutenu par une révélation inattendue : le meurtrier est Paige, la sœur de Chloe Lake, une victime du Ripper. Ce rebondissement, bien que surprenant, s'inscrit dans la continuité des thématiques centrales de la série, tout en recentrant l'intrigue sur les conséquences de la fascination sociétale pour le true crime. Ce que la saison 2 réussit particulièrement bien, c'est de s'éloigner du simple concept de leur podcast à succès. Les dilemmes éthiques d'Ava et Nathan, qui exploitent un tueur en série pour alimenter leur notoriété, laissaient un arrière-goût amer dans la saison précédente. Ici, l'intrigue gagne en profondeur en explorant des dynamiques plus personnelles et des enjeux plus émotionnels. La présence de Matt (Tom Bateman) dans leur cercle familial, en tant que fiancé de Tori (Liana Liberato), ajoute une tension dramatique constante.
Plus que jamais, les décisions des personnages ne sont guidées que par leurs intérêts personnels, même lorsqu'ils tentent de justifier leurs actes par des motivations morales. Le génie de cette série réside dans sa capacité à mêler comédie noire et critique sociale. Based on a True Story n'a jamais prétendu être une exploration profonde des dilemmes moraux. La série reconnaît ses limites tout en jouant sur les absurdités de ses personnages. Qu'il s'agisse d'Ava essayant désespérément de regagner une forme de contrôle sur sa vie, ou de Nathan qui se débat avec son sentiment d'échec professionnel, chacun est montré sous un jour hilarant, mais profondément humain. Les dialogues ciselés et les performances impeccables de Cuoco et Messina renforcent cette impression. Leur alchimie à l'écran donne vie à un couple crédible, touchant dans ses vulnérabilités et ses maladresses.
Les moments d'humour noir - comme Nathan tentant un numéro de séduction maladroit ou Ava se perdant dans ses fantasmes criminels - contrastent avec des scènes plus sincères qui explorent leurs insécurités respectives. Messina brille particulièrement dans son interprétation d'un homme brisé par la perte de sa carrière, cherchant désespérément à retrouver un sens à sa vie. Matt, quant à lui, reste le personnage pivot de la série. Si la saison 1 posait déjà la question de sa possible réhabilitation, cette suite enfonce le clou. Tom Bateman excelle dans son rôle de tueur charismatique et terrifiant. Il incarne avec brio les multiples facettes de Matt : un ami loyal pour Nathan, un partenaire passionné pour Tori, mais surtout un individu profondément marqué par son passé meurtrier. Malgré ses tentatives apparentes de rédemption, chaque interaction laisse planer le doute : Matt peut-il vraiment changer, ou est-il simplement un expert en manipulation ?
Ce double jeu est d'autant plus fascinant que la série introduit des éléments qui brouillent les cartes. Le mariage précipité de Matt et Tori, conçu pour les protéger légalement, soulève des questions sur les véritables motivations de chacun. Tori, interprétée par Liana Liberato, se démarque ici en incarnant une femme tiraillée entre son amour pour Matt et sa conscience. Sa décision finale, livrant le fils de Matt à la police tout en cachant une arme dans son sac, laisse entrevoir des développements explosifs pour la suite. Le point culminant de cette saison est sans doute l'introduction de Paige comme antagoniste. Inspirée par les grands tueurs en série de l'histoire, son personnage est une critique cinglante de la glorification du true crime. Paige n'est pas qu'un simple "Copycat Killer" ; elle symbolise la frustration d'une société qui transforme les victimes en statistiques et offre toute la gloire aux meurtriers.
Sa haine pour Ava et Nathan, qui ont profité de la mort de sa sœur à travers leur podcast, est justifiée, même si ses actions restent condamnables. Cette thématique soulève une réflexion pertinente sur l'obsession contemporaine pour le true crime, qui tend à oublier les victimes pour mieux capitaliser sur l'horreur et le sensationnel. La série ne prétend pas résoudre ce paradoxe, mais elle l'expose avec une ironie mordante.Le final de cette saison est un tour de force. Séparés pour la première fois, Ava et Nathan doivent affronter seuls les conséquences de leurs choix. La dernière scène, où Matt disparaît avec Paige, ouvre un champ de possibilités intrigantes. Est-ce le début d'un improbable duo de tueurs ? Ou bien Tori prendra-t-elle les devants pour éliminer les deux et protéger son avenir ? Chaque piste semble aussi prometteuse que chaotique.
En outre, les enjeux légaux qui pèsent sur Nathan - et potentiellement Ava - promettent de nouvelles tensions. Le suspense autour de la réaction de Tori, armée d'un pistolet et d'une rage froide, laisse présager une saison 3 explosive, si elle voit le jour.En fin de compte, cette saison 2 de Based on a True Story dépasse les attentes grâce à un mélange savamment dosé d'humour noir, de tension dramatique et de critique sociale. Les performances des acteurs, en particulier Tom Bateman, Kaley Cuoco et Chris Messina, sont irréprochables, et l'écriture trouve un équilibre parfait entre satire et absurdité. Bien que la série ne cherche pas à répondre aux questions éthiques qu'elle soulève, elle offre une réflexion pertinente sur notre fascination pour le macabre et notre capacité à ignorer les conséquences de nos obsessions. Si la saison 3 se concrétise, je serai au rendez-vous, curieux de découvrir jusqu'où cette histoire improbable pourra aller.
Note : 7/10. En bref, bien que la série ne cherche pas à répondre aux questions éthiques qu'elle soulève, elle offre une réflexion pertinente sur notre fascination pour le macabre et notre capacité à ignorer les conséquences de nos obsessions, le tout dans un divertissement fun et succulent.
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