Dialogue sans personne

 « Cinq heures du mat’ j’ai des frissons je serr‘ les dents et j‘mont’ le son

Police patrouille, je serr’ les fesses… »— Où cours-tu?La conversation est le degré majeur de la communication entre deux individus. Au delà de deux c’est la merdeA quel moment une conversation devient-elle un interrogatoire?On peut être confronté au prosélytisme de l’un, à la mauvaise foi de l’autre mais dés le premier mot le contrat est tacite. Nul ne devrait se dérober. Pourtant que de fuyards…Ecolo— Le monde court à sa perte!Amoureuse — Dans ses bras!Amoureux — Dans ses drapsFatigué — Dans ma chambre!Sportif — Vers l’arrivée! Pragmatique — Vers la sortie!Dépressif — Vers le néantAlcoolo — Au bistrotPoliticien — C’est une excellente question, merci de me l’avoir poséeNoctambule — Du crépuscule à l’auroreBanquier — A l’échéanceParano — Je ne contracte pasSDF — 1 euro, s’il vous plait!Flics — Vos papiers!Où cours—tu? — Je l’ignore! Ne sais — tu pas que le ciel est en toi? — Sans déconner, t’as un truc à me vendre? Toute conversation en forme d’interrogatoire est un protocole menant souvent au prosélytisme d’un militant communiste, d’un témoin de Jehovah ou d’un prospecteur pour le compte d’une organisation humanitaire.Une question me semble une entame déloyale pour un commerce qui devrait être équitable. Répondre, y compris poliment, c’est poser la tête sur le billot du pouvoir de conviction d‘un bourreau et d’une hache sur un cou innocentMais j’ignorais que le ciel est en moiEt toi, frèrot, ne sais-tu pas que c’est l’arc-en-ciel qui commande?« Bordel j’peux mêm’pas jouir— Tant pis pour toi, il faut dormir! »Partir en couilles—Paris—Décembre 2024