Saturday Night // De Jason Reitman. Avec Rachel Sennott, Gabriel LaBelle et Cooper Hoffman.
Si vous êtes amateur de comédie ou simplement curieux de découvrir l'envers du décor d'un des shows télévisés les plus emblématiques, Saturday Night est un film qui ne manquera pas d'attirer votre attention. Inspiré des coulisses frénétiques précédant la première diffusion de Saturday Night Live (SNL) le 11 octobre 1975, ce long-métrage offre une vision dramatique, parfois exagérée, mais indéniablement divertissante, d'un moment charnière de l'histoire de la télévision. Le film nous transporte dans les 90 minutes qui précèdent le tout premier épisode de SNL, une période décrite comme un véritable tourbillon de confusion et de stress. Le décor est encore en chantier, les sketches ne sont pas finalisés, et les tensions montent à mesure que l'heure fatidique approche.
Les coulisses de la soirée d'ouverture de l'émission Saturday Night Live en 1975.
Saturday Night parvient à retranscrire cette atmosphère effervescente, où chaque personnage lutte pour maintenir un semblant d'ordre au cœur d'un chaos imminent. La réalisation, signée Jason Reitman, insuffle une énergie frénétique au film, plaçant le spectateur au centre de cette tempête créative. Les plans serrés, les dialogues rapides et les interactions chaotiques entre les membres de l'équipe créent une tension palpable qui nous garde en haleine tout au long du récit. L'une des grandes réussites de Saturday Night réside dans le choix de son casting. Chaque acteur parvient à incarner l'esprit des personnages qu'ils interprètent, offrant des performances à la fois drôles et touchantes. Dylan O'Brien brille dans son rôle de Dan Aykroyd, tandis que Cory Michael Smith capte avec finesse l'arrogance subtile de Chevy Chase. Mais c'est Gabriel LaBelle, dans la peau de Lorne Michaels, qui vole véritablement la vedette.
Son interprétation du créateur de SNL, bien qu'imparfaite, réussit à transmettre une partie de la complexité de ce personnage mythique. Cependant, la représentation de Michaels peut diviser : loin d'être le leader visionnaire attendu, il apparaît souvent dépassé, errant d'un problème à l'autre sans vraiment apporter de solutions concrètes. Cette caractérisation, volontairement ou non, met en lumière les failles d'un homme qui, malgré tout, a su révolutionner la télévision américaine. Il est important de noter que Saturday Night ne prétend pas être une reconstitution fidèle des événements historiques. Si certains moments semblent plausibles, d'autres relèvent clairement de l'imagination du scénariste. Par exemple, la scène où Michaels quitte brusquement les studios peu avant le direct paraît difficilement crédible.
Mais loin d'être un obstacle, ces libertés narratives participent au charme du film, le transformant en un hommage fantasmé plutôt qu'en un documentaire rigoureux. Les fans de SNL apprécieront particulièrement les clins d'œil aux sketches et aux membres originaux du casting, même si certains éléments semblent anachroniques ou embellis. Pour les non-initiés, ces références risquent toutefois de passer inaperçues, rendant le film moins engageant pour un public moins familier avec l'univers de l'émission. Malgré son énergie débordante, le film souffre de quelques longueurs et d'une structure parfois déséquilibrée. Certaines scènes, bien que censées intensifier le suspense, finissent par ralentir le rythme global. De plus, la conclusion, bien que satisfaisante dans son essence, laisse une impression d'inachevé.
On aurait aimé quelques instants supplémentaires pour véritablement savourer le triomphe final après tant de péripéties. Cela dit, ces défauts n'éclipsent pas les qualités globales de Saturday Night. Le film réussit à capturer l'esprit frénétique de la production télévisuelle en direct et à offrir une expérience immersive, souvent hilarante. Saturday Night est avant tout destiné aux amateurs de SNL (dont j'ai lâchement abandonné le visionnage religieux depuis quelques années maintenant) et aux nostalgiques des premières heures du show. Pour ceux qui connaissent les sketches emblématiques et les membres originaux de l'équipe, le film regorge de références savoureuses. En revanche, les spectateurs moins familiers avec cet univers pourraient se sentir un peu perdus ou manquer certaines subtilités qui font le charme du récit.
Pour le spectateur moyen, le film reste une comédie dramatique plaisante, offrant un aperçu intrigant des défis et des absurdités du monde de la télévision. Ce n'est pas une œuvre révolutionnaire, mais elle parvient à divertir et à susciter l'intérêt, ce qui, en soi, est déjà une réussite. Saturday Night n'est pas parfait, mais c'est un film qui déborde de passion et d'énergie. Il parvient à capturer le chaos, l'humour et l'ingéniosité qui ont marqué les débuts d'un phénomène culturel. Si vous êtes curieux de découvrir les coulisses d'une émission légendaire ou simplement à la recherche d'un bon moment de divertissement, ce film vaut le détour.
Note : 7/10. En bref, plongée fascinante dans le chaos créatif du tout premier Saturday Night Live.
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