Dans son premier seul en scène, Elie Boissière nous invite dans une autofiction autour de l’histoire de sa grand-mère Mahdjouba qui se fait appeler Magda. Son aïeule est formelle ; elle n’est pas arabe.
À travers des personnages hauts en couleur, qui font parfois appel à la réalité historique de cette période d’occupation française de l’Algérie, on suit cette recherche d’identité. Une conquête de soi qui résonne forcément pour tous ceux qui sont Français, mais pas tout à fait, Français, mais pas d’ici, Français, mais pas assez. Du réel au songe en passant par l’absurde, on fait l’expérience immersive de l’assemblage de la petite dans la grande histoire. La mise en scène d’Alexis Seguera est sobre, épurée et efficace. Cette simplicité permet à Je ne suis pas arabe d’emprunter facilement les ponts qu’il y a entre les cultures.
Dans cette pièce, des sujets chargés d’affects comme les migrations ou les liens coloniaux sont passés au prisme de l’intime. Cette question lancinante du lien avec la terre d’origine, ces liens que l’on entretient avec un ailleurs qui reste un chez-soi trouve des réponses dans des choses simples comme la nourriture, la langue ou encore la musique.
Elie n’est pas le seul personnage de la pièce, un joueur d’oud est présent sur scène et distille les rythmes qui servent aux spectateurs de guides dans cette épopée onirique. La musique d’Ahmed Amine Ben Feguira devient presque un personnage à part entière. La musique dont la cadence rythme le voyage sert de médium principal pour ce rituel de retour vers soi.
Lucie Messy
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