Si vous n’avez pas écouté Revolver des Beatles récemment, il est grand temps de réparer cette erreur. Plus d’un demi-siècle après sa sortie, cet album reste incroyablement frais, comme une marguerite éclatante parfumée au Febreze. Nous savons déjà que les compositions y sont stupéfiantes, mais le son même de cet album est impeccable.
C’est un disque qui donne l’impression d’être sorti le mois dernier, plutôt que deux ans avant la naissance de Josh Brolin. Écouter Revolver lors de sa sortie a dû ressembler à recevoir un message d’une civilisation extraterrestre. Cependant, en replaçant cet album dans le contexte de la discographie des Beatles, on peut repérer des indices qu’ils allaient s’aventurer dans cette direction bien avant 1966.
Même Help! et Beatles For Sale laissent entrevoir la sophistication qu’ils déploieraient sur leur chef-d’œuvre de 1966. Sur Beatles For Sale, des morceaux comme « I’m A Loser » et « I Don’t Want to Spoil the Party » montrent les Fab Four s’inspirer des Byrds, tandis que Help! nous offre « Yesterday ». Cela se passe de commentaires. Cependant, le véritable prélude à Revolver réside dans un autre album : Rubber Soul.
Rubber Soul, le précurseur
Partout où l’on regarde, Rubber Soul regorge d’indices sur les sommets créatifs que le groupe atteindrait par la suite. Vous cherchez des morceaux rock ? « Drive My Car » et « The Word » sont là pour vous. Des ballades folk ? « Norwegian Wood » aimerait vous parler. Des ballades classiques ? Deux des meilleures chansons du groupe, « Girl » et « In My Life », sont au rendez-vous. Pourtant, une chanson se distingue comme la véritable prémisse de ce qui allait suivre.
Autant ces chansons sont remarquables, elles restaient, pour la plupart, des chansons d’amour. Bien qu’ils se soient éloignés des titres comme « I Want to Hold Your Hand », ils abordaient encore des sujets centrés sur les relations. Cela change avec Revolver. Soudainement, le groupe écrit sur la philosophie tibétaine, des travailleurs d’église solitaires, des véhicules sous-marins et, surtout, sur une simple sieste. Cette transition vers une écriture plus conceptuelle trouve ses racines dans une chanson de Rubber Soul.
« Nowhere Man », le tournant
Cette chanson est née d’un épisode de panne d’inspiration chez John Lennon. Cherchant à écrire sur autre chose que les relations amoureuses, Lennon déclara à Playboy en 1980 : « J’avais passé cinq heures ce matin-là à essayer d’écrire une chanson significative et bonne, puis j’ai abandonné et me suis allongé. Et là, ‘Nowhere Man’ est venu, paroles et musique, tout d’un coup, pendant que j’étais couché. »
La chanson combine deux styles qui allaient définir la suite de la carrière des Beatles, en particulier sur Revolver : l’étude de personnage fantaisiste, souvent associée à McCartney, et l’auto-analyse émotionnelle intense, marque de fabrique de Lennon. Dans « Nowhere Man », Lennon excelle dans ces deux domaines. À première vue, c’est une étude captivante et entraînante d’un homme perdu dans la vie, incapable d’avancer faute de croire en quoi que ce soit ou de réfléchir profondément.
Ce côté lumineux de la chanson était assez joyeux pour figurer dans le film Yellow Submarine, mais le côté sombre n’était jamais loin. Sans surprise, l’homme décrit dans la chanson n’était autre que Lennon lui-même. Paul McCartney a d’ailleurs qualifié la chanson d’« Anti-John ». Une fois la chanson écrite, Lennon semblait avoir libéré sa créativité, ouvrant la voie à un éventail de sujets personnels et conceptuels. Avec « Nowhere Man », les Beatles n’ont pas seulement enrichi leur propre langage musical, mais celui de tout le rock.
Cet article répond aux questions suivantes :
- Pourquoi Revolver est-il encore considéré comme un album innovant aujourd’hui ?
- Quels éléments de Rubber Soul annonçaient les explorations musicales de Revolver ?
- Comment John Lennon a-t-il trouvé l’inspiration pour écrire « Nowhere Man » ?
- Quels styles de chansons « Nowhere Man » combine-t-elle, et pourquoi est-elle importante ?
- En quoi « Nowhere Man » a-t-elle influencé l’écriture conceptuelle des Beatles ?