« In Water » de Hong Sang Soo

Par Etcetera
Affiche du film

J’ai découvert le cinéaste Hong Sang Soo sur le tard : l’année dernière seulement, grâce au film « De nos jours« , que j’ai énormément apprécié !
Il était temps, d’ailleurs, que je le découvre car Hong Sang Soo (né en 1960 à Séoul) a commencé à faire des films à partir de 1996… et qu’il avait déjà trente réalisations à son actif.
Cette année, en voyant que ce nouvel opus « In water » passait non loin de chez moi, je me suis bien sûr réjouie et précipitée.
Un film qui a deux caractéristiques remarquables : sa brièveté (à peine plus d’une heure) et le flou de ses images (il vaut mieux être prévenu, sinon ça peut être perturbant !)

Note Pratique sur le film

Nationalité : Sud-coréen
Genre : drame
Date de sortie en salles : (festival de Berlin) 2023 ; (en France) été 2024.
Couleur, Version originale sous-titrée
Acteurs : Shin Seok-ho (Seoung-mo) ; Ha Seong-guk (Sang-guk) ; Kim Seung-yun (Nam-hee, l’actrice)
Durée : 61 minutes

Résumé du début de l’histoire

Un jeune réalisateur, pas très à l’aise financièrement, a emmené un cadreur et une actrice avec lui sur l’île touristique de Jeju (en Corée) dans le but de tourner un court-métrage. Mais le jeune réalisateur est en panne d’inspiration, à court d’idées, et notre jeune trio erre toute la journée dans les paysages de cette île, entre plage, rochers, petites rues, en attendant que le jeune réalisateur ait le déclic providentiel (qui va venir effectivement). Ils discutent tous les trois, de sujets divers et variés, par exemple de la recherche de reconnaissance artistique, du vent froid qui souffle sur l’île ou encore de l’éventuelle existence des fantômes. (…)

Mon avis

Ce film est flou, plus ou moins selon les moments, ce qui donne aux images des effets d’aquarelles ou de peintures. J’ai pensé que ce grand flou reflétait l’incertitude du personnage principal, le fait que ce jeune réalisateur, à l’écran, ne savait pas quoi filmer. Il y a certaines scènes, vers le début du film, où on a également l’impression que Hong Sang Soo ne sait pas encore où il va nous emmener, qu’il nous propose quasiment des improvisations entre les trois acteurs, postés dans une petite rue, à deviser longuement sur la joliesse des fleurs de colza. Il y a donc certainement un effet miroir entre Hong Sang Soo et son personnage de cinéaste un peu perdu – du moins, le spectateur le ressent ainsi. On assiste, au cours du film, à la naissance du film, à l’émergence d’une idée, qui prend forme devant nos yeux. Il m’a semblé qu’une scène était particulièrement significative : lorsque la jeune actrice raconte à ses deux acolytes que, la nuit précédente, elle a entendu une voix crier : «Reprend tes esprits !», nous nous demandons si c’est à nous, spectateurs, que cette phrase s’adresse, ou si c’est le personnage du jeune réalisateur qui passe par des crises nocturnes de désespoir (les deux interprétations ne s’excluant pas).
La fin du film nous montre le court-métrage tourné par notre jeune trio – le cinéaste ayant enfin trouvé l’idée de scénario qui lui convient. Une fin très émouvante, qui éclaire tout le reste de l’histoire depuis le début, et qui recèle une grande poésie. Au regard de cette fin, nous repensons à tout ce qui a précédé et cela prend sens. L’aspect improvisé du début semble soudain étayé de signification et d’intention, une fois que nous sommes parvenus à la fin.
Un beau film, assez expérimental, dans lequel il faut pouvoir accepter le flou des images et des intentions, à travers l’incertitude, l’errance et le vague à l’âme des personnages ! 

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