Lady died

Le 31 août 1997, il est 5 H 44.

Un communiqué laconique de l'Agence France Presse annonce qu'un accident de la circulation a fait trois morts sous le tunnel de l'Alma pendant la nuit.

Encore un week-end tragique qui va être intégré et dissout dans les statistiques annuelles. Ordinaires, presque insignifiants les accidents de la route du samedi soir deviennent une fatalité. Tout au plus quelques lignes accompagnées d'une photo spectaculaire en rendent compte dans les journaux.

Mais parfois, un accident fait parler de lui bien au-delà d'un pâté de maisons ou d'un quartier. Il suscite davantage de texte qu'une simple dépêche d'agence. Une curieuse hiérarchie établit en effet depuis toujours que les victimes de la circulation ne sont pas égales devant la mort.

Vingt fois par jour, un tué sur les routes de France ne provoque qu'une tempête dans un verre d'eau. Mais dans le tunnel de l'Alma la météo est moins clémente, un cyclone s'abat en quelques heures sur le monde via la presse. Toutes les règles sont oubliées, balayées par ce raz de marée.

Même aux antipodes, ces trois morts à vingt mille kilomètres deviennent plus intéressants que les catastrophes locales. Partout dans les journaux, le reste des informations est relayé loin dans les pages intérieures. Quand il reste de la place. La personnalité de la principale victime est bien sûr le détonateur de ce subit accès de fièvre médiatique.

Allumez la télévision, ouvrez un journal, vous y verrez mourir une princesse. Les yeux humides, vous n'imaginiez pas qu'une jolie fée de 36 ans puisse mourir.