Hier, Nabih Berri, le président du parlement et chef du mouvement chiite Amal, a saisi l’occasion d’un rassemblement de milliers de personnes, à Nabatiyé, au Sud du pays, pour rouvrir un dossier resté en sommeil depuis longtemps, et dénoncer ouvertement le régime lybien. « Nous disons à la tête du régime libyen, Mouammar Kadhafi: vous assumez personnellement la responsabilité de la disparition de l'imam Moussa Sadr », a-t-il déclaré devant la foule.
Ses déclarations suivent également de quelques jours la décision de la justice libanaise d’inculper et de demander l'arrestation de Mouammar Kadhafi pour la disparition de l'imam chiite.
Trente ans plus tard, l’histoire a donc rendez-vous avec l’actualité…Mais au-delà des règlements de compte et des démêlés politiques que la commémoration de sa disparition font ressusciter, le legs laissé par « Moussa Sadr » est toujours aussi vivant dans les esprits…
Pour beaucoup de chiites, Moussa Sadr symbolise avant tout l’ascension sociale de leur communauté. Il est celui qui lui insuffla la fierté et l’élan qui transforma cette minorité marginalisée et pauvre en une force incontournable. Un peu partout, son poster continue à flotter, sur les façades des immeubles, à l’entrée de certains restaurants…
Barbe brune et turban noir des descendants du prophète, Moussa Sadr fut également à l’origine de la création, en 1975, de la milice Amal (Espoir), destinée à assurer la défense de la communauté chiite. Quelques années plus tard, c’est d’une scission avec Amal que naîtra le Hezbollah.
Ses partisans aiment à rappeler que lorsque la guerre civile éclata, en mai 1975, Moussa Sadr s’opposa fermement au conflit. « L’arme ne résout pas la crise, mais augmente la déchirure de la nation », aurait-il déclaré.