BACK TO BEFORE AND ALWAYS... 'Decades' Joy Division, album ' Closer'
Flashback
chroniques ponctuelles par NoPo
Encore un groupe à classer dans la mouvance novatrice post punk à influence cold wave/gothique.
Un quatuor se réunit en 1976 sous le nom de Warsaw d'abord puis, après valse de batteurs, sous son nom définitif Joy Division avec une formation se stabilisant en 1978 : Ian Curtis chant, Peter Hook basse, Stephen Morris batterie et Bernard Sumner claviers, guitare.
2 seuls albums studio en 2 ans mais quel impact! Un premier psaume 'Unknown pleasures' parait en 1979.
Je me souviens de l'émotion intense, lors de la découverte de cette curiosité singulière, à l'époque, l'oreille en boucle, collée à un vieux transistor qui s'évertuait, avec difficultés, à capter Radio One sur les petites ondes (et non pas d'FM). J'avais compris 'Job Division' et non la référence à la dramatique division de la joie des camps de concentration. Cette désignation bouleversante sied bien à l'atmosphère lourde, dégagée par la musique du groupe, dont la mort côtoie l'histoire (le suicide de son chanteur Ian Curtis en particulier), affichée sur la pochette de Closer en 1980 (Closer ... plus près de toi mon Dieu?), sous la forme d'une sculpture funéraire du Christ (photo tirée dans un cimetière génois).
Peter Hook raconte au Guardian les conditions d'enregistrement difficiles :
"Ian souffrait beaucoup de crises d'épilepsie. Quand nous enregistrions Closer, il avait beaucoup de trous noirs. Une fois, il a disparu du studio pendant deux heures. Nous ne savions pas où il était. Je suis allé aux toilettes et je l'ai retrouvé inconscient, allongé par terre - il avait eu une crise et s'était ouvert le crâne sur l'évier. Ce genre de choses arrivait très souvent."
Alors derrière cette tragédie, comment expliquer notre attachement à ces (dé)compositions? Aucune nécrophilie ni attachement chronique au malheur pourtant...
Le son fantomatique des albums demeure emblématique des productions de Martin Hannett pour Factory Records à Manchester : espace fermé, reverb et son étouffé si ce n'est claustrophobe, en tous cas jamais entendu auparavant.
Un ressenti proche de prières proclamées dans un recueillement religieux...
Quand on pense à la filiation imminente vers New Order, qui après digestion, file vers un autre genre, au son progressivement ample et prêt pour le dancefloor, on peut être dérouté (un seul être vous manque)?
L'éclectisme habite l'homme et sa sensibilité artistique.
En 1980, 'Decades' commence dans un claquement de dents, peut-être, et certainement d'outre-tombe, suivi de 3 notes de basse, accompagnées de coups sourds à la grosse caisse avant que le clavier n'envahisse l'espace.
La voix de baryton, nasillarde et caverneuse, de Ian Curtis flotte au dessus des claviers. Un fantôme passe, on vous avait prévenus!
Un autre clavier vient jouer une mélodie atmosphérique puis la batterie intervient réellement. Le claviers jouent le rythme pendant que les cordes d'une guitare, à peine effleurées, hachurent doucement ce paysage sonore impressionnant.
Souvent glaçant, le style Joy Division demeure ici apaisé, comme un soulagement dans la disparition. Sidérant!