A Murder In Mississippi - Reverie, album
michel
americana, country, folk, blues, bluegrass
For the Road Records.
1964: James Chaney, Andrew Goodman et Michael Schwerner, militants pour les droits civiques, sont assassinés du côté de Philadelphie par des membres du Ku Klux Klan et des sbires du shériff du comté de Neshoba.
Indigntaion monstre aux States, l'histoire est relatée dans le film 'Mississippi Burning' d'Alan Parker et aussi dans le low budget movie 'Murder in Mississippi' de Joseph P. Mawra.
Plusieurs romanciers ont mentionné ces événements dans leurs bouquins, Paul Simon, Tom Paxton , Mimi Farina, Phil Ochs , Barry McGuire ou Pete Seeger ont évoqué ces faits horribles en chanson.
L'histoire semble avoir inspiré six musicien de la région de Gand, ils ont choisi la dénomination A Murder in Mississippi pour propager leur musique.
Seconde raison pour le choix du patronyme: Leander Vandereecken est impliqué à 100% dans les Folk & Americana Jams du Missy Sippy Club de Gand, un club qui chaque semaine programme plusieurs concerts roots ( blues, folk americana...) de haut niveau.
Ce grand copain du regretté Tiny Legs Tim fait aussi partie des Muddy Sippy Boys et depuis peu tourne avec l'harmoniciste Olivier Vander Bauwede ( un EP est sorti en février).
En 2014, lui et sa frangine Mirthe Vandereecken, atteinte du même microbe, décident de former un band. Leander qui libère sa fougue dans quelques metal bands du cru ( dont 6 days of Justice) , enrôle son copain Dieter Vanhede, Mirthe fait de même pour Lore Heyerick, une amie venant du jazz .
Plus tard, ils débauchent Alexandra Van Wesemael, une violoniste issue du classique et Stijn Bontinck qui a troqué sa guitare contre une contrebasse.
Un premier album portant le nom du groupe paraît en 2018, il est suivi par ' Hurricana' en 2021, ' Reverie', un troisième jet vient de passer par les fonts baptismaux.
Artwork by Costin Chioreanu, a Romanian graphic designer, illustrator and video artist.
Un dessin fouillé qui illustre parfaitement le titre de l'album: Rêverie.
On peut toujours rêver du paradis et de l'innocence perdu(e)s.
On embarque dans le 'Black Train' .
Les trains et le bluegrass communient depuis des lustres, celui du Nashville Bluegrass band était bleu, Claire Lynch l'a vu partir au loin, le 'Carolina Special' de Irene Kelley vient de débouler , celui de Dave Evans a emmené sa petite amie loin de la ville, quasi partout le banjo et le violon s'affolent, il en va de même à Gand.
Le mix vocal masculin/féminin fait mouche, t'as qu'une envie, en dehors de frapper le sol du talon, c'est d'entonner le refrain avec eux ... Oh black train can't you hear me howling? Oh black train, knocking on my door Leave my body here in Virginia and then black train, I don't need you anymore.
Une fois arrivé en gare, tu te renseignes, station keeper where can I find 'Highfield Lane'?
Ecoute Leander et ses copains, ils vont t'y mener prestement et sans détour.
Tu veux des détails:perfect bluegrass harmony stack-up, violon, banjo , contrebasse et guitare, tout le tralala est hyper nerveux, le drum beat est brossé proprement, et ce n'est pas parce que tu les entends répéter cry, cry, cry.. .que tu dois te mettre à pleurnicher comme Johnny Cash.
On sait depuis Ricky Nelson que dans l'univers country toutes les filles se nomment Mary-Lou, elles portent une chemise à carreaux, des jeans, un ceinturon et un Stetson et aiment faire l'amour dans le foin.
La 'Mary Lou' de A Murder in Mississippi a beaucoup écouté les close harmonies des Andrews Sisters, elle swingue effrontément et, forcément, tous les ploucs en sont fous.
Quoi, Ronnie Hawkins... tu la connais cette fille, elle a piqué tout ton fric, ta Rolex, ton diamant, elle a démoli ta Cadillac...
C'est pas la même, fieu!
Et si on se tapait un petit tour du côté des Balkans, car la country et la polka se marient mieux que jazz et java, 'Midnight Roller' a beau débuter comme un chant gospel, dès que les instruments s'activent tu ne penses qu'à danser.
I've got a tiger by the tail.... c'est une pub pour Esso?
Après ce cheerful feel good track vient la poignante et mélancolique cabaret song, 'Banjer City' qui évoque Tom Waits dans ses chansons les plus calmes ou encore l'univers de Bertolt Brecht et Kurt Weill.
'Kingfisher' s'engage au ralenti, le martin -pêcheur , perché sur un roseau émergeant du fleuve boueux, contemple les pauvres hères working on the chain gang ( souviens -toi de Sam Cooke).
Ce blues, porté par un banjo omniprésent et un fiddle chagrin, vire gospel lorsque les filles rejoignent Leander pour psalmodier la morne complainte, rythmée par des fingersnaps méthodiques.
Un titre émouvant nous ramenant du côté de Parchman farm où on ne rigolait pas souvent.
'Whirlwind 'ne tourbillonne pas, ce gentil folk tune magnifiquement chanté par Mirthe, dégage un tel sentiment de pureté que tu t'es mis à rêver d'un monde sans violence.
Non, ne pense pas aux Poppys, ni aux bisounours, mais enfin si George Harrison chantait give peace on earth, tout comme U2, qui espérait Heaven on Earth, l'espoir est permis.
En cette fin novembre, l'esprit de Noël nous pousse vers un optimisme candide.
Et pendant ce temps les chats noirs dansent la gigue dans la grange, ' Black cats dance in the barn' , pour le plus grand plaisir des souris.
Chacun se tape un petit solo allègre, Leander s'essaye même au yodel, et c'est qui qui se trémousse avec les chats, mais oui, Marijke Hulsmans, la frontlady de Along Comes Mary.
On peut se remettre de cette débauche d'énergie en écoutant l'amorce en forme de gypsy ballad de ' Medicine man' , un titre qui touche l'âme, comme un chant russe psalmodié par une dame aux yeux noirs.
Oui mais, après 150 secondes la guitare donne le signal de la débandade, du coup les bateliers de la Volga entament un kazatchok fébrile.
Même les cosaques peuvent s'essouffler, comme la plage annonce 9 minutes, on revient au calme, le temps de boire un coup, pour repartir de plus belle en vue de la flamme annonçant le dernier kilomètre.
Un emballage final qui demande une photo finish pour désigner le vainqueur. ( le jury a vu Abdoujaparov devancer Mario Cipollini).
Non , tu confonds Jimmy Reed, c'est Bright Lights, big city', A Murder in Mississippi termine l'album par 'Bright city lights' , une ballade lumineuse sous forme de valse country, qui transforme Gand en capitale du Tennessee.
Si ta route passe par Bruxelles ce 30 novembre, arrête-toi au Botanique, A Murder in the Mississippi s'y produit lors du Tough Enough Festival. ( au stand merch, il y aura peut-être leur dernier album!).