Magazine Bd

Karine Giebel – Et chaque fois mourir un peu, tome 1 : Blast

Par Yvantilleuil

Karine Giebel chaque fois mourir peu, tome BlastDans cette brique de 480 pages, qui fait office de prologue à un tome 2 deux fois plus épais mais totalement époustouflant, Karine Giebel (« Toutes blessent, la dernière tue », « Juste une ombre », « Glen Affric »), la reine du thriller français, délaisse le genre qu’elle affectionne pour nous plonger au cœur des conflits que l’homme ne cesse de générer aux quatre coins de la planète.

Transformée en reporter de guerre, l’autrice invite à suivre les pas de Grégory, un infirmier du CICR, le Comité international de la Croix-Rouge, qui sillonne la planète pour soigner les autres au péril de sa vie. À travers le quotidien éreintant de cet homme obligé de trier les victimes pour en sauver le plus grand nombre, quel que soit leur camp, souvent au détriment de sa propre santé mentale et de ses proches qu’il abandonne régulièrement pour exercer ce noble métier, Karine Giebel rend un bel hommage à tous ceux qui travaillent dans l’aide humanitaire.  

De 1992 à 2010, du Kenya à l’Afghanistan, en passant par Sarajevo, le Rwanda, la Tchétchénie, la Colombie, la Bosnie-Herzégovine, le Sénégal, la République du Libéria, le Pakistan, la République démocratique du Congo et la Bande de Gaza, l’autrice s’installe dans la réalité de ces pays délaissés par les touristes mais malheureusement pas par la bêtise humaine.

Changeant son fusil d’épaule, Karine Giebel parcourt les zones de conflit, là où les crimes ne sont plus perpétrés par des tueurs en série, mais par des hommes contre leurs semblables, mutilant femmes et enfants et semant terreur et horreur. S’il ne s’agit plus de polar, le crime a pourtant bien lieu, mais contre l’humanité, et en reine du polar français, l’autrice sait parfaitement comment nous tenir en haleine malgré le côté (malheureusement) répétitif des missions humanitaires. Au fil des pages, l’impact psychologique de toutes ces violences absolument insupportables monte en puissance sur ce héros anonyme drapé d’une croix rouge. Tic tac, tic tac… l’explosion sera pour le tome 2 !    

Notons au passage le bel hommage rendu au travail du docteur Denis Mukwege, ce chirurgien-gynécologue qui répare les femmes victimes de mutilations génitales et qui s’est vu récompensé du prix Nobel de la Paix en 2018 pour son combat contre les violences sexuelles commises en République Démocratique du Congo. Je vous invite d’ailleurs également à lire « Réparer les femmes, un combat contre la barbarie » qu’il a écrit avec Guy-Bernard Cadière (dont le papa jouait souvent avec moi au tennis quand j’étais jeune) et que Karine Giebel cite dans ces remerciements.

Et chaque fois mourir un peu, Karine Giebel, Récamier, 480 p., 22€

Elles/ils en parlent également : Sonia, Laurence, Aurore, Ffloladilettante, Mes échappées livresques

éé

Retour à La Une de Logo Paperblog