Juré N°2 commence avec un plan sur la statue d cela justice, les yeux bandés, tenant un glaive et une balance. Il se terminera d'ailleurs au même endroit.
L'affiche est très sombre et de fait ce film est assez noir. L'action se déroule en Géorgie et selon les lois américaines, un peu différente de celles qui régissent les débats en France et que je connais à travers l’excellent film de Daniel Auteuil, Le fil et le livre La jurée de Claire Jéhanno.
La sélection des jurés ne s'opère pas de la même façon d’un côté et de l’autre de l’Atlantique. Par contre le point commun est l’interdiction de refuser d'être juré. La seule façon d’y échapper est de se faire récuser, à condition de suggérer qu’on sera incapable de donner un avis en toute impartialité.
Justin Kemp (Nicholas Hoult), jeune homme marié à Allison (Zoey Deutch) qui subit une grossesse difficile demandera à être excusé en raison de la situation de sa femme, mais la juge Hollub refusera sa demande. Il va devoir suivre cette affaire d’homicide.
Le procès débute par l'exposé des faits. Après une violente dispute avec son petit ami James Sythe dans un bar, la jeune Kendall Carter s'est enfuie à pied sur la route Old Quarry, par une nuit extrêmement pluvieuse. Le lendemain matin, un randonneur a retrouvé son corps en contrebas d'un petit pont. Sythe est rapidement arrêté. L'affaire est confiée à la procureure adjointe Faith Killebrew
(Toni Collette), qui se présente au même moment à l'élection de procureur de district et espère rallier l'électorat avec une condamnation très médiatisée pour violence domestique.Le dossier de la procureure est solide. Un faisceau d’indices devrait permettre de condamner Sythe sans état d’âme. Mais Justin va soudain se rendre compte qu'il est personnellement impliqué dans cette affaire. Le spectateur va le voir se débattre entre plusieurs dilemmes, dire ou pas toute la vérité, en premier lieu à sa femme au risque de compromettre sa grossesse, avouer sa responsabilité à la cour au risque d'être condamné à une peine de trente ans, laissant ainsi seuls sa femme et leur bébé à naître, faire en sorte que le suspect ne soit pas jugé coupable à condition de faire tomber un à un les arguments à charge. Mais peut-on se protéger sans porter préjudice ?Pour cela un des jurés et Justin aussi vont enquêter en parallèle des délibérations du jury, ce qui est formellement interdit. Et contrairement à l’habitude des américains d’avoir recours au profilage, ici il est peu question de psychologie pour résoudre l’énigme. Elle est là pour une autre raison.On pense évidemment à 12 hommes en colère, la pièce de théâtre au cours de laquelle un seul des jurés est convaincu de l’innocence de l’accusé et parvient à retourner tous les autres. On est sans cesse partagé entre le souhait de permettre au héros de s’en sortir mais aussi celui que l’accusé puisse s’en tirer, d’autant qu’il ne semble pas si violent qu’on voudrait nous le faire croire. Mais l’annulation du procès semble in envisageable en raison de sa médiatisation. On réalise combien il est difficile de rendre la justice si on a quelque chose à perdre ou à gagner dans cette situation.On entend alternativement la parole de l'accusation et celle de la défense pour décrire les faits et je me suis interrogée si c'était un artifice de montage ou la réalité. Cela se reproduit plusieurs fois et que défense et accusation progressent main dans la main est plutôt troublant. Est-ce typique des Etats-Unis ?Cela devient gênant parce que cela nous rappelle qu’on est vraiment au cinéma, donc face à une fiction alors qu’on a envie d’y croire. Heureusement le scénario est à la hauteur de ce qu’on attend du réalisateur et l’interprétation est parfaite.Alors on se prend au jeu et on se passionne en se demandant comment les choses vont évoluer. Un des intérêts du développement est de nous interroger sur la capacité (ou non) de l’être humain à avoir changé ou à s’être amélioré. Il y aura évidemment des hauts et des bas, des alliances et des retournements de situation, des moments d’émotion, jusqu’à la fin qui est (semi) ouverte, tout à fait opportune pour un réalisateur dont la filmographie concerne essentiellement des affaires de justice.Sans révéler l’issue on peut dire que parfois la vérité n'est pas la justice.Juré N°2 de Clint EastwoodScénario : Jonathan Abrams
Avec Nicholas Hoult, Toni Collette, J. K. Simmons, Zoey Deutch, Kiefer Sutherland, Chris Messina …