Album - Dead Chic, Serenades & Damnation

Publié le 27 novembre 2024 par Concerts-Review

Album - Dead Chic, Serenades & Damnation

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DEAD CHIC - Serenades & Damnation - LP 2024

DEAD CHIC, initiales D(é)C(ès) nous fait mourir de plaisir mais pas trop vite quand même.
On avait craqué sur le 'Bastion Session' et 'The Venus Ballroom' EP(rimés) qui ne nous suffisaient pas, trop courts dans le format... Avec 'Serenades & Damnation', on jubile!
Ce n'est pas un épisode de Zorro mais sur la pochette, on retrouve une ambiance hispanisante avec l'image d'un superbe éventail (leur palette musicale?). Hispanisante voir même western dont le genre incite certains à faire référence à Ennio Morricone et que ne renierait pas non plus Chris Isaak.

Revenons à la pochette dont l'objet photographié vient d'un musée de Boston, "The fan' réalisé par Edmund Soper en 1867-70, en feuilles de soie noire, bois, nacre, laiton et feuilles d'or.

Les 4 musi-cowboys :
Andy Balcon (Heymoonshaker) : lead vocal, guitar
Damien Félix (Catfish, Bigger) : guitar, backing vocals
Mathis Akengin (Catfish) : keyboards, backing vocals
Rémi Ferbus (Kimberose, Mélissa Laveaux, Andy Balcon solo) : drums, percussion, backing vocals

Cette fois, la coupe est pleine avec 11 titres, enregistrés live par Peter Deimel, dont 5 seulement déjà entendus.

Play for us : la roue tourne et roucoule dans les voix.

Celle, éraillée d'Andy s'élève sur un son d'orgue d'église, il va falloir expier tes péchés! Une drôle de célébration comme savaient si bien le faire les Doors. La rythmique roule tel un tambour alors qu'on retrouve la guitare à propagation de Damien. Le chant s'emporte au bout des nerfs et les chœurs liturgiques lui donnent l'absolution. Des claquements fouettent le pénitent dans un bain de clavier bouillonnant et bégayant en dérapage. On entend même les castagnettes, jouées par les dents qui s'entrechoquent... à l'opposé du sens ' Hédonista'.

2è single sorti ' Fortune', la cadence se cale sur un motif répétitif à la batterie et la mélodie, aux effluves cumbia, s'installe en ritournelle de guitare. L'espace sonore accueille des chœurs lumineux qu'on a envie d'accompagner. Le chant, lui, se veut plus chevrotant, et pourtant épique en même temps sur des textes poétiques, comme chevauchant un étalon dans les grandes plaines.

Décidément le rythme importe dans Dead Chic qui varie les plaisirs. ' Cuanto Cuesta', à l'atmosphère chatoyante entre Orient et Amérique latine, dessine une sorte de samba. Andy murmure des paroles sans chanter. Un son de basse fait le dos rond arrondissant les courbes les plus marquées. Le clavier enroule une vis sans fin qui nous emporte dans la danse coûte que coûte et côte à côte et même peau contre peau.

On offre des percussions sud américaines à Tuğçe Şenoğul d'Istanbul pour featurer avec Dead Chic : maracas et congas joués par Odin Parade. Même le piano tangue dans cette direction et sautille parfois. Cette fois le style de ' Mirage' côtoie la rumba bolero et fascine par sa noblesse et son pouvoir de séduction. La chanteuse charme tout en maitrise et Andy ne dit pas non à un coup de folie final.

Un effet tourne en boucle sur la ' Romance'. Cette fois, la marque du balancement s'imprime puissamment avec une basse dodue en amortisseur, étiré par la gratte. Il y a toujours un côté tordu dans le développement des morceaux, les chœurs jouant les anges effarouchés et Andy le diable.

Sur ' Manchester', la guitare acoustique, aux arpèges hispaniques, et la voix, murmurée, adoucissent les mœurs. La basse chaloupe provoquant un mouvement hyper sexy. Un côté Boléro doucement saccadé plus que Tango, traversé d'éclairs de guitare électrique à forte réverbération. La nappe de clavier, plus loin, et le solo de gratte épaississent une mélancolie des plus émouvantes. Soul chic!

Et puis, on dine aux chandelles à ' Paris' en tête à tête, un pari réussi pour ce titre. Les cordes, d'abord chatouillées, et les touches de clavier, caressées, amènent la délicatesse. Plus loin, la mélodie, éruptive, entêtante, serpente sur une rythmique au galop, cheveux aux vent, dans l'exaltation.

' All seasons change' touche à l'âme avec un son fluet de mellotron et un refrain à reprendre en chœurs, encore et encore, beau à pleurer. Une ballade blues sur une touche de clavier insistante, aux notes de guitares retenues, pareil à une respiration angoissée. Les paroles, susurrées au creux de l'oreille, 'Looking at the seasons going round' sur l'image d'un tempus fugit, glissent au long d'une chanson d'amour tournant au drame 'You change like the weather and you break like the dawn...' repris en choeurs exultants.

C'est parti pour ' Pain love joy' où les 2 derniers thèmes (love/joy) dominent musicalement la composition. Boum Tchac, Boum Boum Tchac, séquence la cadence sur laquelle la guitare fuzze puis tremble en vibrato. Par instants, le clavier zèbre en virgule. Derrière des couplets chaloupés (love joy) et lancinants (pain), le refrain, écumant, avec un timbre à la Jim Morrison, transmet son sel et donne une envie folle de chanter avec le groupe. Eux ne s'en privent pas, hurlant tous les 4 ensemble à l'unisson 'Give me pleasure Give me pain' sur des braises ardentes de guitare en déflagrations finales.

' Souvenir' s'ancre au trot, parcourant les peaux dans une atmosphère de grands espaces au souffle sur le poil. La guitare t(w)angue beaucoup, comme sur un bateau secoué, maintenue par une vague de claviers menaçants. Le chant, en français, flirte avec la déraison, par de petits cris, dans un climat aux faux airs d'un précédent titre 'Les fleurs séchées'.

La guitare blues vibrante, rappelant Robin Trower, semble avoir du mal à démarrer puis ' Know Your Worth' rebondit sur une touche de piano. La voix, toujours débordante d'émotions, avance, chaotique, et sur le refrain, les chœurs n'hésitent pas à faire du Morricone accompagnés de bruit de cloches. Le mid-tempo, lourd, et parcouru d'angles saillants à la guitare, perfore le coeur, pourtant ragaillardi par les encouragements du titre.

Morricone, Morrison (more icônes?), mais non pas de mort ici, à part du mors aux dents, c'est la vie qui l'emporte... on souhaite surtout more Dead Chic!
La concurrence peut prendre ses cliques et ses claques, c'est encore une claque distribuée par la clique chic, loin d'être dead.
Tout simplement remarquable voir essentiel!
1-Hedonista
2-Fortune
3-Cuanto Cuesta ?
4-Mirage
5-Romance
6-Manchester
7-Paris
8-All Seasons Change
9-Pain Love Joy
10-Souvenir
11-Know Your Worth