Passages à Cinemania: les 9 et 10 novembre 2024 - Sortie en salle au Québec: 29 novembre 2024 (Sphère Films)
Un budget conséquent (40 millions de dollars canadiens), un gendre d'Aznavour parmi les producteurs, une participation financière du plus important diffuseur privé en France; voilà quelques-uns des traits qui caractérisent ce très ambitieux Monsieur Aznavour. Si l'on ajoute un directeur photo habitué aux oeuvres de télévision et des réalisateurs en pâmoison, il est assez aisé de mesurer les limites et les contraintes imposées à cette biographie romancée, certes jamais ennuyeuse, mais qui s'appuie surtout sur le pouvoir évocateur des grands succès du chanteur et businessman.
De ce pot-pourri visuellement attrayant, on retient quelques scènes marquantes, dont la reprise de Comme ils disent, et des passages plus émouvants, dont l'enterrement de son fils Patrick, qui s'est enlevé la vie en 1976 à l'âge de 25 ans. Mais le ton est en général plutôt monotone, sans mordant, sans réel angle de vue, et comme ce fut le cas dans quelques biopics français récents (Gainsbourg, vie héroïque, , ou ), le film pêche par son trop-plein de gentillesses et de générosité.
Les passages musicaux omniprésents et la somme excessive de détails obligent les auteurs à céder à la superficialité pour entrer dans un format commercialement acceptable de 133 minutes. En outre, même si les prothèses de Tahar Rahim procurent un effet saisissant, et en dépit de son implication sans faille (plusieurs mois de travail auront été nécessaires), il est difficile d'oublier complètement qu'il s'agit de l'acteur révélé par Un prophète.
Un jour, comme ce fut le cas pour le couturier Yves Saint Laurent, un auteur offrira à l'oeuvre de Charles Aznavour un traitement fictionnel plus original et plus personnel. En attendant, retournons voir l'excellent documentaire Aznavour - Le regard de Charles (Marc di Domenico, 2019) et apprécions ce film pour ce qu'il se veut; un hommage respectueux à une vedette immense qui ne cesse d'habiter le coeur de dizaines de millions d'admirateurs à travers le monde.
Extrait de Si j'arrête, je meurs, mon analyse de Monsieur Aznavour à paraître dans le numéro d'hiver de Ciné-Bulles.