L’histoire de la musique regorge d’emprunts et d’inspirations, mais tous ne suivent pas les règles. Kanye West, figure controversée du rap américain, s’est souvent retrouvé au cœur de débats autour de l’appropriation musicale. L’exemple du morceau New Slaves, extrait de son album Yeezus (2013), en est une illustration frappante.
Un emprunt non autorisé
Dans New Slaves, Kanye West utilise un pont musical inspiré de Gyöngyhajú Lány, une ballade hongroise sortie en 1969, composée par Gábor Presser du groupe Omega. Ce passage mélancolique, bien qu’esthétiquement puissant, a été intégré sans demander l’autorisation nécessaire au compositeur ou à sa maison de disques. Cet acte a relancé le débat sur les limites entre inspiration, sampling et plagiat dans l’industrie musicale.
Le sampling, une pratique courante dans le rap et les musiques électroniques, nécessite l’accord des ayants droit. Ici, ce manquement souligne une gestion approximative de l’artiste à une époque où il se déclarait en guerre contre les conventions, revendiquant que « ne pas avoir de stratégie est la meilleure stratégie ».
Un album entre lumière et ténèbres
Yeezus est souvent considéré comme l’un des projets les plus audacieux de Kanye West, tant sur le plan musical que conceptuel. Il dénonce le racisme systémique tout en explorant des sonorités abrasives et des thèmes sombres. Pourtant, cette période marque aussi le début des dérapages publics de l’artiste, avec des propos antisémites, complotistes et profondément polémiques.
Ces controverses culmineront des années plus tard avec des déclarations choquantes sur l’histoire de l’esclavage ou son admiration pour des figures nazies. Cette dualité, entre l’artiste génial et le personnage provocateur, rend Yeezus encore plus complexe à analyser.
Quand l’Afrique est pillée
Ce cas précis s’inscrit dans un contexte plus large de pillage culturel, où des artistes, notamment occidentaux, s’approprient des sons, des rythmes et des œuvres issus d’autres cultures sans toujours en reconnaître ou en rétribuer les créateurs originaux. En Afrique, cette pratique est courante, privant souvent les artistes locaux de leur juste reconnaissance.
Si Kanye West a été confronté à des accusations pour son emprunt hongrois, d’autres exemples montrent que le continent africain est régulièrement victime de ces pratiques. Pourtant, la richesse culturelle et musicale africaine continue d’être une source d’inspiration pour le monde entier.
Conclusion : un dialogue nécessaire
Les questions de plagiat et d’appropriation culturelle mettent en lumière les rapports de pouvoir dans l’industrie musicale. Si l’inspiration est essentielle à la création artistique, elle doit se faire dans le respect des créateurs originaux. Les cas comme New Slaves rappellent l’importance de concilier innovation et éthique, surtout dans une époque où les musiques du monde entier s’entrelacent plus que jamais.
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