Ah, 60 Millions de Consommateurs. Ce magazine qu'on gardait sur la table du salon, entre un café tiède et un devis d'assurance incompréhensible, pour enfin avoir des réponses claires. Un guide, une boussole dans l'océan des entourloupes commerciales. Et voilà qu'on apprend, avec cette mise en vente, qu'il risque de rejoindre la longue liste des institutions sacrifiées sur l'autel du marché.
C'est un symbole, et pas des moindres : l'État se retire officiellement de la défense des consommateurs.
Les marchands sont rois
Avec Macron et sa clique, on le savait déjà, les priorités sont claires : l'entreprise avant tout, le citoyen ensuite, et le consommateur... eh bien, il peut bien se débrouiller. Qui a besoin de conseils objectifs quand les marques peuvent directement "conseiller" leurs clients à grands coups de publicités ciblées ?
L'État, autrefois garant de l'indépendance de ce magazine, baisse le rideau en douce. Pas un débat public, pas une consultation. Juste une décision froide, qui résonne comme un aveu : " Nous n'avons plus envie de vous protéger. Débrouillez-vous avec Amazon et Carrefour. "
Pourquoi c'est grave ?
Parce que 60 Millions de Consommateurs, ce n'était pas juste un magazine. C'était l'un des rares remparts contre l'opacité des pratiques commerciales.
- Vous vouliez savoir si votre crème hydratante à 70 € était meilleure qu'une crème à 7 € ? Ils vous le disaient, sans bullshit marketing.
- Une banque lançait une nouvelle offre trop belle pour être vraie ? Ils démontraient pourquoi elle l'était.
Avec cette vente, quelle garantie avons-nous que ce niveau d'indépendance perdurera ? Si demain, le magazine est repris par un grand groupe privé, comment croire qu'il continuera de dégommer les pratiques douteuses de ses propres annonceurs ?
Le démantèlement des protections sociales continue
Ce n'est pas qu'une histoire de magazine. C'est une page qui se tourne dans l'histoire de la défense des consommateurs en France. Macron et ses prédécesseurs ont méthodiquement grignoté les piliers de la protection sociale :
- Retraites ? En miettes.
- Santé publique ? À bout de souffle.
- Éducation ? Sous-financée et en crise.
- Justice sociale ? Remise aux calendes grecques.
Aujourd'hui, c'est au tour des consommateurs. Les marchands deviennent les rois. Les consommateurs, eux, sont rétrogradés au rang de sujets, priés d'obéir aux diktats de la publicité et de consommer en silence.
Vers une privatisation du conseil ?
Si l'indépendance de 60 Millions de Consommateurs est sacrifiée, à qui pourra-t-on faire confiance ? Les influenceurs sponsorisés par des marques ? Les guides d'achat truffés de liens affiliés ? La vérité, c'est qu'une information réellement indépendante coûte cher, et peu de gens veulent encore payer pour ça.
Cette mise en vente n'est pas juste une affaire économique. C'est un choix politique qui dit : " Vous n'avez plus besoin de nous pour savoir si votre machine à laver est fiable. " Mais qui se battra pour nous si l'État tourne le dos ?
Une perte irréparable ?
Peut-être que 60 Millions de Consommateurs trouvera un repreneur respectable. Peut-être que l'indépendance sera miraculeusement préservée. Mais soyons honnêtes : les exemples récents ne prêtent guère à l'optimisme.
Ce que nous perdons aujourd'hui, c'est une voix. Une voix critique, objective et utile, dans un monde saturé de messages publicitaires. Ce que nous perdons, c'est un symbole.
Et ce symbole crie une chose : l'État ne protège plus ses citoyens. Il protège les intérêts des entreprises.
Alors, à tous ceux qui pensent que c'est un simple magazine qui disparaît : ouvrez les yeux. C'est bien plus que ça. C'est un chapitre de l'histoire sociale française qui se ferme, laissant place à un avenir où le consommateur sera livré à lui-même, face à des marchands toujours plus voraces.
Repose en paix, 60 Millions de Consommateurs. On te regrettera.Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News