En tant que professeur de français en exercice dans l'un des nombreux établissements scolaires touchés par l'opération, j'ai eu l'occasion d'observer de près la mise en place du fameux " quart d'heure de lecture " dont le principe consistait pour l'équipe de direction, à définir une fois par mois un moment de lecture obligée pour tous les élèves et membres de la communauté scolaire.
Ce dispositif secoue les habitudes et oblige les plus récalcitrants à " sortir un livre " et à s'y concentrer pendant la durée impartie. Il faut jouer le jeu et mettre un minimum de bonne volonté malgré la contrainte que représente ce temps de lecture imposée. Et d'abord, venir avec un livre... Mais lequel ? " Titeuf " ou " La Princesse de Clèves " (au programme du bac de français cette année-là) ? On le voit tout de suite, quand on est en salle, embarqué avec ce joyeux équipage " d'hypocrites lecteurs ", sortir un livre, c'est choisir une enseigne ! Le livre dit quelque chose de nous, il dit aussi quelque chose des élèves.
Mon roman met en scène des lycéens. Au début de la rédaction, j'ai consacré à l'observation et à l'analyse du quart d'heure de lecture un nombre trop important de pages au point qu'il a fini par m'égarer. J'ai donc éliminé 80 pages car, au moment des relectures, je me suis rendu compte qu'elles ne convenaient plus à la logique narrative et je les ai jetées à la corbeille. Ce que j'ai gardé, c'est la façon dont lisent les jeunes et ce que la lecture leur procure. Et à travers eux, ce que la lecture suscite en nous. C'est le sujet de l'épisode 3.
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