Par Gardy Bertili et Gabrielle Lamotte
A l'instar de celui de juin, le mois de septembre est une période difficile et chargée pour le CPE : accueil des nouveaux, élèves comme adultes, recomposition de l'équipe et, pourquoi pas, bonnes "résolutions" de rentrée. Et pour se préserver de garder la tête dans le guidon pendant des mois, pourquoi ne pas se plonger dans quelques textes sur l'avenir du métier, notre place auprès des élèves et les problématiques qui traversent le débat sur l'école ? Petite sélection de textes pour accompagner le mois de septembre
Le système
Rapport annuel 2007 des inspections générales (janvier 2008), "Quelles missions, quels enjeux, quels modes d'action pour l'établissement scolaire ?"
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/0[...]
Le métier
Les CPE : un métier en redéfinition constante (septembre 2007):
http://www.cereq.fr/pdf/Net-Doc28.pdf
CPE : un métier au coeur des enjeux sociaux (juin 2007) :
http://www.cereq.fr/pdf/b242.pdf
La vie scolaire, l'éducation et la pédagogie, par Jean-Pierre Obin :
Il précise des notions importantes comme la place de la vie scolaire dans l'organisation de l'établissement, ou son rôle dans l'éducation des élèves, dans une perspective historique.
http://www.jpobin.com/pdf6/2007Laviescolaireleducation.pdf
Le suivi des élèves
Rapport thématique 2007 de la Défenseure des Enfants :
"Adolescents en souffrance : plaidoyer pour une véritable prise en charge" :
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/074000719[...]
Accompagnement éducatif, une webographie complète sur le site Educasources :
"De la réflexion à la mise en place" :
http://www.educasources.education.fr/selecthema.asp?ID=93896
Les débats
Entre l'école des marchands et l'École des pédagogues : quelle École voulons-nous ? Une réflexion de Philippe Meirieu :
http://www.meirieu.com/nouveautesblocnotes.htm
Quelques éléments de problématique concernant la politique éducative des établissements : communication d'Alain Warzee, nouveau président du jury du concours CPE aux assises académiques de la Rochelle, 14 mars 2008 :
ww2.ac-poitiers.fr/civique/IMG/pdf/Alain_Warzee.pdf
Des conseils ? ... Non !
PRISE DE FONCTION
* Prenez le temps d'observer l'établissement dès votre prise de fonction.
* Imprégnez-vous de l'Histoire et des histoires de l'établissement.
* Restez en contact avec chacun, écoutez, soyez ouvert.
* Restez neutre, ne vous laissez pas entraîner dans des enjeux dont vous ne maîtrisez ni l'historique ni les tenants et aboutissants.
* Ne soyez pas indifférent mais gardez vos distances. Le tutoiement ou le vouvoiement relève d'une culture d'établissement mais aussi d'un choix personnel et professionnel.
* Ne soyez ni isolé ni trop proche.
* Ne cherchez pas à vous faire aimer, apprécier, fuyez la démagogie.
* Ne soyez pas dédaigneux, méfiant, entourez-vous de conseils.
* Ne taisez pas vos doutes, vos peurs, vos difficultés, échangez avec les autres, notamment les collaborateurs proches, les supérieurs.
* Comprenez que vous n'êtes pas seul, que vous ne ferez pas l'objet systématique de pièges, de ruses, d'artifices. On saura apprécier vos compétences et vos qualités.
* Méfiez-vous de la sur-franchise ou de la sur-défiance. Faites attention pour ne pas choquer, trop brusquer, restez diplomate. On peut dire les choses, être ferme, défendre ses opinions et convictions sans agressivité, sans faire peur, sans attaquer, sans rebuter.
* Il faut chercher à apprendre, des autres et à les comprendre et se faire comprendre des autres.
* Donnez envie aux autres de mieux vous connaître, d'apprendre de vous.
* Restez vous-même sans chercher à forcer votre être.
* Votre autorité ne se décrètera pas, elle se construira peu à peu.
* Les compétences, les attentes, les qualités ne sont pas forcément transférables, elles doivent s'adapter, s'amplifier, s'affermir.
* N'oubliez jamais qu'un établissement scolaire est une ORGANISATION, une HISTOIRE et une CULTURE. Il a existé avant vous, vit avec vous et vivra sans vous.
* Vous n'êtes donc pas indispensable mais votre œuvre participe à son évolution, s'inscrit dans son HISTOIRE, dans son ORGANISATION, dans sa CULTURE.
* TRAVAIL EN EQUIPE, FORMATION CONTINUE SONT INDISPENSABLES TOUT AU LONG DE L'ANNEE SCOLAIRE…
A PLUSIEURS CPE… CE N'EST PAS TOUJOURS AISÉ
* Le temps du dialogue, du débat, du réalisme s'impose ardemment.
* Prenez le temps de penser un mode commun de fonctionnement, chacun doit faire des compromis.
* Ne cherchez pas à imposer (pas davantage avec les enseignants et autres personnels) vos conceptions du métier, du fonctionnement de l'équipe vie scolaire, de l'organisation de l'établissement
* Soyez concrets : tutoie-t-on les assistants d'éducation, comment les répartir entre CPE, quels sont les outils disponibles et comment les exploiter avant de changer éventuellement, comment convoque-t-on les élèves… ?
* Vous héritez d'un passé (la collecte, la gestion et le suivi des absences, des retards, des exclusions de cours, des incidents sont gérés habituellement d'une certaine manière par exemple, tout n'est pas à remettre en question même si vous n'êtes pas en accord avec cela), il y a des habitudes, vous ne les dépasserez pas d'un coup de baguette magique.
* Soyez conciliant, ouvert au dialogue et au débat, disponible.
* Travaillez en équipe, c'est indispensable pour se comprendre, apprendre, agir et réagir avec intelligence, appréhender ensemble le fonctionnement et les conditions d'exercice, trouver les bonnes solutions, adopter les meilleures décisions. Chacun doit trouver son compte, doit pouvoir s'épanouir.
ET AVEC LES ELEVES…
* Les élèves, comme les adultes d'ailleurs, vous testeront, vous observeront mais eux non plus ne sont ni tordus, ni vicieux, ni rusés
* Votre année dépendra de la relation éducative que vous saurez établir avec eux.
* Les élèves souhaitent avoir en face d'eux des adultes, donc des responsables, des guides, des auiguilleurs.
* Les élèves recherchent de l'écoute, de l'empathie, de la justesse (dans les prises de positions et décisions) et de la justice. Ils ne revendiquent pas l'égalité avec les adultes, ils n'igorent pas combien la relation pédagogique comme la relation éducative sont foncièrement asymétriques.
* Et s'ils contestent, revendiquent, provoquent c'est parce qu'ainsi ils se construisent, c'est parce qu'ils sont en quête de limites, de repères, c'est parce que consciemment, intimement ou involontairement ils veulent se confronter à l'altérité, éprouver leur être, rechercher de la considération, de la "valeur" à nos yeux.
* Il y a rarement de la méchanceté chez les élèves même si nous ne parvenons pas à toujours interpréter leur mal-être, leur agressivité verbale, même si quelquefois ils peuvent attaquer votre intégrité morale voire physique. Ils se cherchent, s'identifient, se confrontent, se modélisent par imitation.
* Les élèves ne sont jamais nuls, ne sont jamais perdus, aucun ne désespère, sinon vous ne pouvez pas œuvrer pour l'éducation.
* Celle-ci est l'espérance de la perfectibilité, c'est la faculté de croire que l'élève deviendra un citoyen, un adulte, un HOMME.
* Le but de l'éducation est de conduire l'élève à abandonner son animalité instinctive, impulsive pour se rapprocher au fur et à mesure de l'humanité, de l'humanisme.
* Elle vise à faire rêver.
* Elle vise aussi à permettre àl'élève de s'élever et à voler par ses propres moyens. Nous avons réussi lorsque l'élève n'a plus besoin de nous pour réfléchir, pour décider, pour avancer, pour réussir.
* Acceptez d'apprendre des élèves, apprenez à mieux les entendre, mieux les comprendre en vous entourant de conseils de ceux qui les connaissent avant vous, de ceux qui les entourent. Prenez le temps de la découverte, soyez disponible, attentif, votre suivi ne sera que meilleur.
* Ne cherchez pas à les cataloguer, à faire plaisir, à endiguer les problèmes en les fuyant, ne recherchez pas la paix sociale en donnant systématiquement satisfaction aux adultes (il ne s'agit pas de donner raison aux élèves contre les adultes, ou encore de les monter contre eux…) mais invitez au dialogue, à la médiation, à la rencontre.
* Le temps du dialogue, du "décorticage" de ce qui s'est passé, le temps de dissoudre les quiproquos font baisser la pression, calment la colère et ce sera autant de temps pour la réflexion, pour une décision juste, comprise, expliquée même si elle n'est pas admise.
ENFIN… !
* N'oubliez pas les sites d'échanges professionnels, de mutualisation des pratiques, de réflexions théoriques qui peuvent éclaires le quotidien : ANCpe, Cahiers pédagogiques, Paidea (Poitiers), Vie scolaire Dijon, IUFM de Paris, Vie scolaire Académie de Créteil, ESEN, ministère de l'éducation nationale, VEI, les sites internationaux notamment ceux du Québec et de la suisse romande.
- Pensez à consulter régulièrement le Bulletin Officiel,
- Pensez à dévorer les revues spécialisées : "le conseiller d'éducation", "les cahiers pédagogiques", "Sciences Humaines", "Education et devenir", "la Lettre de l'éducation", mais aussi les journaux spécialisés et d'actualité.
- N'oubliez pas évidemment les truculents rapports des inspections et des ouvrages (romans, essais, ou autres) sur l'éducation, la psychologie de l'éducation, la sociologie de l'éducation, la philosophie de l'éducation, etc.
ET SURTOUT…
* Avant chaque action, posez-vous les questions suivantes : pourquoi dois-je agir ainsi, quels objectifs poursuivis, est-ce l'intéreêt de l'élève, de l'institution, des adultes, ou de tous à la fois ?
* Après chaque action, demandez-vous si vous avez bien agi, si vous avez tenu compte de l'intérêt de l'élève et/ou de l'institution, comment, quand, quels outils pour évaluer votre action (ou intervention) et est-elle mesurable ? Agiriez-vous de la même manière la prochaine fois, sinon oui/non pourquoi, comment ? Avez-vous été compris, entendu ? Avez-vous été convaincant et convaincu ?
En somme, prenez le temps de réfléchir, d'échanger, de confonter et d'évaluer vos actions, vos outils, vos mesures, vos positions pour ne pas vous méprendre, pour ne pas perdre de vue la relation éducative, et la réussite personnelle, sociale et professionnelle de chacun des élèves.
Le CPE comme tout autre acteur n'est pas là pour se faire plaisir mais pour participer à une grande œuvre éducative dont le but final est la réussite de tous les élèves quels que soient sa couleur, sa race, sa religion, ses opinions, sa condition sociale, son amour ou non de l'école ou toute autre considération.