"David est un mec bien. Je l'ai toujours su. Notre petite vie aurait d'ailleurs pu durer longtemps comme ça. C'est ce que je lui ai dit peu avant que nous entamions la procédure de divorce : "Et si on continuait comme ça, avec chacun une vie à soi... Car, à bien y réfléchir, nous sommes mieux lotis que pas mal de gens : nous nous entendons bien, nous avons beaucoup de choses à nous dire. Alors pourquoi pas ? - Molly... Tu sais bien..." David dit souvent qu'on n'a qu'une vie ; ou plutôt, David a souvent invoqué cette formule pendant la période qui a précédé le divorce : on n'a qu'une vie. Devions-nous, pour autant, mettre un terme à cette vie de couple qui, certes, ressemblait davantage à la cohabitation de deux vieux amis qu'autre chose ?" (p. 109-110)
Chapitre après chapitre, ce sont toutes les femmes qui l'ont croisé ou connu qui témoignent et cherchent à comprendre sa disparition. Cette fuite, c'est celle d'une vie choisie par d'autres, une vie de lâche qui a voulu faire ce qu'attendait de lui sa mère, une vie insipide entrant dans la norme. Mais que va-t-il trouver en fuyant ? L'auteur ne choisit pas de lui faciliter la tâche : il ne tombera pas amoureux, ne reconstruira pas une vie merveilleuse. De fait, dans ce roman, Arnaud Cathrine ne semble pas croire aux couples heureux. Il manque toujours chez chacun d'entre eux cette petite étincelle : déçus de ne pas la trouver dans leur couple, certains préfèrent partir, plutôt que de poursuivre leur vie tranquille, espérant trouver l'amour ailleurs, le vrai. En revanche, il fait de la voisine, célibataire depuis dix ans, le personnage paradoxalement le moins frustré de tous. A méditer ?
"(...) mais j'ai continué à me raconter je ne sais trop quoi, qu'il fallait "essayer", et que je finirais bien par prendre le train en route, mais ça ne se fait pas, on se rétame à coup sûr quand on tente de prendre le train en route, on ne se force à rien dans ce domaine, on perd même de sa gentillesse et de son ardeur, on devient une ingrate qui profite lâchement des bras d'un garçon comme d'un traversin
." "Il faut reconnaître que ce n'est pas chose aisée de dire à un garçon gentil et ardent qu'il aura beau faire de son mieux, rien n'y changera." (p. 133-134)Verticales, 2007. – 194 p.. – ISBN 978-2-07-078129-4 : 17,50 €.