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L’avenir de la presse : saccage en direct des écoles de journalisme

Publié le 23 novembre 2024 par Angrymum @VeryAngryMum
L’avenir presse saccage direct écoles journalisme

La formation des journalistes, cet ingrédient clé d'une presse libre et pluraliste, est en train de basculer dans une zone de turbulences inquiétantes. Après l'émergence de l'Institut Libre de Journalisme (IDLJ), conçu par la droite identitaire pour propager sa vision médiatique, c'est maintenant l'ESJ Paris, doyenne des écoles de journalisme, qui tombe dans l'escarcelle des grands noms du conservatisme économique et idéologique. La Bollorisation des médias, que l'on croyait confinée aux chaînes de télévision, s'attaque désormais aux écoles. Et l'ambiance sent le souffre.

Un rachat qui inquiète

L'ESJ Paris, fondée en 1899, a toujours été une institution de référence. Mais son rachat par un groupe d'investisseurs bien ancrés à droite a provoqué un séisme dans le milieu journalistique. Derrière l'opération, des noms qui évoquent autant le CAC 40 que les cercles réactionnaires : Vincent Bolloré, Bernard Arnault, la famille Dassault, Pierre Gattaz, et Rodolphe Saadé.

Le bouquet final ? La nomination à la tête de l'école de Vianney d'Alançon. Ce dernier est célèbre pour ses bijoux religieux et son parc d'attractions Rocher Mistral, souvent moqué comme un Puy-du-Fou version croix géante et bondieuseries en carton. Un choix qui ne doit rien au hasard. C'est un signal fort : l'ESJ Paris s'aligne sur une vision conservatrice et identitaire de la formation journalistique, dans un projet plus global de reprise en main des médias.

Pourquoi c'est grave ?

La liberté de la presse repose sur une pluralité des points de vue et sur une formation rigoureuse des journalistes, capables de croiser les sources et de résister aux pressions politiques ou économiques. Mais si ces journalistes sont formés dès leurs premières années avec un biais idéologique, que reste-t-il de cette pluralité ?

  1. Endoctrinement des futurs journalistes
    Ce type de rachat n'est pas anodin. L'objectif est clair : produire une génération de journalistes alignés sur une vision du monde spécifique, où le conservatisme économique, religieux et sociétal domine. Exit le journalisme d'enquête indépendant, place aux lignes éditoriales préformatées pour servir des intérêts précis.
  2. Effet domino dans les médias
    Les journalistes formés dans ces écoles intégreront des rédactions déjà sous pression économique ou idéologique. Avec une formation biaisée, leur capacité à résister à ces influences sera réduite. Résultat : un appauvrissement général du débat public.
  3. Une machine à normaliser la pensée unique
    Quand les écoles de journalisme deviennent des laboratoires d'idées conservatrices, c'est la liberté de pensée elle-même qui est en danger. Ces écoles façonnent les récits médiatiques de demain, et si elles tombent aux mains d'investisseurs engagés, ce sont leurs intérêts qui guideront la production d'information.

Le spectre de la Bollorisation généralisée

Vincent Bolloré n'en est pas à son premier coup d'éclat. Après avoir remodelé CNews en une machine à produire du clash et des polémiques à l'odeur rance, il s'attaque désormais à la formation des journalistes. Ce mouvement stratégique s'inscrit dans une logique globale : celle de contrôler non seulement les médias, mais aussi leurs rouages.

Et il n'est pas seul. Les autres investisseurs, Bernard Arnault ou la famille Dassault, ne sont pas des spectateurs passifs. Ils comprennent l'enjeu stratégique que représente l'information dans une société. S'assurer que l'ESJ forme des journalistes dociles, voire militants pour leurs intérêts, est une manière de verrouiller encore davantage le discours public.

Que faire ?

Face à cette attaque en règle contre la pluralité journalistique, il est urgent de réagir. Plusieurs pistes peuvent être envisagées :

  • Soutenir les écoles indépendantes : Les formations libres et indépendantes, comme celles portées par des ONG ou des collectifs journalistiques, sont une alternative précieuse à ce modèle captif.
  • Sensibiliser les futurs journalistes : Les étudiants doivent être conscients des enjeux qui entourent leur formation. Il est essentiel de leur fournir des outils pour développer un esprit critique face aux pressions idéologiques.
  • Exiger des garanties de pluralité : Pourquoi ne pas imaginer un organisme indépendant pour superviser les écoles de journalisme et garantir leur neutralité idéologique ?

Un avenir incertain pour la presse

L'avenir de la presse, déjà fragilisé par les crises économiques et la désaffection du public, semble encore plus compromis par cette mainmise idéologique sur les écoles de journalisme. Si nous laissons faire, le journalisme d'enquête, les reportages de terrain, et même l'information contradictoire pourraient devenir des souvenirs lointains.

La reprise en main des écoles de journalisme par des figures comme Bolloré et consorts est un signal d'alarme. Si l'on veut préserver une presse libre et indépendante, il faut agir maintenant. Sinon, le quatrième pouvoir risque bien de devenir une simple chambre d'écho des puissants.

L’avenir presse saccage direct écoles journalisme

Angry Mum, maman active, maman geek et toujours à l'écoute d'Internet... Elle adore les vacances mais pas toujours les vacances scolaires ! Blogueuse depuis 2013. S'abonner à Angry Mum sur Google News


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