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Manuscrit

Publié le 23 novembre 2024 par Alexcessif

 On m’inviterait à la télé. Ma famille retrouverait mon adresse. Je serais flatté par ce faux cul de Trapenard comme un Jaenada ordinaire. Le lendemain dans la queue des libraires des bourgeoises à genoux se pâmeraient avec des accents circonflexes en réclamant mon petit dernier. Je trousserais à la hussarde des groupies extasiées sur un capot de Ferrari.

Poussé par mon éditeur comme une pute sur un trottoir je commettrais des calembours honteux. Mon nom sans dignité deviendrait une marque. Je serais pêle-mêle entre Musso et Nothomb et j’endurerais Bardella en tête de gondole dans les supermarchés. Je m’autoriserais toutes les forfaitures que permet la célébrité. Enivré par la gloire, j’écrirais des anecdotes sordides. Sans pudeur je chuchoterais bruyamment mes coucheries. A bout d’originalité, je vendrais mes vices. On m’offrirait à Noël ou pour un anniversaire humilié au pied d’un sapin dans un emballage cadeau. Je lancerais des modes vestimentaires. Je chausserais des Repetto sans chaussettes et mes jeans usagés s’arracheraient au prix d’une Tesla. Ma notoriété grillerait les feux rouges et confierait sa trottinette au voiturier de la Closerie des LilasA Saint Germain, je vomirais les fantômes de cet imbécile de Sartre, cette salope de Simone, ce fumiste de Camus d’avoir snobé Vercors dans les flatulences de DestoucheA l’Odéon des cons de chalands feuillèteraient gratuitement des pages suintantes de ma vanité bradées sur l’étal du «Dilettante». D’autres profiteraient de mon génie à pas cher chez Momox. Abandonné des muses, la gloire tournerait sa veste comme un socialiste. Je me ferais gauler en dealant du Chemsex devant l’assemblée. On lâcherait les chiennes de garde. Celles que je n’aurais pu satisfaire me conchieraient avec les harpies de Meeto de n’avoir pas soulevé leur jupon. Je patienterais des heures dans des salles d’attente d’avocats hors de prix comme un vulgaire PPDA, je renierais Beigbeder au bar du Lutetia, je ne saluerais pas Bedos salle des pas perdusJe prendrais du poids. Je perdrais mes cheveux. Je m’essoufflerais dans des femmes sèches comme des vieux gantsMa famille aurait honte de moiAlors non!Vous ne me publierez jamais Au vacarme des hourras, j’oppose la désinvolture du silence au milieu des oyatsComme Régis-Paris-Novembre 2024

Quand le rédac chef a déposé ma pige délicatement dans une  poubelle ignare j’ai pensé à ce directeur artistique qui avait refusé de signer Patrick Hernandez et son « Born to be alive »

Basta, j’ai commandé des bricoles sur internet.

S’offrir des trucs c’est l’assurance d’un amitié de qq jours:

merci de votre commande-votre commande est validée-votre commande est en cours de préparation-votre commande est confiée au transporteur-votre commande est à votre disposition

Espacés de 24 h ces messages d’amitié avec une intelligence artificielle sentent bon la sincérité qui me fera ma semaine

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