La mode, cet univers fascinant, souvent source d'inspiration pour le cinéma et la télévision, est une toile parfaite pour raconter des histoires pleines d'élégance, d'intrigues et de passions. Malheureusement, La Maison, série française supposément centrée sur une maison de couture fictive, échoue lamentablement à capturer cette magie. Après avoir visionné l'intégralité de sa première saison, je ne peux que conclure : cette série est un désastre à tous les niveaux. Je m'attendais à une immersion captivante dans les coulisses du monde de la haute couture. La Maison avait toutes les cartes en main pour proposer une exploration mordante et dramatique de cet univers : des tensions internes, des rivalités inter-houses, et, pourquoi pas, un soupçon d'humour noir. Mais ce qui est livré est loin de l'excitation attendue. À la place, je me suis retrouvée face à une avalanche de clichés éculés et de situations absurdes, servies par un scénario laborieux.
La série peine à choisir son ton. Est-ce une satire ? Un drame intense ? Une parodie ? En essayant d'être tout cela à la fois, elle ne réussit rien. Les épisodes s'enchaînent dans une monotonie affligeante, ponctués de dialogues artificiels et de rebondissements téléphonés. Le résultat : une œuvre sans âme, ni direction, ni originalité. Le problème le plus flagrant de La Maison réside dans ses personnages, qui semblent tout droit sortis d'un guide des stéréotypes. Le directeur artistique de la maison de couture est une caricature d'élitisme déconnecté. Son arrogance, son ton condescendant et son incapacité à comprendre le monde moderne en font une figure non seulement peu crédible, mais profondément irritante. Sa sœur, ancienne mannequin, n'est guère mieux : son obsession pour son poids, matérialisée par des centaines de carnets où elle consigne ses mesures, relève plus de la caricature grotesque que de la complexité psychologique.
Ajoutez à cela une rivale professionnelle, digne d'un méchant de dessin animé, et une "nouvelle venue" propulsée au sommet malgré ses créations déconcertantes (des chiffons qui évoquent littéralement des ordures). Ce dernier personnage incarne à lui seul le ridicule du scénario : aucune progression logique, aucun effort pour rendre son ascension crédible. Ce qui plombe davantage La Maison, c'est son écriture. Les dialogues sont plats, convenus et truffés de clichés qui feraient rougir même les amateurs de soap opéras des années 80. Certains échanges m'ont fait grimacer d'embarras, tant ils manquent de naturel et d'esprit. Les personnages débitent leurs répliques à une cadence effrénée, comme s'il fallait remplir le silence à tout prix, mais ce déluge verbal ne fait qu'aggraver leur superficialité.
Mention spéciale au franglais omniprésent dans la série. Ce mélange maladroit d'anglais et de français se veut chic et cosmopolite, mais tombe totalement à plat. Au lieu d'ajouter une touche d'authenticité, il ne fait qu'accentuer l'artificialité déjà criante des dialogues. Si certains acteurs parviennent à tirer leur épingle du jeu - Carole Bouquet en tête, avec une interprétation caustique qui apporte un peu de lumière à ce chaos - la majorité des performances laisse franchement à désirer. Lambert Wilson, bien que crédible dans son rôle, ne suffit pas à sauver l'ensemble. Quant aux autres membres du casting, ils semblent eux-mêmes dépassés par les platitudes qu'ils sont contraints de débiter. Le manque d'alchimie entre les personnages accentue encore leur absence de profondeur. Visuellement, La Maison ne parvient même pas à offrir le luxe et le raffinement que l'on pourrait attendre d'une série centrée sur la haute couture.
Les costumes, supposés être l'atout majeur d'une série sur la mode, sont décevants, oscillant entre le banal et le grotesque. La réalisation est également d'une platitude alarmante : ni audace visuelle, ni soin particulier apporté aux détails. En comparaison, même les productions télévisées à petit budget parviennent souvent à être plus inventives. Si l'idée était de suivre les intrigues et luttes de pouvoir au sein d'une maison de couture, comme un Succession version mode, La Maison en est une parodie involontaire. Chaque sujet abordé - que ce soit les relations de pouvoir, la créativité artistique ou les rivalités professionnelles - est réduit à une succession de clichés appuyés. Les tentatives de suspense à la fin de chaque épisode tombent systématiquement à plat, tant elles manquent de subtilité et d'enjeu réel.
Même les moments censés être dramatiques ou émouvants suscitent plus souvent des rires involontaires que de l'émotion sincère. Cette incapacité à impliquer émotionnellement le spectateur est sans doute l'échec le plus criant de La Maison. Je ne suis pas une spectatrice particulièrement exigeante. J'apprécie les séries qui savent divertir, même avec des intrigues simples, tant qu'elles sont bien exécutées. Mais avec La Maison, tout est à revoir : le scénario, les dialogues, le jeu des acteurs, la mise en scène. Rien ne fonctionne. Ce qui aurait pu être un récit captivant sur les dessous de la mode devient une caricature de mauvais goût. Si je devais trouver un point positif, ce serait la performance de Carole Bouquet, qui, malgré le naufrage ambiant, réussit à rendre son personnage vaguement intéressant.
Mais cela ne suffit pas à compenser les heures que j'ai perdues à essayer de trouver un semblant de qualité dans cette série. La Maison avait tout pour réussir : un cadre passionnant, des acteurs de renom et un potentiel dramatique immense. Mais elle gâche toutes ces opportunités avec une écriture paresseuse, des personnages insipides et une réalisation sans éclat. Si une saison 2 devait voir le jour, il faudrait un miracle pour redresser la barre. En l'état, cette série est un immense gâchis, et je ne peux que déconseiller son visionnage.
Note : 2/10. En bref, plus la saison passe plus la maison coule.
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